Chapitre 11 : Le destin aime jouer avec nous.

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21 juin 2010, jour 98

Dear Diary,

Je patientai. Je savais qu'il allait arriver, je savais qu'il viendrait, autrement je ne le reconnaîtrai plus. Je lui avais donné une chance en posant ce prospectus que je tenai en main dans sa boîte aux lettres. On m'y voyait moi, l'air d'entamer  une chanson, suivit de plusieurs indications : je donnais un concert aujourd'hui et je lui avais offert une place V.I.P. Je savais donc que d'une seconde à l'autre, il serait devant mes yeux, franchissant cette porte et qu'on s'enfuirait tous les deux comme nous l'avons toujours fais. S'enfuir. Je ne savais toujours pas ce qu'il me dirait en revanche je savais que lui seul était capable de me sauver.

La porte de ma loge s'ouvrit et je vis son regard à travers le miroir qui était en face de moi. Il avait ces yeux tristes, gênés mais ils avaient cette drôle de lueur qui me donnait l'impression qu'il était ravi de me voir. Il ne dit rien et se contenta de m'observer à travers mon reflet. Il s'approcha doucement de moi et une larme perla sur ma joue, brillante à cause des projecteurs de la loge. Mes yeux se fermèrent. Il était juste derrière moi. J'ouvris les yeux, me retournai doucement, de peur de faire un faux pas et lui dit :

- Je ne veux pas chanter ce soir, Nicholas...

Il fit oui de la tête, comme s'il n'avait pas besoin d'en savoir plus et  je me levai en sa compagnie. Nous traversâmes la pièce en silence, l'un à côté de l'autre, faisant attention à ne jamais nous entrechoquer. Alors que nous quittions le couloir des loges, je vis Marty, m'adresser la parole :

- Tu es enfin là ! En scène dans 5 minutes ! Dépêches-toi !

- Pas ce soir, Marty, pas ce soir, j'annule... Dis-leur que je les rembourserai... Ou je ne sais pas mets Skye à la place. Mais je ne chanterai pas ce soir Marty, j'ai beaucoup trop bossé ces derniers temps et mon contrat indiquait que je pouvais choisir mes dates, là vous me les avez imposées. Bref, pas ce soir... Tu diras que c'est un caprice de star. Prends-le comme tu veux, moi je me barre... Tu viens Nicholas ?

Nicholas ne répondit pas ainsi que Marty qui était bouche-bée et l'expression  "être sur le cul" lui convenait parfaitement à cet instant. Je quittai les lieux, sous les yeux intrigués et énervés de mon manager qui cependant se tût après m'avoir vu près de Nicholas. Doucement, nous arrivâmes dehors. Je sentis enfin l'air frais de cette soirée de juin me glisser sur les oreilles. Il ne faisait pas si chaud et pourtant pas si froid. C'était le silence complet, alors que nous étions à New-York. C'était à ne plus rien y comprendre. Et après tout, quelle étaient les choses ayant un sens ? Nous continuâmes de marcher plusieurs minutes. Marcher n'avait jamais été mon plus gros problème et le faire durant une dizaine de kilomètres, en talons de 11 centimètres, ne me faisait pas plus mal que ça. En fait, je devais avoir du sang New-Yorkais dans la peau, ce qui devait aussi être le cas de Nicholas qui ne disait rien. Nous n'avions pas marchés autant, mais nous débouchâmes dans l'une des rues de Manhattan. Je ne fis attention à rien et m'assit sur les marches d'escaliers d'un immeuble aux côtés de Nicholas. Plusieurs minutes passèrent avant que je ne décroche un mot :

- Alors ?

Il sembla enfin sortir de ses songes et il m'observa plusieurs secondes puis reposa sa tête vers le sol, pour finir sur la nuit. Aucunes étoiles, je n'y étais pas habituée.

- Je crois que je te dois des excuses... Lâcha t-il.

 J'observai mes chaussures puis celles de Nicholas, des converses noires et blanches aussi neuves que si elles venaient de sortir de la fabrication.

- Ah oui ? Demandais-je.

Il contempla les marches des escaliers, de la pierre ? Du béton ? Ni lui, ni moi ne le savions, s'en soucions-nous vraiment ?

- Pour la dernière fois... J'aurais pas du te laisser partir.

Devant moi, sur l'autre trotoir une femme buvait une bouteille de vodka en compagnie de ce qui semblait être sa petite amie.

- Hmm...

Nick les observa quelques secondes puis tourna les yeux vers mes mains qui tremblaient depuis que j'étais sortie.

- Je sais toujours pas comment réagir... Je sais que je ne suis qu'un idiot, commença t-il avant que je ne le coupe.

- Hmm... Tu es un idiot, mais je le suis moi aussi... Je pensais qu'en venant te le dire tout se réglerait. Mais non, car il est toujours là.

- Alors on forme une belle paire d'idiots, c'est ça ? Me demanda t-il.

- Y a pas mieux à dire...

Nouveau silence, nous levâmes les yeux vers le ciel obscur qui ne laissait pas entrevoir ses vices, ses beautés, ce qu'il cachait, un peu comme notre avenir : flou, obscur et invisible.

- T... Tu es vraiment... ? Tenta t-il de me demander en bredouillant.

- Oui, je suis vraiment enceinte. Répondis-je simplement.

- Ah bon...

Nouveau regard vers les deux jeunes femmes qui se débattaient pour réussir à s'embrasser et non à se jeter sur leur fronts.

- Et de combien de temps ?

- Trois mois, cuchottais-je.

- Ah bon... Et je suis vraiment le.. le... le père ? S'informa t-il

 - Oui, toi et toi seul, Nicholas, personne d'autre, autant que je suis la mère de cet enfant.

Cette fois nous nous regardâmes dans les yeux, je voyais qu'il était perdu tout autant que je l'étais.

- Qu... Qu'est ce qu'on va faire Destiny ?

- Toi, tu vas continuer ta vie de rockstar tandis que moi, je vais partir quelque part où personne ne pourra jamais me trouver. J'ai toujours rêvé d'aller au Japon, lui répondis-je en plongeant mes yeux droits devant moi.

- Pas sans moi, déclara t-il d'une voix que je ne connaissais pas.

- T'as pas eu assez avec une seule japonaise, il faut que tu re mettes ça ! Râlai-je agacée.

- Il vaut mieux trop que pas assez ! Mais tu sais très bien que ce n'est pas de japonaise que je voulais parler mais de toi.

- De moi ? Qu'est ce que j'ai à voir là-dedans ? M'enquis-je.

- On s'est foutu dans cette merde tous les deux, on s'en sortira tous les deux. Je veux pas être de ces mecs qui foutent une fille enceinte et qui se barrent juste après, souffla t-il d'un air beaucoup plus sérieux que d'habitude.

- Tu devrais pas te soucier de ça, tu as une famille, des amis, des fans, un groupe, une merveilleuse vie derrière-toi, ne la gâche pas pour mes conneries Nicholas, ce serait bête de me suivre là-dedans, lui expliquai-je alors que mes larmes continuaient de tomber, depuis qu'elles avaient repris au début de notre conversation.

- J'en ai rien à foutre de tout ça ! Je te laisserais pas toute seule dans la merde. Et puis, toi aussi tu as tout ça, tu devrais pas morfler et souffrir pour deux, ce n'est pas ton rôle Destiny. Tu es une personne, tu as le droit d'être aidée et soutenue, défendit t-il ses propos.

- Et... Et si j'acceptais ? Que faudrait-il que nous fassions en premier ? Demandai-je.

- Je crois que nous devrions en parler à nos parents, au moins aux miens si tu redoutes ton père. Mais c'est notre toute première étape.

Dans la pénombre, j'hochai la tête, mais malgré tout cet environnement sombre, j'étais sûre d'une chose : il savait que j'étais d'accord.

Nine MonthsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant