23.11.09

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Lundi 23 Novembre

Loyd rend les gens heureux.
C'est son leitmotiv de vie je crois, et c'est foutument vrai.

Un jour il m'a confié qu'il n'arrivait à être heureux seulement en provoquant le bonheur des autres, que c'était de voir les autres en joie qui provoquait la sienne.
Est-ce que je pouvais tomber sur quelqu'un de plus parfait ? 
Je ne crois pas.

Aujourd'hui, je commençais à onze heures.
Comme je suis arrivée un chouilla en retard en cours de maths, j'ai pas eu le temps de traîner dans les couloirs et de dire bonjour à Loyd.
Pardon je veux dire : à mon copain.
Je m'en remets toujours pas.

Je me suis installée dans le fond de la salle, Blandine à côté de moi, et elle m'a posé la question fatidique.
-       Alors ?, qu'elle a dit d'un ton impatient.
-       Alors quoi ?, j'ai répondu l'air de rien en sortant mes affaires.
-       Te fous pas de moi Jordanne, Fabio a posé la même question à Loyd ce matin, et pour toute réponse il a pris un air tout mignon en souriant comme un niais, il s'est passé quoi ?
Elle chuchotait, mais son ton était autoritaire et extrêmement curieux.
-       C'est vrai, il a fait ça ?, j'ai demandé en imaginant Loyd tel que Blandine l'avait décrit.
-       Oui ! Et c'est pas tout, Fabio a aussi demandé « alors 2012, t'as vu tout le film ? », et Loyd a souri de la même façon ! On aurait dit un mec amoureux.

A
mou
reux

Le mot a résonné dans ma tête pendant plusieurs minutes.

Amoureux.

J'ai souri en coin. Blandine s'est penchée vers moi.
-       Vous êtes ensemble ? Raconte-moi, allez..., elle a insisté.
Je me suis penchée vers elle à mon tour et j'ai chuchoté :
-       Bon... Tu le gardes pour toi...
-       Je le savais !, qu'elle s'est exclamé doucement sans me laisser le temps de finir ma phrase.

J'avais pas envie que ça s'ébruite et que tout le lycée devienne au courant en moins d'une demi journée, et je savais que je pouvais compter sur Blandine de ce côté là : elle tiendrait sa langue.

Je lui ai demandé où elle en était de son côté avec son Charles. Apparemment, ça avance plutôt pas mal.
Lentement mais sûrement, langsam aber sicher, comme elle dirait en allemand.
Blandine adore l'allemand.
C'est depuis l'époque Tokio Hotel ça.
Je crois que c'était moi qui lui avait fait découvrir d'ailleurs.

Quand on est allé manger, avec Margot et Manon, je ne leur ai rien dit par rapport à Loyd.
Seulement qu'on était allés au cinéma ensemble.
Elles n'ont pas posé davantage de questions.

Et puis je l'ai vu, au loin dans le réfectoire. Mon cœur s'est accéléré d'un coup sous l'effet du stress.
Oui, du stress. J'avais peur de le voir. Peur de la réaction des autres, peur de sa réaction à lui, aussi.

Alors j'ai mangé tranquillement avec les filles en faisant semblant de rien.

Quand on est retournées dans le lycée, après avoir mangé, mon téléphone a vibré.
C'était un message de Loyd.

« Je t'ai pas vue ce matin, t'es où ? »
Il avait accompagné la phrase d'un smiley triste. J'ai répondu :
« J'avais cours seulement à 11h aujourd'hui, je te l'avais dit je crois. On va sûrement se poser au foyer avec les filles, si tu veux venir... »
J'ai compris la stupidité de ma phrase après l'avoir envoyée.
Bien sûr qu'il allait venir.

Je me suis installée dans un fauteuil, tranquille, près du babyfoot, et j'ai sortit mon bouquin pour me donner une constance.
Bon d'accord, pour lire un peu, aussi.

Je lis Salem, de Stephen King en ce moment.
C'est fou comme ça fait du bien de lire enfin une vraie histoire de vampires, avec de vrais vampires qui bouffent des gens, même des bébés, après la folie Twilight et toutes les pseudos romances humaine/vampire qui en ont découlé. Ça me gonflait toute cette niaiserie irréaliste. 

J'ai brièvement levé les yeux de mon bouquin quand j'ai entendu une voix qui m'était familière : celle de Fabio.
Il était accompagné par Loyd et Eliah.

Loyd m'a souri timidement, je lui ai rendu son sourire, et il est venu se placer juste derrière mon siège.
À ce moment là, Eliah s'est avancé vers moi et m'a embrassée sur la joue.
-       Eh Loyd regarde !, qu'il a dit pour le narguer. Je peux faire des bisous à Jordanne !
Il a réitéré son geste puis s'est éloigné. J'ai rigolé intérieurement en attendant de voir ce que Loyd allait répondre.
Eliah a eu un petit regard provocateur surmonté d'un haussement de sourcils bien placé.
Loyd a répondu :
-       Et tu peux en faire des comme ça ?
Immédiatement après sa question, il a attrapé mon menton avec sa main et m'a penché la tête en arrière en même temps qu'il se penchait vers moi, puis a embrassé mes lèvres. J'ai posé ma main sur sa joue, puis l'ai passée dans ses cheveux, et on est restés comme ça de longues secondes.

Vu les têtes que tiraient Fabio et Eliah après nous avoir vus nous embrasser, j'en ai déduit que Loyd n'avait pas dû les mettre au courant pour nous deux.
Eliah a dit :
-       Ah bah d'accord, je m'incline., avant de prendre l'air blasé de la défaite et d'aller se réfugier dans une partie de baby foot.
Ça m'a fait rire.

J'ai passé le reste de la pause de midi dans les bras de Loyd, complètement engluée dans une bulle faite de gnangnantisme et de niaiserie, mais qu'est-ce que je l'aime cette bulle.

Le soir, on est restés devant le lycée avec les autres, jusqu'à ce qu'il se fasse tard et qu'il me raccompagne au tram.
Il m'a encore prêté son manteau parce que j'avais froid, et il a attendu dans la nuit avec moi.
J'ai laissé passer trois trams avant de me décider à rentrer.

C'est affreux, à peine je le quitte qu'il me manque déjà, c'est stupide parce que je sais qu'on va se parler par SMS dans la minute qui suit ou par MSN quand je serais rentrée, et qu'on va se voir le lendemain, mais j'aime tellement sa présence à mes côtés...

Sur le trajet du retour, j'ai compris à quel point les paroles de The Reason d'Hoobastank me parlaient.

I'm not a perfect person, there's many things I wish I didn't do, but I continue learning.
I've found out a reason for me to change who I used to be, a reason to start over new. And the reason is you.

C'est ça.
Loyd est ma raison.
Il me donne envie de changer, de devenir une personne meilleure, il fait ressortir la meilleure partie de moi.
J'me suis jamais sentie comme ça.

J'ai l'impression que maintenant, le fait d'avoir son amour, enfin même de l'avoir simplement dans ma vie, ça chasse toutes les pensées noires de ma tête, toutes les larmes, tous les doutes...
J'ai l'impression que mon avenir s'éclaire, que j'aperçois enfin la lumière au bout du chemin, qu'elle me dit « viens, viens, allez tu verras comme on est bien ».
J'ai envie de me noyer dedans.
Je me sens vivante.

Il existe trois choses qui me maintiennent en vie :
-       la musique
-       la lecture
-       et l'écriture.

Rectification : il existe quatre choses qui me maintiennent en vie :
-       la musique
-       la lecture
-       l'écriture
-       et Loyd.

Regarde la réalité en face Jordanne, elle est devenue plus belle que la fiction.

Les Anges tombent en premier {correction à venir} [[en pause]]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant