VI. L'Immense

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Ses bras me serraient plus fort. 

- Tu es sûre ? 

- Assam, ça fais quinze fois que je te le répète : oui, c'était bien une affiche rouge. L'annonce de l'Immense. 

- En même temps on devait s'y attendre. 

- C'est vrai. 

Je soufflais en essayant de prendre ma respiration. 

- Assam tu m'étouffe là, dis-je en rigolant. 

- Oh pardon. 

°°°° 

Le salon était spacieux. Très spacieux. Blanc, murs blancs, parquet en bois clair et meubles du même bois. Seuls intrus, les deux fauteuils et ce canapé, tout de velours rouge. La pièce est propre, presque trop puisque cela en devient oppressant. Sur le dessus de la grande cheminée, quelques objets décoratifs sont disposés, parfaitement alignés avec un intervalle régulier. Mon salon ressemble à un salon que l'on expose dans les magazines pour des boutiques de meubles. À un détail près, et c'est ce que j'aime le plus, c'est ce qui casse le côté impersonnel de la pièce, sur un des meubles en bois clair, sur la deuxième étagère est posé un vase. Je rectifie, les ruines d'un vase. C'était un vase blanc et bleu que j'avais offert à ma mère. Deux mois plus tard en me battant avec mon frère j'avais mis un coup dedans. Et depuis personne n'y a touché. Je ne saurais dire pourquoi... Mais j'aime ce vase à moitié brisé, la partie gauche de l'objet se tient fièrement debout tandis que la droite est réduite en petits morceaux autour. Voir Assam passer avec application le plumeau sur les débris en soulevant la poussière sans bouger aucun des éclats m'amuse beaucoup. 

À ce détail près, à cet objet brisé près, la pièce est triste et je n'aime pas le salon. Je n'aime d'ailleurs aucune pièce de cette maison. Elle est grande, blanche et oppressante. Assam et moi avons décidé de ne garder aucune décoration personnelle, aucune photo, rien qui ne puisse éveiller des souvenirs. C'est un bon choix, de toute façon souvenirs ou pas je ne m'y sens pas à ma place. 

Je suis là, toute petite sur ce canapé qui pouvait autrefois accueillir une famille. Mon chagrin et ma peur sont partis ne laissant qu'un vide protecteur. Je m'efforce de ne penser à rien. Je remarque alors qu'Astley, assit dans un des fauteuils, me regarde les sourcils froncés. Je lui sourit et il semble s'apaiser. Personne ne dit un mot pendant un temps que je n'arrive pas à déterminer mais qui me paraît long. Puis tout en regardant Astley, Assam dit : 

- Astryd, je sais ce qu'il te faut ! 

°°°° 

Astley me sourit, narquois. 

- Je te rappelle gamine, que celui qui s'est entraîné ces dernières semaines c'est moi. 

- Depuis quand te permet-tu de m'appeler comme ça petit frère

Il me fait un clin d'œil avant de foncer sur moi. Je suis prête, ça m'a vraiment manqué ces derniers temps. Son poing fuse en direction de mon estomac mais en un geste je m'éclipse et sa trajectoire se finit dans le mur tandis que je suis derrière lui. Et quand il se retourne je lui assène un coup violent contre le crâne qui l'envoie trois mètres plus loin. Il souffle bruyamment et sans pitié je l'attrape part le col. Le rusé profite de l'élan que j'ai mis dans mon geste pour le retourner à son avantage et me fais tomber sur lui. Je sens sa respiration saccadée et je le regarde dans les yeux. Il rougit. Mais il se reprend bien vite et nous fais rouler, il est désormais au-dessus de moi. Je souris. Je me repose, je sais que j'aurais le dessus de toute façon. Ses mains hésitantes se placent sur mon cou et je sens que ma respiration devient plus difficile. Alors je me relève comme je peux mais le plus vite possible ainsi, il est pris au dépourvu. Il me lâche et chancelle en se mettant debout. Je suis plus rapide et debout avant lui. Je l'attrape part le col de sa chemise blanche, mes ongles griffent le tissu. Je me soulève, il est exténué. Aussi il ne tente rien. 

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