Le réveil des Sang-dragons

Epilogue

Voici trois mois qu'il a disparu. Trois mois depuis mon Eveil. Trois mois que je prends conscience de ce qu'il y a derrière cette porte qu'il m'a ouverte. Trois mois depuis ce labyrinthe de souffrance et de renaissance. Trois mois que les séquelles se dissipent lentement.

Lorsque je suis sortie de la grotte, autour, il n'y avait rien que la nature. Aux récits que m'ont fait les survivants de la bataille, c'était un véritable charnier. Mais L'Ankou est venu récupérer son dû et les corps ont disparus. Raj' m'a expliqué que c'était une histoire de dette entre un Dragon et le faucheur d'âmes. Certains m'ont aussi raconté avoir aperçu Charon, mélangeant beaucoup de choses dans mon esprit.

Aubéron, avec à ses côtés Titania, m'a accueilli à mon retour, pour un banquet en l'honneur de notre victoire. Les membres du petit peuple étaient resplendissants, rayonnants. Ils étaient encore nombreux, même si l'absence de certains se faisait cruellement ressentir. Debbie était là, à côté de moi, Raj' à côté d'elle. Mais à côté de moi, une chaise vide. Beaucoup de libations ont été faites en l'honneur de cet absent. Beaucoup aussi se sont demandé s'il était encore en vie.

- Il ne peut pas mourir, fut la seule réponse que Raj' pu admettre.

Et puis après des jours d'une ivresse féerique, d'un bonheur de me retrouver entière, j'ai commencé à sentir des changements. La tristesse d'avoir perdu un homme, tout d'abord, de ne pas savoir s'il était en vie ou pas. Je me suis juré de toujours croire en sa survie face à celui qu'il a affronté en duel. La joie de me sentir entière, de sentir mon corps et mon esprit en accord. Et enfin l'exaltation de sentir toutes ces possibilités magiques que mon éveil a ouvert en moi.

Me voici maintenant dans ce grand appartement du cinquième arrondissement. Usine y a débarqué il y a de ça trois semaines, un sourire radieux aux lèvres. Il s'est installé, avec dans les yeux, un regard protecteur, paternaliste, prévenant. Aubéron n'a pas apprécié l'arrivée de ce Dragon dans ma vie. Entre eux deux, des tensions existent. Ils représentent chacun des mondes différents.

Malgré cette opposition farouche, leur joute n'en reste que verbale, réfrénés qu'ils sont par ce que je suis, par ce que je porte. La joute de deux grand-pères qui n'avaient jamais cru possible de se voir dans cette situation.

La vie continue, elle pousse, le monde ne s'ouvre plus à moi seule désormais.