100% Photographe - TOME 1

36. Laisse-moi rire !

[Résumé : chamaillerie entre Cade et Dakota.]

Dakota.

Je continue ma vie. Ma simple vie de photographe. J'aime bien notre complicité avec Cade. Je marche tranquillement dans la rue, les mains dans les poches de mon short. Il commence à fait tard, mai je n'ai pas envie de rentrer. Je n'ai pas envie de voir Destiny. Je n'ai pas envie qu'elle me sermonne sur Cade comme quoi elle "m'aurait prévenue".

Je longe les rues à la recherche d'une distraction. L'envie d'entrer dans un bar me prends, mais je ne peux pas. Je ne tiendrais pas longtemps seule, avec tout cet alcool et les pervers qui rodent à la recherche de victimes. Inconsciemment, je m'arrête face à un bar. Je regarde à travers la vitre. À l'intérieur, tout semble calme. Il n'y a pas beaucoup de monde.

Je plis mes yeux en voyant une silhouette familière. Mon cerveau met plusieurs longues minutes avant de réagir. Est-il possible que... Non, c'est trop bizarre... Et puis que ferait-elle ici ? Je veux en avoir le coeur net. C'est d'un pas hésitant que j'entre dans le bar. Je lorgne les tables avec des chaises renversées jusqu'à l'atteindre. Je m'assois sur le tabouret à côté d'elle.

Soit je suis en train de dérailler, soit c'est vraiment elle ou soit c'est son sosie. Bordel de... Elle lui ressemble énormément !

— Un autre verre, dit-elle d'une voix rauque qui ne lui ressemble pas.

Je la fixe. Toute sa finesse semble avoir été mise de côté. Elle est vêtue d'une robe rouge qui aurait été bien plus belle si elle était mise correctement. Le bas de sa robe est un peu arraché. Une bretelle pend sur son bras. Sa robe est salit. Ses cheveux sont attachés en un chignon désordonné. Si son maquillage est impeccable, comme toujours, sa mine en est pas moins affreuse.

Le barman lui sert un autre verre. Ne voit-il pas dans qu'elle état elle est ? Il lui empire ! Elle ne semble pas m'avoir aperçu. J'hésite. La voir comme cela me choque. Et si je l'aider... Qu'elle idée ! Elle ne ferait jamais ça pour moi, elle. Mais moi, je ne suis pas comme elle.

Alors que j'allais prendre son verre pour qu'elle arrête de boire, elle me devance ce qui me surprends.

— Tu es venue te morfondre sur ton sort ?

Elle ne me regarde pas mais je sais qu'elle me parle. En même temps, je suis la seule assise au bar avec elle.

— Non. Je t'ai aperçu alors je suis venue...

— Et qu'elle était ta véritable raison pour que tu passes devant un bar ? interroge-t-elle.

Contrairement aux apparences, elle n'est pas idiote.

— Problèmes familiaux ? tente-t-elle encore.

Elle boit d'une traite son verre et elle appelle le barman.

— Et toi, quel est ton problème ? parlé-je.

Elle ricane. Si je ne la connaissais pas, je l'aurais prise pour une folle.

— Encore un verre... commande cette dernière.

— Non, interviens-je. Deux verres d'eau, s'ils vous plaît.

Le barman, étonné, nous sert de l'eau. Elle le contemple un instant avant de finalement le boire.

— Tu as peur de devenir alcoolo ?

— C'est pas pour moi que j'ai peur. Alors, ton problème ?

— Dakota. Tu es une fille bien mais ne te mêle pas de mes histoires s'il te plaît.

— Tu as vu dans quel état tu es ? Tu veux un miroir ?

— Je m'en fous.

— Tu t'en fous vraiment ? Et si je te prends en photos pour l'envoyer aux magasines ?

— Tu n'en serais pas capable. Si tu es venue me rejoindre, c'est que t'as pitié de moi or, je n'en veux pas.

— Laisse-moi t'aider... essayé-je.

— Laisse-moi rire !

Je soupire. C'est vrai que la voir comme ça, me fais mal. J'attends. Peut-être finira-t-elle par me parler. Elle se met à table le bar en bois avec ses ongles longs. Son vernis est mal mis et des ongles sont cassés. Elle ne va définitivement pas bien.

— Des gens tiennent à toi. Tu sais quoi ? Le plus dur, c'est pas de leur dire que tu vas bien alors que tu vas mal. Non, le plus dur, c'est d'accepter leur aide quand tu en as besoin. Et à cet instant, tu en as besoin, dicté-je.

Je me lève de mon tabouret en déposant un billet. Je recule de quelques pas pour voir si elle va réagir. Je me fais trop histoires. J'ai pensé à l'aider mais elle ne veut pas d'aide.

Soudainement, j'entends des gloussements. Rigole-t-elle ou pleure-t-elle ? Elle tient sa tête entre ses mains. Je pose une main dans sa nuque et elle se retourne vers moi. Elle pleure. Ses yeux sont rougis ainsi que ses joues.

OK donc il est hors de question que je la laisse seule comme ça, quitte à y aller par la force. Je ramasse sa veste que je lui enfile, je lui enlève ses talons pour éviter qu'elle tombe et je prends son sac. Je passe un bras derrière son dos et je la force à marcher à côté de moi. Elle ne tient presque pas debout.

Je me permets de fouiller dans son portable pour connaitre son adresse sans regarder ses messages. C'est à cinq minutes d'ici. Je mémorise le trajet puis nous nous y dirigeons. Après avoir galéré à la tenir, à éviter les passants et à tenir toutes les affaires, j'ai enfin réussi. Je cherche sa clé dans son sac puis j'ouvre sa porte. Elle habite une petite maison en ville.

Je la dépose sur le canapé et je pose toutes les affaires. J'envoie un message à Destiny pour lui dire que je ne rentre pas ce soir et que je ne suis pas chez Cade. Mon regard se pose sur sa table de salon. Est-ce qu'elle se...

— Me dis pas que tu fais ça ? Tu te drogues ? gueulé-je en lui montrant la table.

Elle recommence à sangloter. Bravo Dakota ! Qu'elle idée de l'engueuler dans son état ! Je prends sa tête entre mes mains l'obligeant à me regarder. J'essuie ses larmes et je repousse ses cheveux. Elle n'a pas du en prendre beaucoup. J'aimerai appeler Cade pour qu'il m'aide mais... J'ai peur et je ne sais pas.

— Ne le dis pas ! Dakota... S'il te plaît ! Parles-en à personne, bafouille-t-elle.

— Alors, tu me laisse t'aider ?

Elle hoche la tête difficilement.

— Bien.

Je prends toute cette drogue et je la jette dans un sac poubelle que je garde à l'entrée. Ensuite, je reviens vers elle et je l'emmène dans sa salle de bain. J'ai l'impression d'être une nounou.

Je la démaquille, la douche et la coiffe. Une fois en pyjama, je la met dans son lit. Avant que je parte, elle me retiens par la main.

— Tu es la seule personne qui me propose son aide, chuchote cette dernière somnolente.

Je la laisse se reposer. Son salon est en bordel et je n'ai pas le courage de ranger.

Toute ma vie aurait été une grosse blague. Qui aurait cru qu'un jour je l'aiderait ? Elle, miss parfaite ? Je dois forcément rêver.

Je suis en train d'aider Crystal, la copine de Cade, celle qui me déteste, celle qui est toujours parfaite dans son rôle de mannequin hautain.

♦