Chapitre 27
Une fois rentrée chez moi, je montais me changer. Sauf qu'au dernier moment, je décidais de garder ses vêtements encore quelques instants. Juste une heure, me promis-je. Je pris donc mon sac et en sortis un livre, que je n'avais pas lu. Seulement voilà, je n'avais pas vraiment envie de lire. Ce qu'il venait de se passer dans sa chambre était encore chaud dans ma tête, et aucun cours ne pourrait entrer. De toute façon, je n'avais aucune envie de réviser. Refermant mon manuel, je me laissais tomber sur mon lit, en fixant le plafond pour réfléchir. Pourquoi ne lui avais-je pas dit que je l'aimais aussi ? Que ces deux baisers étaient vraiment géniaux, et que je n'avais qu'une hâte, celle de recommencer ? Non, au lieu de dire toute cette vérité, j'ai mentie, prétextant que j'étais trop lâche pour en parler. Non, mais je vous jure, je mérite des baffes, c'est inexplicable autrement ! Soupirant, je pris mon oreiller, et le posais sur mon visage, quelques secondes. Seulement, même quand je fermais les yeux, je revoyais ses traits juste avant qu'il ne m'embrasse, dans sa chambre. Il avait l'air vraiment heureux, comme un enfant le matin de Noël. Sauf que c'était moi le cadeau ! Bizarrement, cette image me fit froid dans le dos. Bon sang, j'avais hâte d'être à mardi pour en parler à mon psy. J'ai un tas de trucs à lui dire pour une fois. Un baiser, enfin trois pour être exact, mais bon, on ne va pas chipoter. Le meilleur reste le second. Quoique le troisième était plutôt pas mal. Enfin même mieux que pas mal. Il avait été surtout un peu trop rapide, je pense ! Enfin, si c'était le cas, je l'aurais repoussée non ? En fait, je n'en sais rien ! J'aime être dans ses bras, et je l'aurais sans doute laissé faire quoique ce soit, juste pour qu'il me garde contre lui. Y a pas à dire, je suis carrément idiote et accro à mon meilleur ami. J'avais aussi surtout besoin d'en parler à quelqu'un. Nate ? Peut-être pas une bonne idée, Jason, non plus. Pas envie de voir leurs regards s'allumer, en constatant qu'ils avaient raison. Mes parents, même topo, et je voulais en parler maintenant, pas dans trois jours. Mais bien sûr ! Je me relevais d'un bond, et partis à la recherche de mon portable. L'ayant localisé, j'appelais ma meilleure amie. Elle décrocha à la seconde sonnerie et je ris.
« - Désolée, ce n'est pas une question de vie ou de mort, juste Mitchie qui a besoin d'un avis féminin sur une question qui la dépasse ! Mais avant, ça va toi ?
Sierra sourit en m'expliquant qu'à deux mois des examens, cette question était légèrement superflue. Mais elle me la retourna en souriant. Je lui avouais, sans honte, que j'étais complètement dépassée par ma vie. Sans lui raconter l'histoire du procès, je lui expliquais mon amitié avec les garçons, la drôle de relation que j'entretenais avec Shane, les problèmes avec les filles de notre lycée, nos sorties à la patinoire, ses cadeaux, enfin tout y passa ! Jusqu'à nos baisers échangés, chacun ayant une explication, du pourquoi nous avions agi. Tous sauf le dernier. Mais ce fut elle qui me la trouva. A ses yeux, nous nous étions juste laissé emporter par la passion. Je ris nerveusement, et lui avouais que ça me faisait vraiment flipper. J'avais peur qu'il aille trop vite, ou qu'il me fasse souffrir, même si je n'y croyais pas vraiment. Seulement, elle ne pouvait pas comprendre mes réticences, puisqu'elle ne connaissait pas toute mon histoire. Ce qui ne nous empêcha pas de rester au téléphone durant presqu'une heure. A la fin de l'appel, j'avais l'oreille en feu, et un milliard de questions sans réponse. C'est vraiment compliqué d'être une fille, non ? C'est mon avis en tout cas ! Maman m'appela deux minutes après, me demandant de mettre la table et je m'exécutais, la tête ailleurs. Elle eut beau me questionner, rien ne filtra et je mis mon inattention sur le compte des examens. Après tout, une fois que nous les aurions passés, les garçons s'éloigneraient de moi, pour faire carrière, et moi j'irais à Harvard. Je ne les verrais que rarement, et ils croiseraient des tas de filles parfaites, sans problèmes. Ils tomberaient peut-être amoureux, chacun leur tour, d'une actrice, et m'oublieraient petit à petit. Après tout, je ne suis pas spécialement intéressante. La preuve, si j'avais joué la fille sociable, ils ne m'auraient même pas remarqué. Sauf peut-être Nate. Sachant que j'étais avec lui, la meilleure élève en bio, nous aurions parlé deux trois fois, au détour d'un couloir. Peut-être que Jason nous aurait chambré une fois ou deux, en nous traitant d'intello, mais sans plus. Je n'aurais eu droit qu'à deux ou trois regards de Shane, qui se demanderait sûrement pourquoi nous parlions autant de cours. Je n'aurais dévoilé mon secret à personne, et Dylan aurait sûrement réussi à me violer, une nouvelle fois, lors de son week-end. Ah mais non, puisque nous ne serions pas sortis, avec les garçons, je n'aurais pas parue si belle à ses yeux, et hop, oubliez le viol dans ma chambre. Finalement, je me demande quelle version de ma vie, je préfère. Celle avec les garçons, qui connaissent mon histoire, qui me soutiennent et me font rire, dès que j'en ai besoin, mais avec qui je souffre à cause de mes sentiments pour Shane, que je n'arrive pas à lui dire. Ou, il y a la version sans les garçons où j'aurais des amies mais aucune ne comprendraient pourquoi, je n'apprécie pas qu'on me touche, ne serait-ce que le bras ? Sans conteste, je préfère la vie que je vis maintenant. D'accord, j'ai parfois l'impression que tout le monde sait pour mon viol, mais d'un autre côté, j'ai trois amis géniaux qui me soutiennent, des parents qui ne m'en veulent pas de leur avoir caché ça, un meilleur ami, que j'aime sans lui dire, alors ça vaut bien quelques difficultés non ?
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Rencontre sous la pluie
Hayran KurguTout a commencé, à un arrêt de bus, un jour de pluie. Lui ? Avec ses deux meilleurs amis, ils forment le trio masculin le plus populaire du lycée. Elle ? Elle est nouvelle, et essaie de se fondre dans la masse. Inspiré du film Camp rock