11. Jen

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    Tourbillon d'étincelles, le brasier se consumait devant moi. L'horrible odeur immonde du vomi de Connor me pourrissait les narines. L'imbécile était en train de dormir, vaguement réchauffé par un plaid, la tête affalée contre le sol, Daniel à proximité. Des bouteilles gisaient autour d'eux. Erza de son côté s'était étrangement (ironie) rapprochée de Dan pendant la nuit.

    Personnellement, je ne pouvais pas dormir. Malgré les efforts d'Erza, Connor et Dan pour que je passe à côté de la mort d'Alissa, sa pensée me grignotait mes nuits. Je comptais sommairement le temps qu'on passait tous ensembles pour me donner une idée du temps qui passait, et une chose était sûre, les nuits que j'avais passées à dormir étaient plus que rare. Ses cheveux, son rire, son soutient, ses imbécillités me manquaient. Parfois au milieu de la journée, je me retournais d'un côté, naturellement, pour lancer une blague. Je ne savais pas pourquoi j'espérais la retrouver à côté de moi, mais en tout cas, ces moments me brisaient le cœur.

   Je regardais le brasier se consumer, perdue dans ma tête, quand un bruit de frottement se répandit dans le silence de la nuit. Je me momifiai instantanément. Bien que nous nous soyons installés dans un endroit qui nous dissimulait, j'éteignis instinctivement le feu de ma botte. Le bruit continuait de résonner. Enfin décidée à aller voir de quoi il s'agissait, je me levai. Je me rapprochai doucement de la source. Arrivée au bout du pavé de maisons après avoir traversé l'étendue de boue dans laquelle nous étions, je réalisai qu'un tintement métallique accompagnait le frottement. Je commençais à réellement avoir un doute sur ce qui se passait dans la rue. Un bruit de verre éclata. Puis un hurlement rauque retentit :

   — Hééééééééééé Loïc regarde-moi ça !

    Un humain ! Vivant ! Il y avait donc quelqu'un d'autre que nous qui existait ! Quand je jettai un oeil au brailleur, je me figeais. Des pilleurs. L'un portait une matraque dans sa main, l'autre tenait des fusils, se rapprochant . Leurs têtes ne me disaient rien qui vaillent. Ils rigolaient méchamment en se montrant des bijoux hors de prix en rigolant. Les bijoux cliquaient à la lumière de la lune.

Bon Dieu, qu'ils fassent moins de bruit... ils vont rameuter tous les zombies du coin...

    J'avais surtout peur qu'ils ne soient pas seuls. On ne sait et ne saura jamais précisément de quoi ces gens étaient capable. Il y avait une grosse différence entre leur pillage, et le notre, au supermarché. Ils étaient juste tellement heureux de casser et piller que c'en était terrifiant. Plus ils caquetaient en rigolant vulgairement, plus la peur me tordait le ventre. Une dernière chose acheva mon observation.

     Ils traînaient un cadavre.

     Je retournai le plus vite et le plus silencieusement près de Dan et des autres qui malgré le bruit ne s'étaient pas réveillés (et vu les bouteilles de Jack's Daniel...), attendant anxieusement leur départ. Nous étions bien cachés, partir dans la nuit aurait été trop dangereux. Nous avions besoin de sommeil. Je ne réveillai personne. Les bruits de vitres cassées ne cessèrent qu'au bout d'une heure au moins. C'est un bruit de moteur qui me rassura et me permit enfin de dormir.


~*~


     — Maaaiiis bien sûr, ronchonnais-je, les yeux levés au ciel, et tout le monde est à tes pieds !

     — Bah oui, répliqua Dan, c'est évident que je mérite le respect !

     — Eh bien merci, ô grand Daniel Kay, pour ton aide ô combien importante.

   Erza ricanna.

ImpactOù les histoires vivent. Découvrez maintenant