Examens

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Chapitre 19

Mon dimanche passa rapidement. Je le consacrais à faire mes devoirs, pour m'avancer au maximum. J'avais dans l'idée que je ne serais pas aussi tranquille avant longtemps. Très longtemps ! Maman s'était décidée. Ne travaillant pas le lundi, elle m'emmènerait porter plainte, sitôt la fin des cours, ce qui m'avait fait annuler mon rendez-vous avec Shane, à contrecœur. Nous l'avions reporté au lendemain, en fait, mais bon ! Une fois la plainte déposée, et ma déclaration effectuée, maman demanderait à la police les démarches suivantes. Trouver un avocat, faire l'examen gynéco, consulter un psy, histoire d'être sûre que je ne raconte pas des craques ! Le tout à remettre dans le bon ordre. Selon mes parents, il n'y avait que ça à faire, mais j'y croyais, relativement, peu. Enfin, on verra bien. En attendant, j'attendais le bus, dans le froid du matin. Lorsqu'il arriva, j'y montais en hâte, et rejoignis mon meilleur ami. Il hésita à faire un geste vers moi, mais pour une fois, c'était le seul. Juste après l'avoir rejoint, je lui fis la bise avant de lui demander de me prendre dans ses bras. Il obtempéra et me demanda si mon dimanche avait été agréable... Je ne dirais pas ça, même pas du tout.

« - Studieux et atroce ! Je te raconterais au café ! Y a trop d'oreilles ici, mais si tu veux un indice, histoire de comprendre ma douleur, dis-toi que j'ai parlé de mon cousin à mes parents.

« - Je vois, dit-il en grimaçant.

« - Tu n'imagines même pas... C'est d'ailleurs pour ça que ce soir, je vais voir... Enfin bref tu imagines bien, et tout ça à cause de toi, dis-je en souriant malgré tout.

Nous descendîmes peu après, et il m'arrêta, en fronçant les sourcils.

« - Comment ça, à cause de moi ? Je n'étais même pas chez toi, hier !

« - Non, mais on a passé la soirée de samedi ensemble, tu te souviens ?

Il baissa légèrement les yeux, et je sus qu'il s'en souvenait très bien, aussi j'ajoutais, en rejoignant les deux autres :

« - Et bien, en rentrant, j'en ai parlé à maman parce que, j'étais perdue ! Bon, je le suis encore, mais c'est vrai qu'hier, j'avais autre chose à penser donc... Et de fil en aiguille, on a parlé de ça, puis de marc, tu sais le gars qui...

« - Qui t'avait invité à une fête au nouvel an, je me souviens très bien !

« - Nickel ! Donc, on a parlé de lui, et du fait qu'après mon retour d'Augusta, je voulais plus qu'on prononce son nom, et j'ai donc avoué les raisons, enfin la raison de cet éloignement. Salut vous deux, bon week-end ?

« - Sympa, et toi ?

Je mentis, en prétendant qu'il avait été normal, puis nous entrâmes dans le bâtiment, et je demandais quand les températures comptaient remonter. Selon Jason ? Jamais ! Ça promet ! Soupirant, je les écoutais parler de leur dimanche, puis je m'éloignais en songeant à l'épreuve que j'allais subir au soir. Faire une déposition ! Ça veut dire tout raconter, n'est-ce pas ? Détails à l'appui ! J'en suis tout bonnement incapable. Mais incapable, de chez incapable. Avec un peu de chance, ils ne me demanderaient pas de leur décrire tout, jusqu'aux tâches du plafond. Mais... Y a peu de chance. Je revins à moi, quand j'entendis mon prénom. Nate était à l'entrée de la salle, et me faisait signe d'entrer. Regardant autour de moi, je vis les deux autres partir, et suivis mon voisin de bio. Nous nous installâmes, et il me demanda si j'allais bien. Paraît que je suis blanche. Bah peut-être ! Cela dit, je le rassurais. J'allais bien. La sonnerie retentit, et je me concentrais sur le cours. Le professeur nous mit une cassette éducative sur les plaquettes, je crois et je perdis le fil du film, pour me concentrer sur mes pensées. Plus rien ne serait pareil, à présent. Toute la famille allait le savoir, et ils allaient tous me regarder avec pitié ! J'avais entendu maman, hier soir, s'en vouloir de n'avoir rien vu de mon changement d'attitude. A présent, elle comprenait pourquoi je parlais peu, pourquoi je détestais qu'on soit trop proche de moi, et que je me liais difficilement. Seulement, j'avais tout fait pour pas qu'on voie de différences. Mais malgré ça, je n'avais pas réussi à aller la rassurer. Soudain un doute m'envahit ! Toute la famille allait savoir, c'était sûr, mais si personne ne me croyait ? S'ils me traitaient tous de folle au début, puis ensuite en paria parce que j'avais sali le nom des Torrès ! Pire encore, et si je perdais ? Parce que qui dit plainte, dit tribunal, et procès obligatoirement, non ? Soudain, je me sentis très mal. J'avais envie de vomir, et j'avais besoin d'air ! J'étouffais, et la lumière se ralluma. Je tentais de reprendre mon souffle, sans résultat. Je m'accrochais à la table, en proie à un manque d'air, qui allait crescendo.

Rencontre sous la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant