22. Laboratoire 12

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Mon cher Renard,

Encore une lettre que tu ne verras que dans trois mois. Pourquoi est-ce qu'il a fallut que vous soyez partis à ce moment là ?

Voilà ce qu'il se passe : je me suis rapprochée d’Andrew Aldawn. Hier on est sortis tous les deux. C'est pas vrai, je ne me reconnais pas ! Je me sens euphorique alors que je ne devrais pas ! Pourquoi je ressens cette joie, cette chaleur dans ma gorge alors que je pleurais Hiam il y a quelques semaines ? Est-ce que je perds la raison ? Et toi qui es si loin et qui ne peux pas me répondre… Je dois vraiment devenir folle.

Tous les deux on a discuté si longtemps que la nuit était tombée quand nous sommes rentrés au château. Nous nous sommes promenés dans le parc, mais Andrew trouvait qu'il y avait trop de monde alors nous sommes descendus plus bas (le château est perché sur une falaise le parc est immense et très dégagé mais si on descend sur les flancs de cette falaise, on est accueilli par une forêt foisonnante). Amely ! Il est vraiment plus que pas mal.

On a discuté si longtemps qu'on a atteint une partie de la forêt qu'il ne connaissait pas. Il y avait une ouverture sur la mer. Une toute petite crique, à peine assez de sable pour dessiner un plan. Et sur le côté, un creux dans la roche assez profond pour que l'on s'y hisse tous les deux.

Je n'arrive pas à croire que je puisse écrire ça mais c'était parfait.

Quand il a commencé à faire plus froid nous sommes remontés mais la nuit est tombée sur nous avant que nous soyons sortis de la forêt. Heureusement comme il la connaît par cœur il m’a guidé jusqu'au château. Il m'a accompagné jusqu'à ma chambre. Rien que de m'en souvenir il y a cette joie ridicule qui me noue la gorge.

Bon sang il faut que je change de sujet, je deviens mièvre. Peux-tu y croire ? Moi non plus.

Bonne nouvelle, mais que je ne peux me permettre de détailler dans cette lettre, j'ai un suspect. J'ai rejoint Tony et Glad avant hier soir et ils vont avoir encore plus besoin de moi : je ne le lâcherait pas des yeux.

C'est fou. Je croyais que j'aurai du mal à me concentrer sur la mission à cause de Hiam mais ce n'est pas ça.

J'ai tellement honte d'être si joyeuse.

S'il te plaît, ne me juge pas trop sévèrement en lisant cette lettre, ça me passera sans doute assez vite.

Je pense à vous.

Liberty.

°°°°

Je regarde le profil de Louis tandis que les rues défilent derrière la vitre fumée de la voiture. Il ne dit pas un mot et je m’interroge : est-ce possible qu'il soit si sérieux quand son frère jumeaux est à ce point… exubérant ? Oui. Bien sûr, sinon comment Assam pourrait être aussi humain quand moi je suis si froide.

Notre race ne fait pas beaucoup d’enfants, la plupart d'ailleurs sont des accidents, parce que l’amour est beaucoup trop compliqué pour nous. Comme nous ne sommes pas excessivement nombreux à l’origine, aujourd'hui nous sommes à peine 2 milliards, “la nature fait bien les choses” et les naissances gémellaires sont très nombreuses.

Pour autant cela ne signifie pas que les jumeaux doivent se ressembler. J'en ai bien plusieurs preuves.

La grosse voiture noire se gare bientôt dans une rue proche de la Grande Place. Cette étendue blanche qui luit au soleil… Cet endroit est toujours aussi fascinant. La ville vieillie autour forme un amas de pierres grises et orangées et au centre cet immensité immaculée qui semble avoir été construite hier, comme si aucune semelle ne l'avait foulée. Pourtant un nombre incalculable de Ratés se croisent ici. Une majorité de Bleus cependant puisque la Grande Maison et sa façade de flammes de saphirs aveuglantes se dresse au dessus de la place.

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