19. Oiseau

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Amely,

Comme je suis partagée par votre mission ! D'un côté cette perspective me réjouit pour vous et de l'autre je suis bien déçue que vous ne puissiez pas lire la tonne de lettres que je compte vous envoyer.

Enfin, l'important c'est que cette mission vous change d'air, cela vous fera du bien.

En ce qui me concerne, je dois l'avouer, ma mission à moi me fait le plus grand bien. Mais je sens en moi tellement de sentiments.

Certains jours il y a cette immense tristesse qui me paralyse. Je ne peux plus rien faire. Je me réveille dans mon immense lit à baldaquins, et certains matins je n'y arrive pas. Je visualise les visages aimants que j'ai laissé sur le continent en pensant me donner de la force mais à chaque fois, une fois que les visages des Enragés sont passés il en reste un. Je le vois qui me sourit. Je vois Hiam qui me sourit comme s'il allait revenir. J'ai tellement mal quand je réalise qu'il n'est plus là et que jours après jours son image s'efface peu à peu. Il me manque tant… Vous me manquez aussi, mais comme pourraient me manquer une chose douce et joyeuse qu'on est assuré de retrouver bientôt. Alors que le manque que je ressens en pensant à lui ressemble à un incendie ravageur qui me dévore de l'intérieur et qu'il est impossible d'éteindre. Je sens comme un trou immense de ma gorge à mon cœur, une souffrance immense et si forte que parfois j'ai l'impression que le sang qui en coule tâche vraiment mes vêtements.

Je me souviens encore. J'étais toute petite quand je l'ai vu la première fois, je n'ai pas souvent raconté l'histoire: c'était toujours lui qui le faisait. J'avais été aperçue en train de voler des fruits et on m'avait pris en chasse, il est apparu et m'a emmené dans une ruelle dans laquelle les poursuivants ne nous ont pas vu tourner. Il m'a sauvé bien des fois. Il m'a élevé, il m'a tout appris. C'était mon seul parent. Et voilà que je ne l'ai plus.

Combien de temps je pourrais encore me lamenter et pleurer sur cette lettre ?

Mais penser à lui me rappelle ses mots “Sois forte car personne ne le sera pour toi.”

“Reste digne, efface ces larmes et prends les armes.” Et bien d'autres encore, tu le connaissait…

Alors il faut que je lui fasse honneur en menant à bien cette mission. D'ailleurs j'avance plutôt bien. Glad et Tony ont pu commencer leur boulot grâce à mes informations.

Ne t'inquiète pas pour moi Lyly, il y a ces matins où rien ne va bien mais il y a aussi tous ceux où ça va. Je m'amuse dans ce palais grâce à Aïden.

J'ai suivit ton conseil : puisque Andrew me plaît je lui ai parlé. Bon… Je lui ai dis quelques mots lors d'un repas, mais c'est déjà ça. Il en paraissait content et selon Aïden, son frère, je lui plait.

Est-ce que c'est une bonne chose ? Je n'arrive pas à savoir si il est vraiment bien que je pense à tout cela en même temps que de faire mon deuil…

Malheureusement au moment où je t'écris tu es partie en mission et ne peux pas me répondre. C'est embêtant. Mais je m'en sortirais !

J’espère que tout c'est bien passé (je peux me permettre dire ça puisque quand tu liras ceci ta mission sera terminée).

Avec tout mon amour que vous savez acquis,

Votre Liberty.

°°°°

Le Grand marque une pause avant de continuer. Il fixe mon épaule qui arbore une brûlure en forme de papillon. Il a les yeux grave.

Il marmone :

– Je m'étais pourtant préparé à cette éventualité. Je m'y prépare toujours lorsqu’un Aldawn est impliqué.

– Qu’avez vous pour mes cauchemars ?

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