Chapitre 20 : Nid de guêpe.

490 54 0
                                    

Je reprends conscience au milieu de la clairière. Des bruits de conversation à voix basse se font entendre. Les oiseaux ont réintégré les lieux, ils piaillent. Je sens un soleil doux qui baigne mon visage. L'odeur de l'herbe humide couvre tant bien que mal les relents de bois brûlé et de carrosserie calcinée. Quelques notes jouées sur une guitare me parviennent aux oreilles. Le chanteur ne m'est pas inconnu.

J'ouvre un œil. Sur un tronc d'arbre couché, un rouquin entonne un vieil air de taverne. Bylhild est là, allongée à coté de lui, attentive aux paroles. Je me redresse tant bien que mal alors que mon corps me fait souffrir.

- Tiens, la belle au bois dormant s'éveille, fait Aubéron. Alors, le royaume des morts n'a pas voulu de toi ?

- J'ai une viande trop filandreuse à leur goût.

- Hahaha, heureux de te revoir parmi nous. A ce que je ressens en toi, tu t'es enfin décidé à grandir un peu. Les énergies draconniques bien plus matures pulsent désormais en toi.

- Oui, grâce à elle, dis-je en désignant la chienne encore allongée. Elle s'y connaît en psychologie du bébé dragon.

- Elle s'y connaît en plein de choses. C'est une amie inestimable.

- A qui le dis-tu, mon cher. Mais dis-moi, pourquoi es-tu ici ?

- Si je te dis que j'ai vu de la lumière et que j'ai entendu du bruit, tu ne me croiras pas, je suppose. En fait, Usine m'a demandé de venir. Il était inquiet pour toi. La chose responsable de l'explosion aurait pu te tuer après ce que tu as fait à ce lieu.

- Tu ne serais pas venu s'il n'y avait qu'une requête de mon mentor. Il y a autre chose. Gwenn a des soucis ?

Il grimace en m'entendant dire ça. J'ai touché un point sensible.

- Oui et non, dit-il visiblement embarrassé. Elle va bien physiquement. Mais son esprit commence à se déstructurer. Quand aura lieu sa révélation ?

Il fait la moue en entendant la date que je lui annonce.

- Je ne pourrais pas l'aider aussi longtemps. Tu dois faire quelque chose. Elle a besoin d'un signe de toi, de quelque chose qui lui rappelle que tu es vivant.

- Bylhild, dis-je, consentirais-tu à accompagner Aubéron et à rester quelques temps auprès de Gwenn ?

Elle ouvre un œil, puis l'autre. Je sens de l'indécision dans son regard.

- Toi, que vas-tu faire ? Où vas-tu aller ?

- Je vais aller chercher le dernier élément dont j'ai besoin. Aux dernières nouvelles, cet élément est aux mains des Adraconniques. Je dois trouver où il est et le récupérer.

- Bien périlleux tout ceci, dit-elle. Tu sais que tu me places dans une situation fort inconfortable, dragon. Tu me demandes de choisir ... et bien, soit, je choisis, je vais auprès de Gwenn. A deux conditions.

- Lesquelles ?

- La première, dit-elle, c'est que tu restes en vie.

- J'y compte bien.

- Bon, on est parti, fait Aubéron.

- Et la deuxième ? Je demande.

- La deuxième ? Je te la dirai plus tard. Et ne t'étonne pas si je lui dis certaines choses.

- Qu'est ce que, dis-je ...

Avant que je n'aie pu dire quoique ce soit, ils sont partis sur un chemin de lune. La dernière chose que je vois, c'est un clin d'œil de Bylhild. Me voici alors seul, au milieu d'une clairière à moitié calcinée. Je vais rechercher les monticules trahissant la présence des véhicules des Adraconniques que j'avais cachés sous des monceaux de verdure. Je venais de rencontrer Bylhild, l'Ankou avait emporté les âmes des Adraconniques venus en ces lieux pour le corrompre, mais leurs véhicules étaient restés. Dans le coffre de l'un d'eux, j'avais même trouvé un rat, l'âme d'un monde.

Le réveil des Sang-dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant