Saccagé.

147 23 4
                                        

C'est sombre comme le rouge d'un sang qui n'a pas coulé depuis trop longtemps. Il coule doucement entre la peau déchirée, et les coups s'accablent sur ce petit corps innocent. La violence gronde, elle gronde comme le tonnerre et les enfants cachent leurs yeux pour ne pas voir. Quand le matin se lève, les joues sont sèches mais rouges, les bras ne sont plus des boucliers mais abîmés, plein d'hématomes. Elle sourit alors à ses enfants, et eux la regardent comme s'ils avaient pris l'habitude de la voir dans cet état. Puis dans le couloir on entend des pas lourds, des pas qu'on appréhende, des pas qui nous serre le ventre, de simples pas qui ont toute notre attention étrangement, malheureusement. Et un silence prend place, il s'assoit sur une des chaises et sourit lui aussi aux enfants. Il regarde le petit corps bleuté de la femme, s'approche d'elle, l'a frappe. Jusqu'à la nuit tombée, jusqu'au ciel étoilé, ses poings cogneront contre cette peau fine et féminine. Les enfants hurleront, ils pleureront de rage, le petit garçon jettera son ours en peluche, la petite fille lancera des coussins, des poupées, des petites voitures. Leur mère sera à bout, beaucoup trop faible pour se défendre, elle accumulera les coups, crachera du sang, crachera des jurons, crachera son mépris, son corps tremblera de douleur, les larmes couleront, enfin. Et le tonnerre ne cessera de gronder dans la pièce. C'est la foudre, les nerfs sont à vif et, plus rien. Plus rien du tout. La vision des enfants est floue, leur vie est saccagée. Saccagé comme le corps de leur mère, comme l'esprit de leur père. Tout est fini, c'est la fin, et rien de beau n'arrivera après cette fin. La musique s'est coupée, leurs visages sont arrêtés, c'est la fin et mes mots ne vont plus s'aligner. 

Stone cold (2017)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant