XII. Mer

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Cher Connor,
Nous sommes arrivés hier. Je me suis empressée d'aller acheter du papier pour t'écrire. J'ai envoyé la lettre d'Amely avant la tienne, c'est normal si elle l'a en premier... Maintenant que j'ai écris ça je me rends compte que ça ne sers à rien de te prévenir puisque justement tu auras cette lettre après. Enfin ! Tu dois attendre le moment où je te dis que je ne tiens plus debout, que je pleure sans cesse et que ce monde est horrible sans lui.
Mais ça n'arrivera pas, premièrement parce que ce monde est horrible avec ou sans lui,  deuxièmement parce que je ne me laisse pas abattre. Il m'a tout appris, tout donné, je dois lui faire honneur en étant forte. Et je le serai, vraiment, même si c'est dur.
Ne nous attardons pas. Glad, Tony et moi sommes quelque-part dans la campagne aldownienne. C'est un gentil fermier qui a accepté de nous emmener jusque chez le gouverneur. Par soucis de discrétion nous sommes amarrés à l'autre bout de l'île. Hier nous avions marchés, aujourd'hui on est transportés  avec des ballots de paille. Ça me laisse donc le temps de t'écrire, bien que mon écriture tremblote avec les secousses.
Nous allons donc être hébergés chez Anton Aldawn le gouverneur. Il a deux fils : Andrew et Aiden, et sa femme, A'Belle a disparu il y a 80 ans (d'Erreur). Tu vois ? J'ai fais des recherches et je m'investis dans ma mission.
C'est la meilleure façon pour moi de lui faire honneur. Je suis forte Con'.
Je vous aime plus que tout, pensez bien à moi qui pense tant à vous.
Tendrement,
Liberty
N.N.
P.S. : vous pouvez répondre à l'adresse du gouverneur : Sand doit l'avoir

°°°°
Vous vous en doutez. C'est ce matin que je pars. Un jour je dirais cette phrase et elle aura un sens bien plus dramatique qu'aujourd'hui, puisque aujourd'hui je vais seulement à la mer.
La mer, je l'ai vue pour la première fois quand mes parents nous on emmené à Earl un après-midi. C'est une ville côtière, à l'ouest de la Grande Capitale. Je ne sais plus pourquoi on s'y rendait. Mais j'avais adoré. Je l'ai revue après quand nous sommes allés à Aldawn. Trois fois : une pour voir l'île, une pour la mort de mon grand-père et une pour voir mon oncle.
Chaque fois c'était grandiose. Cette mer sans nom porte les dizaines d'îles sur lesquelles nous vivons, on appelle les trois plus grandes des continents mais ce sont juste de grandes îles.
J'ai préparé les quelques affaires dont j'ai besoin (pansements, couteau, eau, vêtements, nourriture...) et je suis habillée d'un débardeur noir moulant et d'un jean, un peu déchiré parce que trop vieux mais que je garde quand même : ça fait cool.
Ce matin donc, je pars à la guerre. Enfin, je pars petit-déjeuner. Mais ça reviens au même. Il me faut affronter mon frère et Astley.

°°°°
– Je pars.
Ma première phrase.
– Finis au moins ton bol. Attends... Tu pars où ?
Courage Astryd.
– À la mer. Avec des amis.
– Genre t'as des amis ?
Astley rigole de bon coeur à la "blague" d'Assam.
– Ouais, quand vous êtes insupportables, je me fais des amis.
– C'est ce que je dis, t'as pas d'amis.
Ils rient.
– Je suis à deux doigts de me rouler par terre de rire les garçons. Je pars c'est tout, et pour une fois je préviens. Je pars deux jours.
– Deux jours ?
Assam ne rigole plus.
– Astryd tu pars pas deux jours avec des gens que je connais pas.
– Je me trouve assez grande pour gérer ce genre de choses.
Je sors en claquant la porte. Pourquoi ce n'est jamais simple ? Parfois il me semble que mon jumeaux est à l'intérieur de ma tête tellement il me comprends bien et d'autres fois il me semble à une ou deux galaxies de moi.
Je vais quand même embrasser ma petite soeur et je sors de la maison, mon sac sur le dos.
D'un coup une main chaude se pose sur mon bras et je sursaute.
– Tu ne pensais pas partir sans me dire au revoir ? Murmure sa voix.
Je me retourne et Astley me serre contre lui si fort que j'ai la tête qui tourne.
– Tu sais je vais revenir...
– J'avais juste besoin de te serrer dans mes bras. Amuse toi Astryd. Tu en as besoin.
Et il s'en va. Il est un peu loin, si je le voulais je pourrais le rejoindre en quelques pas. Le serrer fort à mon tour. Mais là, il est l'heure de retrouver Volovent.
Et c'est ce que je vais faire même si voir Astley s'éloigner me laisse une sentation désagréable de vide.

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