Paulo n'est pas dingue, il est juste un peu perché dans le ciboulot. Des fois il se regarde dans le miroir et se parle. Il se dit être normal, qu'il s'aime et qu'il est beau comme un minerai. Quand le jour se lève il va marcher dans la rue sans but précis, Paulo a une espèce de devise, c'est qu'il ne faut rien planifier. Vivre sans penser à rien c'est ce qu'il s'est promis quand il a soufflé ses soixante-dix bougies. Les gosses ont assez peur de lui, parce qu'il bavarde avec les murs parfois. Mais sa vie recommence depuis que sa femme est revenue. C'était pendant un songe qu'elle est réapparue, comme un vieux souvenir qui surgit de son esprit, Paulo était si content de pouvoir l'aimer de nouveau. Il y avait les années folles et les années insouciantes, où il était fan d'un certain David Bowie, pendant que la foule se déchaînait sous les coups des baffles, il avait rencontré Natasha. Natasha était d'une beauté peu ordinaire, c'était pas la nana idéale, mais son sourire était franc, et Paulo aurait pu jurer sur les ténèbres les plus sombres que c'était le plus bel instant qu'il n'ait jamais vécu. Alors quand il la revoit, c'est le bonheur dans ses mains ridés.
Mais notre vieux Paulo est maintenant enfermé entre quatre murs blancs. On le dit taré, cinglé, complètement détraqué, il était juste amoureux de ses visions. Amoureux de Natasha. Et elle est repartie, elle est restée dans le miroir de Paulo, lui disant qu'il est normal, qu'elle l'aime, qu'il est beau comme un minerai. Maintenant notre vieil ami fixe un de ces murs froids, en vain.
On lui a arraché le bonheur pour la énième fois, Paulo est fou, fou de tristesse.
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Stone cold (2017)
PoetryComme l'a dit Cesare Pavese : « Seul l'hiver est la saison de l'âme » Alors ces bout de pierres froides résisteront au vent vilain Recueil datant, mais fini