Cette boîte métallique tourne dans ma tête. Pas littéralement bien sûr. Mais ça reste douloureux.
Comme je suis à la moitié du mois qui m'est accordé, mon premier rapport aux Enragés doit se tenir ce soir, au QG.
Je suis sorti de mon tout petit appartement, carnet dans la poche, plutôt inquiet. Je sais qu'il ne me reste plus beaucoup de temps, je n'ai qu'un vague indice, une piste floue quant on me demande un nom. Quelque chose de terriblement précis. J'ai bien peur de ne pas être à la hauteur de la mission.
Sur le pas de la porte je m'étire. J'ai passé la nuit dernière, à préparer mon rapport de ce soir. Mais avant tout, je dois aller travailler.
Je descend les étages en sautant sur les marches. Je sais que cela va réveiller tout l'immeuble mais c'est exactement le but. Disons que Georges et moi sommes du même avis quand à la population de ce bâtiment. Pas une personne respectable ou au moins agréable. Le seul qui sourit un peu c'est le concierge, Georges Gigi, qui selon ses dires, se sens bien seul quand je ne vis pas là. Pourtant je suis sociable, vraiment, et j'ai essayé, vraiment, mais rien à faire. À croire que les personnes les plus désagréables de la Grande Capitale se sont passés le mot pour vivre ici.
Je suis arrivé devant la loge du concierge. Je sonne tout en répétant mon texte de ce soir dans ma petite tête.
Le gros bonhomme vient m'ouvrir. Peu d’Archanges sont gros. Ceux qui le sont, le sont avec élégance. C'est le cas de Georges. Ses mains potelées zigzaguent au dessus de sa tête ronde pour annoncer le mouvement de son corps. Il se penche dans une révérence. Je me courbe à mon tour. Courbettes et salamalecs, ce pourrait être l’adage de ce gras et sympathique gentilhomme. Il porte un costume bleu nuit, un peu recousu sous le coude droit, qui lui sied à merveille.
– Je n'entre pas, pardonne-moi, je suis attendu à une heure bien définie.
– J'en suis bien désolé garçon.
Les gens d'ici sont désagréables. Avec moi comme avec lui. Moi parce que je suis un vagabond, un élément libre et volage. Lui parce qu'il est dans son monde, prince d'un petit royaume auquel personne n'a accès. Georges a construit une principauté, dans sa petite loge de concierge et il y vit comme un roi. Il sert l'eau du robinet dans de beaux verres dorés et ouvre ses conserves le petit doigt levé. Drôle de personnage.
Pourquoi je vous parle de lui ? Pourquoi cette description apparemment inutile au bon déroulement de ma tâche ? Parce que chaque minute est analysée pendant le temps d'une mission. Ainsi je décris, je repère et réfléchi pour toujours enrichir mon rapport de ce soir. (Je vous avait averti que j'étais consciencieux il me semble.)
On discute un peu puis je lui indique que je dois y aller. Je sors. Les rues le matin sont semblables aux rues du soir. Dans l'aube, les couleurs des volets ne sont pas elles même. Les fleurs sont fermées et les chimères miaulent. L'une d'elles, rouge, de rapproche de moi et demande une caresse. Je crois que sur Terre il existe de toute petites chimères, aux petites griffes, moins affectueuses que les nôtres mais moins dangereuses. J'en ai vu des images : des chats. La chimère, ce doit être un bébé, m'arrive juste en dessous du genoux, elle miaule longuement et lui tapote la tête. Elle tire sa langue de serpent et se lèche les babines. Je reprends ma route vers la Grande Maison.
La journée avait bien démarré. Je n'avais noté que quelques regard suspects des jumeaux vers les deux placards. Malheureusement je ne savais pas si cela avait été comme ça tout le temps ou si c'était depuis que je les avais ouverts.
Enfin l'événement du jour se produisit. J'étais en pause avec Vladimir. En pause au bout du couloir principal. Il me racontait les dernières nouvelles ainsi que sa vie à lui pour laquelle il semblait n'avoir aucune pudeur. La porte qui menait sur l'escalier que j'avais emprunté avec Dona en début de semaine s'ouvrit. La femme qui se tenait derrière était petite, sèche et sans grande beauté. Des cheveux bruns coupés sous les oreilles, un tailleur violet et malgré une attitude qui disait le contraire, elle paraissait hésitante. Quand il la vit Vladimir prit un air sérieux et ce fut grâce à cela (et aux descriptions qu'il m'en avait faites, je ne suis pas non plus un génie) que je compris qui elle était. XXXXXXXXXXXXX, directrice, toute puissante (mais moins depuis leur chute), des laboratoires dé-medicaux. Elle me jette un coup d'œil, méfiante :
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Archanges
Fantasy°°•°° Je suis le fruit de la plus grande erreur qui n'ait jamais été commise. Le sang tapait contre ma tempe. La violence m'aveuglait. Je ne contrôlais plus rien. Il devait payer ! J'ai honte... Je... je... je ne sais plus... ~-~-~-~-~-~-~-~- C'...