IX. Couleurs

530 34 14
                                    

La pluie martèle mon visage. Mes cheveux mouillés se collent sur mes joues.

C'est l'adrénaline qui a pris possession de mon corps.

Je ne pense plus, je cours juste. Comme si je n'étais plus qu'un corps, mon esprit s'est enfui. Je ne sais pas si il est resté avec mes frères à la maison ou si il court devant moi. Un air de musique résonne dans ma tête. Peut être que je l'ai entendu ce matin...

L'heure... Quelle heure est-il ? Le soleil se couche, le faux ciel se colore d'orange... Est-ce que j'ai froid ? Je ne saurais vraiment le dire car mon corps entier est entouré de vent et de vitesse.

Je m'éloigne en m'enfonçant dans de petites rues. Nous habitons à la frontière entre la ville et la forêt de l'Ouest.

Mes cheveux rouges volent avec violence autour de mon visage.

Il fait sombre désormais et les premières ombres sortent des coins. Je sais que les mauvaises personnes sont dehors à cette heure. On me l'a souvent dis. Mais qui ici serait étonné par le fait que je m'en fiche.

Je suis calmée. Enfin je crois.

Je marche désormais sur les pavés mouillés. J'entends des voix grasses dans mon dos, des pas pressants, j'avance plus vite et bifurque dans des rues de plus en plus étroites. Je crois que je les ai semés...

Je stoppe alors et pose ma main sur un mur pour reprendre mon souffle.

Soudain, deux mains venues de l'ombre se posent sur moi. Une sur ma bouche et l'autre sur la hanche. Deux bras forts me poussent en arrière. La rue disparaît derrière une porte que l'on ferme. «Il» me lâche.

Je suis dans une petite cour intérieure et en face de moi se tient un individu.

Son visage est dans le noir, je devine seulement sa silhouette, c'est un homme, pas très vieux, avec des épaules larges.

Sa voix grave retentit.

« Qu'est ce que fout ici ?

- Je me promène cher ami, crachais-je.

- Une gamine qui se promène seule... Pas très prudent, heure et quartier pas très appropriés...

Ni une ni deux je me jette sur lui. Nos corps s'entrechoquent contre le mur glacial derrière lui.

- Laisse moi t'apprendre les choses : personne ne m'appelle gamine ni me kidnappe.

Il passe sa jambe droite derrière moi et d'un coup sec me fait fléchir les genoux. Je place violemment mon coude dans son côté gauche, il plie, j'attrape sa nuque et frappe son front contre mon épaule. Il passe ses paumes contre mon ventre et me pousse en arrière, mon dos heurte le sol pavé.

- Jeune fille, ce n'est pas toi qui va m'apprendre la vie.

Il maintient mon corps contre la pierre froide, ses mains contre mes épaules. J'attrape ses avants-bras.

- Je suis plus vieux que toi et ta fougue ne m'impressionne pas. Je suis plus fort.

Mes ongles glissent le long de ses veines bleues. Je l'ai griffé jusqu'au sang mais ils ne bronche pas. Je donne un coup de poing dans le creux de son coude. Il tombe contre moi, m'écrasant de tout son poids.

Il se relève. Et me tends la main. Bâtard. Je fronce le nez. Je me relève et nous fonçons l'un dans l'autre. Nos corps se frappent, il m'envoie m'écraser contre un mur. Il s'approche à grands pas et je me relève péniblement.

Il me bloque contre le mur, je sens son souffle haletant sur ma joue tandis qu'il murmure à mon oreille :

- Connor, enchanté Astryd Aldawn.

ArchangesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant