Insistance

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Je passais la soirée, à essayer de comprendre pourquoi, il avait tant voulu me parler ? Par curiosité ? Ennui ? Sûrement. Il avait envie de parler et j'étais la seule présente. Après le dîner, papa me demanda où en était mes maths et j'avouais que malgré mes recherches, parce que j'y étais retournée après avoir rangé les provisions, je n'avais toujours pas trouvé cette fichue réponse. C'était pourtant pas faute d'avoir essayé, mais impossible de la trouver. A croire que je n'avais rien retenu de ce qu'il m'avait dit la veille. Soupirant, je montais dans ma chambre alors qu'il était sur mes talons. Comme hier, je m'assis à mon bureau et lui montrais mes brouillons. Parce qu'ils se sont multipliés, vu que de un je suis passée à quatre. Il rit en m'assurant que j'avais fait le bon calcul, quelque part dans tout ça, et m'expliqua, de nouveau, la leçon. A la fin, je soupirais, en comprenant que c'était mon troisième calcul qui était bon. J'avais perdue une heure, peut-être deux, à chercher une réponse que j'avais déjà. La tuile ! Je lui fit la bise, pour le remercier puis il descendit, sûrement raconter à maman combien sa fille était stupide. Pour ma part, j'allumais mon ordi et terminais un arrangement que j'avais fait. Je commençais à en avoir marre de me réveiller avec la sonnerie stridente de mon réveil. J'avais donc fait un cd de mes compos, les plus entraînantes. Il fallait juste que je reprenne légèrement la dernière, et j'aurais plus qu'à lancer la gravure. Comme ça demain, ou après-demain maxi, j'aurais un réveil vraiment agréable.

Deux heures plus tard, je sortais mon cd tout neuf et l'insérais dans mon réveille-matin. Un petit gadget que j'adorais puisqu'on pouvait le programmer pour qu'il nous réveille avec un cd, une station de radio ou son horrible sonnerie préenregistrée. Pour ma part, dès demain, je changeais de son. Fatiguée, j'éteignis tout, et me couchais, après avoir embrassé mes parents. Durant la nuit, je revis la conversation, si on peut dire, que j'avais eu avec Nate, puis Shane, mais tout semblait déformé, et quand mon réveil sonna, j'ouvris péniblement les yeux, l'esprit complètement embrouillé. Avais-je rêvé qu'ils m'avaient parlé, ou était-ce bien le cas ? L'état de mon livre de psychologique me donna la réponse. S'il était tombé sous la pluie, ça voulait dire qu'ils m'avaient vraiment parlé. Prions que ce soit exceptionnel ! Enfin, pour Nate, je sais comment faire, je n'ai qu'à me faire oublier en biologie, mais pour Shane ? Hormis ne plus rater le car scolaire, je ne vois pas. Soupirant, je descendis et m'attablais. Maman avait le nez dans le journal, et semblait chercher quelque chose. Elle m'apprit que papa était partit plus tôt. Il avait quelques trucs à régler. Bon, j'irais donc au lycée en car. Ou peut-être en bus. Ouais plutôt ! Je n'ai rien contre le car scolaire, mais j'ai l'impression que tout le monde me regarde. Idiot, n'est-ce pas ?

Une fois prête, j'embrassais ma mère et partis pour une nouvelle journée. Vivement le week-end, si vous voulez mon avis. Je ratais le car de quelques minutes mais le bus arriva en même temps que moi. Ravie, je souris au chauffeur avant de m'asseoir, pour quatre stations. Quand il me déposa, je rejoignis mon premier cours sans porter attention à ce qui m'entourait. Enfin juste assez pour ne pas rentrer dans quelqu'un, disons. Une fois devant la porte, j'éteignis la musique sans enlever mes écouteurs. J'entendais ainsi ce qui se disait sans qu'on le sache. Pas que j'étais intéressée par le babillage d'une bande d'adolescents moyens bourrés d'hormones, mais ça m'occupait. J'avais juste un bruit de fond, pour me permettre de m'évader ailleurs. Seulement voilà, une fois de plus, le fait que j'ai snobé les garçons durant ma brève rencontre alimentait la conversation des trois pies de la veille qui me regardaient étonnées. Je leur retournerais bien leurs regards, mais d'une part je n'osais pas, et de deux je n'étais pas censée les entendre. Seulement, comme elles insistaient, se demandant sûrement si je ne venais pas d'une autre planète, je tournais la tête vers elle. Elles détournèrent aussitôt les yeux et se mirent à piailler comme des oisillons affamés. Quand elles se mirent à glousser comme des dindes, je sus que les trois garçons n'étaient pas loin. Effectivement, deux secondes plus tard, ils entrèrent dans mon champ de vision. Jason s'appuya contre le mur, trop près de moi, et je m'écartais comme s'il m'avait brûlé. Réaction excessive, mais bon j'y peux rien. Je détestais qu'on s'approche trop près de moi. On a tous, ce problème mais certains détestent qu'on les approche à plus d'un mètre, d'autre c'est à plus de dix centimètres. Ça varie en fonction des individus. Enfin bref, ma vive réaction attira les regards des trois, qui me regardèrent comme si un bras me poussait au milieu de la figure, et je soupirais. Décidément, ici ou ailleurs, je passais pour quelqu'un d'étrange. Je les entendis se demander, entre eux et à voix basse, ce que j'avais, et je me retins de soupirer. J'ai le droit d'être étrange non ? Visiblement non ! Bien qu'il était le plus loin de moi, Shane s'approcha et chuchota à mon oreille, tandis que je serrais les dents pour ne pas le pousser contre le mur :

Rencontre sous la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant