Stone cold (2017)

Poètiquement naïf

J'ai l'âme entre mes paumes. Et elle peint des traits noirs tranchant les toiles. La lune elle, se trouve derrière les volets, inexistante. Ça fait longtemps qu'on n'y croit plus.
La vérité dans une fresque, le mensonge sur les lèvres, l'homme est naïf et la solitude nous rend aigris. J'ai peur de ne pas croire au miracle qu'une nuit je puisse toucher, à bout de souffle et fusionnant avec une farandole de fantaisie maladroite, les sauvageries d'un être affaibli. L'ivresse sociale nous ensorcèle, abrutis qu'on est, on se noie dans les fantasmes du solitaire malheureux et on boit dans nos verres vides, le désespoir et l'ennui.
L'âme est seule. Elle attend. L'aventure à minuit quand les lampions oranges réchauffe nos mains violettes. Et au creux il y a un nuage de pluie qui n'attend qu'à être retiré par le vent. Des fois, j'ai des envies de me taper le crâne, de me l'arracher. Une seule vision peut suffire et la lune ne peut rien y faire. Alors mes doigts violets essuient mes yeux secs couleur arc-en-ciel, couleur de l'espoir, couleur qui cache le noir. Noir comme ces traits lâches et massacreurs tissés sur une toile qui meurt d'envie d'être colorée.
L'âme au fond de ma paume, l'homme est naïf et je n'aime pas le rouge de l'amour disposé sur cette palette douteuse. Moi mon esprit est vagabond et la nuit il funambule à travers la beauté et la nature.
On pourrait mettre un point final à cette férocité et vivre pour de bon, rire aussi à gorge déployée. On pourrait, on pourrait même être seuls à plusieurs et parler à l'âme de son voisin, se confier à la lune. Elle nous répondrait que le solitaire est triste mais son cœur bat fort pour l'art, que son génie est le noir de ses yeux et l'arc-en-ciel n'est qu'une mascarade que peu peuvent voir et qu'il y a au fond de sa main, des pétales de roses jaunes. Mais le solitaire est avant tout l'amant du mieux aimé, celui qui vit dans le tunnel doré de la vérité et de mots alignés.