f o o l s • Kth ◦ Jjk

32 ✦ La Déchéance.

Ce n'était pas l'envie de mourir ; non, loin de là.

Simplement disparaître.

~

Séoul,
Quelques mois après le jugement.

Ses jambes sont repliées contre son torse, et l'eau s'abat sur sa peau nue. Comme des milliers de larmes glaciales.
Des frissons intenses et douloureux apparaissent sur son corps. 

Le mal est donc bien réel. 

Oui, il est bien là. Il le sent désormais, plus puissamment que jamais. 

Encore ces cauchemars qui ont envahis sa nuit.

Et ce moment, le plus confortable, le seul et court instant de répit. Ce moment là, entre le sommeil et le réveil, celui dont on ne sait pas définir le vrai de l'irréel. Quand l'esprit peine à recouvrer ses capacités à percevoir clairement. Comme une brume qui estomperait les sens.

Confortable, mais instable ; incertain. 

Une fois de plus il s'éveille le cœur battant, sans plus aucun repère.

Une seule solution lui parvient alors : vérifier.

Vérifier qu'il est toujours vivant. Trouver le moyen de pouvoir ressentir, par n'importe quel moyen, pour maintenir un temps soit peu son corps et son esprit ensemble.

Alors, dans une semi-obscurité, assis et encore habillé dans cette baignoire, il laisse l'eau glaciale retomber sur son crâne et refroidir sa peau brûlante.
C'est en cet unique instant qu'il réalise que tout est réel, que le cauchemar répétitif qui le hante est simplement son existence. Et c'est à ce même moment que la chute est la plus brutale.

Là est le véritable réveil.

Il glisse ses mains dans ses cheveux dégoulinants, puis les porte ensuite sur les bords de son tee-shirt mouillé. Il colle désagréablement à sa peau. Alors, il le retire doucement pour le laisser retomber sur le sol dans un bruit humide.

Il s'allonge de tout son long dans la grande baignoire, puis observe l'eau qui la remplie progressivement.

Son corps finit par y être complètement immergé. Ses doigts tremblants coupent l'eau. Puis il reste un instant en position assise ; les bras croisés sur son torse ; les yeux dans le vide. 

Que se passerait-il, si il s'endormait ici, dans cette eau glacée ? Si dans son sommeil, il glissait en dessous de la surface ?

Un coup à la porte se fait entendre. La poignée s'abaisse brusquement.

- ... Jungkook ? Ouvre.

Il l'ignore et s'affaisse un peu plus en silence. 

- ... Kook' ! Je sais que t'es là. Ouvre bon sang !

Il ferme les yeux. Cette voix est déjà trop lointaine, ou trop proche ; il ne sait plus.

- ... Bordel... Jungkook, je défonce cette porte si tu n'ouvre pas.

Sa tête suit le reste de son corps sous la surface ; il s'immerge dans cette eau où chaque son est étouffé.
Il entend seulement le bourdonnement du silence, et les battements de son cœur affolé.

Est-ce la solution ?

Disparaître.

L'air commence à lui manquer ; les battements de son cœur ralentissent leur cadence. Des fourmillements apparaissent à l'extrémité de ses doigts.