En allant nous asseoir, Gwenn me glisse dans l'oreille.
- Qu'est ce que tu es allé raconter sur moi encore.
- Rien que la vérité.
Avant qu'elle ait pu dire autre chose, Aubéron la fait s'asseoir à la droite de Titania. Pour ma part, je m'assois à la gauche d'Aubéron. Autour de nous, les convives ont repris danse et festin. Ils sont de toutes tailles, de toutes couleurs de cheveux et d'yeux. Leurs habits sont gais et parfois un peu criards. Tous parlent et rient. Ils parlent une ancienne langue qui a donné les dialectes celtes.
- Cela fait tellement longtemps qu'un membre citadin du petit peuple ne nous a pas rendu service, dit Titania. Même si vous êtes partiellement humaine, le sang du petit peuple coule dans vos veines. Mais je ne vais pas vous ennuyer avec mes bavardages, mangez et buvez autant que vous le désirez.
Pendant que Gwenn se jette sur les succulentes crêpes posées devant elle, Titania lui parle, s'entretient avec elle longuement. J'ignore de quoi elles ont parlé, mais Gwenn semble en confiance et lui parle librement. Elle ne se pose aucune question lorsque Aubéron lui tend une coupe. Elle y boit un liquide ambré et malté. Le goût en est tellement bon qu'elle boit tout d'un trait. Puis, la musique aidant, elle va danser avec les autres convives.
Pour ma part, je badine avec Aubéron. Il me parle des soucis de son peuple, du léger regain qu'il a senti dernièrement. Et il me questionne sur les quatre dernières années que j'ai passées. Je lui explique ma mort, ma disparition, ma réapparition. Je lui explique Gwenn telle qu'elle est. A son regard, je devine qu'il fait les mêmes suppositions que moi. D'un hochement de tête, il me confirme ces suppositions.
La fête continue et Aubéron et moi sommes plongés dans nos pensées, nous écoutons la musique et nous voyons évoluer et danser ces êtres féeriques. Les jeux d'ombres et de lumières ont un côté hypnotisant. La nuit est bien avancée quand Gwenn se roule en boule par terre et s'endort. Je me tourne alors vers Aubéron. Il se lève, il prend Gwenn dans ses bras. La reine des fées et son roi tenant Gwenn s'en vont alors vers une grotte, suivis par leur cour.
Quant à moi, je me déshabille, je range mon épée et mes vêtements dans ma sacoche et je mets la dite sacoche autour de mon cou. Puis, lentement au début puis de plus en plus vite, mon corps change, se métamorphosant en un dragon. Cette métamorphose est douloureuse pour moi, car elle fait ressurgir des instincts que j'ai refoulés depuis très longtemps. Quelques minutes plus tard, c'est un dragon qui s'envole de la forêt vers l'Est, vers Paris, vers la ville. Sensation grisante de vitesse et de vent sur mon visage, je file aussi vite que je peux vers le but de ma mission : vers les Adraconniques. Mais avant d'y aller, j'avais besoin de m'assurer que Gwenn serait en sécurité. Quoi de plus sûr que sa famille ?
En arrivant à proximité de la grande ville, je prononce les mots qui me rendent invisible. Doucement, j'arrive, je rentre tant bien que mal dans ce nuage de pollution qui entoure, nimbe et imbibe Paris. Je me pose sur le toit d'un très haut immeuble. Je redeviens humain, je m'habille. J'ai changé quelques traits de mon visage : une importante pilosité blanche et grise me mange le visage. J'ai couvert mes yeux de lunettes noires et rondes et un chapeau rond à bords très larges me couvre le chef. Je descends de l'immeuble.
Dans les rues, les quelques noctambules qui errent dans les rues se tournent sur mon passage, tellement mon allure jure. Je m'avance rapidement jusqu'à un building très design au-dessus duquel trône le symbole d'une importante compagnie financière. C'est la nuit, cependant de nombreux bureaux sont allumés aux étages supérieurs.
Je contourne l'édifice et je trouve, dans une petite rue derrière, une très épaisse porte blindée à double battant. Trois clés, deux codes et une identification rétinienne sont nécessaires pour ouvrir cette porte. Je pose mes mains sur la porte en faisant un cercle avec mes pouces et mes index. Quelques paroles et dans ce rond formé par mes doigts, je vois à travers. Je vois une petite salle avec un comptoir derrière lequel se tiennent trois gardes en train de parler et de jouer aux cartes. Quelques écrans et des voyants, tous au vert, se trouvent aussi derrière le comptoir. Derrière les gardes je vois une simple porte ouverte sur un couloir. Les gars sont en train de jouer aux cartes. Je vois un poste de radio. Les mots que je prononce augmentent lentement le son de la radio. Désormais, ils n'entendront pas les bruits très légers que je vais faire. De plus, je place une illusion rendant les voyants tous verts sur le tableau de bord.
VOUS LISEZ
Le réveil des Sang-dragons
FantasiaParis, dans un futur proche. Je suis un dragon. Je vis au milieu des humains depuis quelques temps, depuis que j'ai simulé ma mort. Je me suis retiré de la lutte ancestrale que se mènent les sang-dragons, sous l'égide de la Confrérie, et les Adrac...