Douloureux rire

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Une tueuse. Une meurtrière. Une psychopathe. Il y avait tellement d'adjectifs adéquats pour définir Harley. Une beauté dangereuse, mais aussi une âme brisée à jamais, un vase explosé dont on a essayé de recoller les morceaux, un cas fascinant pour les plus grands psychiatres du monde.

Tout le monde s'accordait à dire que c'était cet amour malsain qui l'avait menée à la folie.

Pouvait-on au moins appeler ça «amour » ? Non, c'était plus une obsession, un désir profond, une attirance infinie. Ce genre de passions qui vous brûlent et finissent par vous consumer. Vous n'êtes plus qu'une poussière, même pas assez épaisse pour être une cendre. Non, juste de la poussière sombre et sale, désagréable et chassée.

Harley était une poussière. Mais ça, elle l'ignorait. Peut-être au plus profond de son être, le savait-elle ? Impossible.

Elle était folle, totalement dérangée, cinglée. Il ne pouvait rester une once de clarté sous ces épaisses couches de dinguerie.

Ses cheveux blonds ondulaient doucement derrière elle, lui donnant un air d'ange déchu. Un ange transformé en démon. Une princesse devenue sorcière. Tout ce que les contes avaient fait de plus beau muté en tout ce que les contes avaient fait de plus terrible. Du petit chaperon rouge, elle était devenue le grand méchant loup.

« Miss Quinzel ?

-Moi c'est Quinn ! S'exclama la jeune femme en atterrissant avec grâce sur le sol crasseux de sa prison.

-Miss Quinzel nous avons besoin de votre aide, continua sa psychiatre, tout en tentant de rester calme.

-Ah bon ? Interrogea évasivement la jolie blonde.

-Écoutez moi un peu ! S'agaça la femme d'une cinquantaine d'années.

-Je vous suis de toute ouïe.

-Il faut que nous connaissions la planque du Joker. »

A l'entente de ce nom, Harley s'immobilisa, tenta de garder un visage souriant et prononça difficilement : « Pourquoi une soudaine hâte ? Vous ne pouvez pas laisser mon poussin tranquille un peu ? Après vous vous étonnez qu'il s'en prenne à vos citoyens ! Vous passez votre temps à le chasser aussi ! Baty est très méchant avec mon poussin vous savez ?

-Voyons Harleen ! Soyez sensée un peu pour une fois ! Il a volé le diamant de la collection la plus connue du pays ! Il faut qu'on récupère ce diamant !

-C'est pas drôle d'être sensé ! Être sensé c'est que pour Baty et les gens qui aiment s'ennuyer !

-HARLEY ! »

Une goutte de sueur perlait sur le visage de la psychiatre, épuisée du comportement de sa détenue qui dansait et riait tout en entretenant cette conversation de la plus haute importance.

« Harley ! Ce que vous faites est IRRESPONSABLE et MEPRISANT ! Vous allez encore vous faire punir !

-Ouiiii ! » Elle explose de rire. « J'aime les punitions ! C'est pour les enfants pas sages. Comme moi ! »

La psychiatre céda et se tourna vers les gardiens, dépitée et prononça « Punition. » Ils hochèrent la tête et attrapèrent avec violence la jolie blonde.

Ce soir-là, les cris résonnèrent durant des heures, mais il était impossible de distinguer les hurlements de douleurs aux hurlements de rire.

Quel intérêt de toute manière ? Ici, le rire était né de la douleur et du rire naissait sa douleur la plus profonde.

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