Epilogue : Jusqu'à la fin.

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29 Novembre 2010, jour 264,  

"Les mères n'ont pas de rang, pas de place. Elles naissent en même temps que leurs enfants." - Christian Bobin

Ce fut comme quitter un univers une nouvelle fois. Ce fut comme perdre ses traces quelque part, ce fut comme s'arrêter de vivre, puis sentir son coeur repartir de la manière la plus rapide possible. Ce fut comme se faire vider de tout ses problèmes, ce fut comme repartir à zéro. Ce fut comme être une nouvelle personne, quelqu'un de tellement différent qu'elle frôlait à peine mes anciennes caractéristiques. Ce fut comme perdre notion du temps et ne point m'en soucier car cela n'importait peu. Ce fut moi, ce jour-là, lorsque mon esprit décida de quitter la phase comateuse.

Doucement, petit à petit, mon esprit changea de monde, passant de l'imaginaire, de l'incontrôlable, de l'impossible, à la dure réalité. Du moins, c'était ce que je pensai avant ce jour-ci, en fait, cela ne l'était plus, je ne trouvais plus ça aussi agaçant qu'avant. Je m'étais débarrassée d'un lourd poids, mes pensées étant vides et libres, j'étais prête à affronter tout ce que je n'avais pas eu le courage d'affronter avant.

Mes yeux s'ouvrirent avec difficulté et je ne tardai pas à m'apercevoir que je n'étais pas où j'étais censée être. Je connaissais cette pièce comme ma poche, pour y avoir passé quelques jours, cependant, je ne devais pas être là. Difficilement, en puisant dans ma mémoire, je me souvins. Instinctivement, je portai la main droite à mon coeur, tout semblait parfaitement normal. Comme si, quelques heures plus tôt, ou quelques jours plus tôt -je ne savais pas encore à ce moment-là-, je ne m'étais pas enfoncée un couteau de cuisine à ce niveau là. D'ailleurs, que faisais-je ici ? Ne devais-je pas être quelque part d'autre ? A croupir en enfer pour avoir tenté le suicide ? Pour quelle raison Dieu m'avait-il laissé la vie sauve ? Pour quelles raisons étais-je encore là ?

Plongeant mes yeux sur la vaste salle blanche et si terne, je remarquai qu'elle était vide, j'étais la seule personne à y être installée. Décidant de visiter les lieux une nouvelle fois, je me levai avec embarras, mes bras étaient faibles, comme si l'on pouvait y voir à travers, comme si ils n'étaient rien. Après plusieurs essais, je marchai et découvris qu'un fauteuil roulant m'attendait, prêt à être utilisé pour l'une de ses premières fois, vu son état flambant neuf. Roulant jusqu'à la porte que j'ouvris ensuite, je m'élançai dans les couloirs, comme hypnotisée, comme si je savais parfaitement où je devais me rendre. Rasant la pulsion et l'intuition, je vis des tonnes d'infirmiers et médecins passer à mes côtés, sans sembler se préoccuper ni de moi, ni de mon état, jusqu'à ce que je tombe sur une pièce encadrée par des vitres. Une pièce où trônaient, allongés dans d'étranges lits, une tonne de bébés. Mon attention se porta à l'un d'entre eux, l'un où dormait un bébé, une adorable poupée qui avait quelques cheveux bouclés. Elle était vêtue d'un petit pyjama rose, d'une paire de chaussettes blanches et d'un bonnet assortit à sa tenue. Elle était enroulée dans une épaisse couverture où elle semblait se sentir à son aise.

- C'est impressionnant, n'est-ce pas ? M'interrompit une voix que je ne connaissais pas.

 Je levai les yeux vers le destinataire de cette voix, une femme qui avait environ 10 ans de plus que moi, elle avait l'air heureuse et semblait aussi émerveillée que moi à l'idée de voir ces nouveaux-nés. A la différence de moi, son regard n'était pas fixé sur un seul enfant, mais sur tous et lorsqu'elle passait d'un geste habituel sa main dans ses cheveux, elle portait son regard vers un autre bambin.

- Très, c'est comme voir la vie autrement, se dire que ces toutes petites choses viennent à peine de naître et qu'elles ont étés couvées durant 9 mois en une seule personne, c'est magnifique, murmurai-je en reposant mes yeux sur l'objet de mon attirance.

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