Chapitre 37 : L'appel.

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Et Gwenn franchit une nouvelle porte, Ken la rune du feu, apportant son flot d'énergie. J'en relâche aussitôt une partie sur les Adraconniques qui m'encerclent. Ils tombent.

Ils sont encore huit. Leurs déplacements sont clairs pour moi. Ils cherchent à se placer en octogone pour m'enfermer dans une cage spirituelle, un vieux rituel dévoyé par leurs services depuis quelques siècles.

Je les laisse faire et déploie mon esprit autour d'eux. D'un claquement commun de leurs langues, des liens m'entourent et m'enserrent. Je me tiens immobile, cherchant ce qui relie leurs esprits. Je regarde, attentif, les flux gravitant autour de nous. Aucune créature magique n'est là. Elles ont déserté complètement les mondes alentours, comme si une menace accompagnait l'avancée de ces troupes Adraconniques.

Et je la vois, soudainement, planant au dessus. Cette ombre gigantesque, tirant les multiples fils des misérables Adraconniques à l'esprit perdu dans ce grand gouffre qui les tient. Je le vois. Je sais qui il est. J'ai peur.

Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai peur. Et surtout, au loin, je vois la multitude des escouades humaines se déversant vers la grotte où Gwenn s'éveille. Mais là, je sens qu'elle n'aura pas le temps. Je sais que Lui, il ne lui laissera pas le temps.

Robert, pourquoi l'as-tu laissé ? Pourquoi n'es-tu pas là, aujourd'hui ? Que fais-tu ?

- Je suis là, me fait une voix dans la tête, j'agis. Je tiens à distance des Cauchemars. Je ne peux plus agir dans le monde humain, tu le sais. Cette Eveil doit avoir lieu. Gwenn doit franchir toutes les portes. Alors sois adulte, et fais ce qu'un Dragon sait faire.

Gyfu, c'est la porte que Gwenn vient de franchir. La porte de l'échange, du don. Le don ... voici ma solution. Deux mots prononcés dans la langue des Hauts Dragons et me voici libéré. Et en faisant tomber ces liens, je tranche sec les fils reliant l'Ombre à ces pantins. Ils s'écroulent, tous, le regard horrifié en comprenant ce que je suis.

Une larme de sang sèche sur ma joue. J'appelle Bylihld à mes côtés, et une fois qu'elle est là, je lance un cri que je n'aurais jamais cru lancer. Un cri de guerre. L'appel au duel que se lançaient autrefois les grands dragons. Un appel qui faisait trembler les humains. Un appel qui va au-delà des mondes. Et l'Ombre me répond, l'Héritier accepte ce défi.

- Tu es mon véritable héritier, fait Robert dans mon esprit.

Toutes les troupes Adraconniques se dirigent vers moi, l'Héritier a lancé dans ce duel toutes ses forces. Mais à mon cri ont répondu tous ceux, pas présents, que j'ai aidés. Ces esprits à qui j'ai redonné le goût de la liberté, ceux à qui j'ai brisé les chaînes. Ils sont là.

Bylhild, fidèle, m'entraîne entre les mondes. A notre suite, ces hordes de pantins nous suivent. Mais les chemins tortueux que nous prenons les perdent, rompent leurs liens, les emmènent dans des pièges, des abysses où ils tombent. L'Héritier fuit, il cherche à rejoindre un lieu où sera à son avantage, près à me recevoir et sûr de me battre.

Mon esprit va rechercher mon cœur Draconnique pour le libérer, pour enlever ces entraves que je lui ai imposées. L'épée au clair, je bondis vers l'Héritier, dans ce tunnel entre les mondes qu'il dresse devant moi ...

... Ainsi, je laisse à Gwenn le temps de franchir Wynn, la porte de la famille, la porte du peuple, de son peuple, du Petit Peuple ...


Le réveil des Sang-dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant