Le gout de la terreur

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Harley était fatiguée, épuisée. Et ça faisait bien longtemps qu'elle avait ressenti cette sensation de manque de sommeil pour la dernière fois. D'habitude, elle était toujours en forme, pétillante d'une joie malsaine et effrayante.

Non, là les gardiens durent la traîner jusqu'à sa cellule pour l'y jeter de la manière la moins douce qu'il soit. Elle se redressa et les fixa avec haine. Mais elle n'avait pas assez de force pour se relever et se coucher dans son lit.

En réalité, elle n'avait même plus assez de force pour rire, alors c'était les gardiens qui riaient de bon cœur. Il se moquaient de sa faiblesse, de sa détresse, de ses blessures.

Oui, des blessures, elle en avait bien plus qu'avant. De longues cicatrices parcouraient ses bras à la peau blafarde. Des brûlures couvraient une partie de son cou. Sa respiration se faisait difficile, rythmée entre deux toussotements par un souffle rauque.

Le docteur Isley traquait ses plus grandes peurs, les transformait en souffrance et Harley s'affaiblissait au fil des jours. L'eau et le feu étaient devenus ses deux grands ennemis. Elle priait chaque matin pour ne pas avoir à les affronter dans la journée.

L'eau qui entrait doucement dans ses poumons pour l'asphyxier ne faisait que lui rappeler un peu plus chaque seconde le moment où elle s'était faite attrapée par le Batman.

Elle mourrait à petit feu, comme le souhaitait sa psychiatre. Elle s'éteignait et personne n'y pouvait rien. Tiraillée entre l'amour et la douleur, son corps n'était plus qu'un terrain de bataille. La folie allait-elle surpasser la souffrance ou la souffrance aurait-elle raison de la folie ?

Impossible de savoir. Mais un chose était sûre : Harley ne survivrait pas à ce combat acharné.

« Alors miss Quinzel ? Comment vous portez-vous aujourd'hui ? »

La voix enjouée du docteur roux eut le don de donner la nausée à la détenue. Cette hypocrisie cruelle n'avait aucun sens. Comment aller bien lorsque sa vie ne tient qu'à un fil ?

« Va brûler en enfer sale carotte ... marmonna la jolie blonde.

-Non, miss Quinzel, l'enfer, c'est pour les gens comme vous. » La voix très sérieuse du docteur résonna dans la salle comme une parole divine que Harley ne put supporter.

Elle était assise à même le sol et cherchait à se concentrer pour voir son ennemie. Mais sa vue tanguait et sa tête lui tournait affreusement. Tous ses sens étaient tourmentés par cette torture qui n'en finissait pas.

« Nous avançons, ricana la psychiatre.

-Je vois pas de quoi tu parles.

-Oh ... Eh bien... Êtes vous décidée à me parler de... De celui qui vous a rendue folle ?

-Oui... Et je n'ai qu'une phrase à dire : Il est comme vous en un milliard de fois plus drôle. » Harley explosa d'un rire douloureux et lancinant au niveau de ses côtes. La femme en face nota quelque chose sur son carnet avant de questionner : « Donc vous acceptez enfin que le Joker est cruel ?

-Et c'est pour ça que je l'aime, docteur ! C'est cette cruauté mélangée à cet humour sans limite ! Ho oui docteur c'est plus que de l'amour, c'est une passion sans fin ni limite ! »

Elle repartit dans ses délires de sociopathe, son rire rauque n'en finissait pas et donnait des frissons à tous les gardiens aux alentours.

La psychiatre hausse les épaules et continua d'écrire les « progrès » qu'elle faisait avec sa patiente. Ce qui était des « progrès » aux yeux de la rousse résonnait plutôt comme une plaisanterie de mauvais goût aux oreilles de la blonde.

« Et vous avez conscience que vous ne ressortirez jamais de ce lieu ? Que ce lit qui est installé à votre droite sera le lit dans lequel vous expirerez pour la dernière fois ? »

Le rire de Harley se fit plus bruyant, plus envahissant. Elle leva les yeux avant d'annoncer : « Mais toi aussi sale carotte ! Tu crois que tu sortiras d'ici avant ta retraite ?! Tu te fais des idées ma chérie ! Cette prison c'est la mienne comme la tienne ! On est toutes les deux dans ce bateau et je sais que j'arriverai à te jeter à la mer avant que tu n'arrives à me faire retrouver la raison ! On est toutes les deux dans ce jeu et c'est moi qui impose les règles, pas l'inverse ! Tu vas perdre. »

Le rire fou de Harley résonna comme une défaite dans le crâne de Mrs. Isley qui secoua négativement la tête, déçue. Elle se retourna et sortit en faisant signe aux gardiens de continuer la « thérapie ».

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