Le réveil des Sang-dragons

Chapitre 23 : Orba.

Arrivé dans la pièce, je m'assoie dans le fauteuil et déplie une Haute Carte de Paris. La trace que j'ai laissée sur la demoiselle y est inscrite. Je vois ainsi ses trajets ainsi que ses arrêts. Je trouve ainsi le lieu de son rendez-vous. Je libère ma nature, me repose. Je mange et bois. Mes yeux cherchent parmi les rayonnages et tombent sur un parchemin gravé de runes. Le texte est bref et raconte une vieille légende viking. J'y trouve les indications voulues sur l'objet que je dois aller chercher chez les Adraconniques.

Je me plonge dans la lecture de quelques ouvrages sur la magie et tisse quelques sorts de protection autour de moi et sur mon arme. Je prends du temps pour me renforcer et somnole quelques heures. Lorsque je m'éveille, le soleil est déjà levé. Pour ce que je vais faire, j'ai besoin d'isoler la part magique qui est en moi. Je vais me couper d'une grosse partie de ma magie intrinsèque, mais de moi ne ressortira aucune magie. Je vais mettre en sommeil le dragon qui est en moi. J'y passe une partie de la journée, créant une coquille en moi, isolant ma magie. Je garde à disposition de nombreuses capacités, mais une fois ce travail terminé, je me sens comme amputé. Je prends encore du repos et me lève en même temps que le soleil.

Je sors du bureau pour reprendre la traque de ma proie, cette adraconnique que j'ai marquée il y a peu. A travers les rues de Paris, je tapote sur mon p-mail pour prendre quelques nouvelles de Raj' et de Debbie. Ils sont en vie et la Fondation se reconstruit rapidement. Ils ont recruté quelques SD de la Confrérie pour les envoyer en mission sur des sites d'anciennes magies, comme je le faisais par le passé.

Ils m'envoient sur mon p-mail un certain nombre de documents sur l'objet que je dois aller récupérer. Certains mériteraient de figurer dans la bibliothèque du bureau d'Isaac N. Le temps de mon trajet, je lis tout ce que je peux. Je vais devoir restituer à l'objet son statut mythique si je veux qu'il remplisse sa fonction lors de l'éveil de Gwenn. J'envoie quelques idées de v-game à Raj', je sais qu'il les transmettra aux développeurs. Les quêtes, les scénarios que je lui envoie sont centrés sur cet objet. Ils vont lui redonner sa valeur mythologique initiale dans l'esprit des joueurs. Pour certains, cela pourrait s'apparenter à de la manipulation. Pour moi, il s'agit de redonner à une partie de l'humanité les repères que les mythes fournissent. Ces images, ces symboles sont à la base même de la culture, de l'inconscient, des références implicites d'une société.

Je sors du métro, station Issy. Je marche quelques minutes, les sens en alerte. Je me concentre pour ne pas émettre de magie. Autour de moi se pressent nombre d'individus portant des stigmates plus ou moins prononcés de leur appartenance aux Adraconniques. Devant moi, un bâtiment austère se dresse. Tout en béton et en verre fumé, il est censé renfermer le siège de sociétés financières. L'une de ces sociétés est d'ailleurs détenue par l'Etat. A quelques mètres à peine, accolé à ce bâtiment, se tient une annexe d'un ministère. C'est un lieu pour le moins incongru pour un rendez-vous nocturne. Mais quand on y réfléchi, les noms inscrits sur les dossiers qu'elle a amenés à son rendez-vous font partie du ministère à côté de ce bâtiment. Les Adraconniques ont toujours cherché la puissance et celle de l'argent et du pouvoir en est une forme qu'ils apprécient particulièrement.

Mon regard est attiré par une voiture s'arrêtant devant le bâtiment. Orba en sort. Il est habillé en costume noir et il porte des lunettes noires. Il ressemble à une caricature de golden boy. Il se dirige vers l'entrée du bâtiment en marchant comme s'il faisait 3 mètres de haut. Son regard balaye tout le paysage autour de lui. Il cherche à savoir si on le regarde, il veut être vu. Comme j'ai besoin de temps pour ce que je vais faire, je mets en place un leurre. Lorsque son regard tombe sur moi, son sourire se fige. Il continue à avancer et son visage se tourne vers sa destination. Il s'arrête au moment où sa mémoire lui revient et qu'il me reconnaît.