Utopie malsaine

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« Elle est belle. » songeait le jeune gardien en la voyant. Mais il fallait toujours se méfier des belles choses, lui disait souvent sa mère. C'était souvent les belles choses qui étaient les plus dangereuses. Les plus belles choses sont les plus cruelles, se répétait intérieurement le garçon en fixant Harley Quinn dans sa cage bouger habilement et avec souplesse. Elle semblait irréelle, tellement attirante. Son aura diffusait une odeur qui ressemblait fortement à celles des roses. C'est cela. Elle était une rose.

Une splendide rose, qui nourrissait l'esprit de mille et une douceurs rien qu'en la regardant. Mais attention, il ne fallait pas s'approcher parce que ses épines étaient venimeuses . Et c'était tout un défi, de résister à cette tentation, une sorte de torture mentale. Une douleurs sans limite suivait cette dure impossibilité. La frustration de ne pas avoir eu cette perle rare anéantissait même l'être le plus fou de la ville. Et ce ne serait pas le Joker qui dirait l'inverse, lui-même subjugué par la cruelle beauté de sa création.

« Smith ! Bouges ton cul ! » vociféra un des gardiens en poussant le jeune homme.

Smith ne devait pas avoir plus de vingts ans, un visage parfaitement symétrique et un physique (très) avantageux. La douceur d'une vie entière à aimer son prochain se lisait dans son regard.

C'était le premier jour qu'il travaillait dans la prison et la mission qu'on lui donnait le terrifiait. D'ailleurs c'est bien pour cela que c'est lui qui est obligé d'y aller. Personne d'autre ne voulait y aller donc quoi de plus normal que d'y envoyer le plus jeune ?

Il se dit intérieurement qu'il démissionnerait une fois la « mission » terminée. Encore fallait-il qu'il en sorte vivant.

Tremblant, il fixait la cage de la jeune femme qui dansait gracieusement dans les airs, sur le « perchoir » que son psychiatre avait fait installer.

Smith soupira et saisit sa matraque. Récupérer une montre. Une simple montre. Une toute petite montre de rien du tout. Ce n'était pas bien compliqué. Récupérer la montre que Harley avait dérobé au supérieur lors d'une visite. Une jolie montre en or qui devait valoir une fortune. Quoi de plus simple ?

Le jeune homme entra dans la cage et inspira profondément. La jeune femme sourit en le voyant entrer et mit pied à terre pour s'approcher doucement de lui, telle une féline assoiffée de sang.

« Bonjours, jolie chose »

Il ne répondit pas, s'affairant à chercher le précieux objet parmi les affaires qui traînaient au sol. Des gouttes de sueur perlaient sur son front lisse et sans rides. Elle se rapprocha et posa sa main sur le dos du pauvre gardien qui fit un bond d'un mètre et évita son regard.

« Où est la montre ? »

Elle explosa d'un rire totalement déjanté. Elle était dérangé c'était certain. Elle sourit de toutes ses dents avant de dire : « Je l'ai mangé. »

Un frisson de dégoût parcourut le corps du jeune gardien parce qu'il le savait. En disant ça, elle était tout à fait sérieuse. Il s'apprêta à sortir mais elle lui attrapa le bras, le forçant de la regarder au fond de ses pupilles.

« Joues un peu avec moi. »

Le garçon ne répondit rien et la fixa, il était tombé entre les crocs de la bête et sans s'en rendre compte, elle le dévorait lentement, un sourire sadique accroché aux lèvres. « Je n'ai pas le temps » susurra-t-il en tentant de se dégager. Mais la poigne de la blonde était ferme, digne de celle d'un homme. Il était en détresse totale quand la jeune femme pencha légèrement la tête.

« Mais si ! Tout le monde a le temps de jouer !

-Non je ne peux pas...

-Jouons à ... Tiens... Tu veux jouer à quoi ? Oh oui, jouons à la pinata. Et toi tu es la pinata ! »

Le gardien fut prit d'épouvante quand il vit qu'elle lui avait dérobé sa matraque sans qu'il ne s'en rende compte. Il recula et elle explosa de rire avant de lui donner un violent coup avec l'arme au visage. Il s'écroula au sol, mort .

Elle était hilare.

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