Madame Isley

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« Je veux voir mon psy. » demandait sans cesse Harley. Les gardiens n'arrêtaient pas de lui expliquer que ce n'était pas l'heure. Pas l'heure.

Ils étaient étonnés d'un tel comportement, de la part de la détenue. Elle semblait même en avoir oublié son Joker. Et c'était particulièrement affolant. Le jour où Harley oublierait son Joker, elle s'oublierait elle-même.

Et une personne qui s'oublie elle-même n'est plus qualifiable de « personne ».

Pourtant Harley était toujours là et exigeait de voir son psychiatre.

« Écoutes beauté, si tu demandes encore une fois ça, je t'arraches tes deux magnifiques yeux pour en faire cadeau à ton « poussin » » annonça le chef, las.

Elle le regarda de la tête aux pieds et descendit de son perchoir avec grâce. Elle s'avança vers les barreaux et grogna. « Je veux voir le docteur Isley. » Un sourire malicieux accompagnait sa requête. Le gardien frissonna et ne se rapprocha pas. « Alors, tu ne viens pas m'arracher les deux yeux ? ... Tu as peur ? »

Il grinça des dents et lui lança un regard terrifiant qui n'eut pour effet que de la faire rire plus fort, plus bruyamment. Évidemment depuis la dernière blessure qu'elle lui avait infligé, il évitait tout contact physique avec elle. C'était plus prudent.

Le docteur Isley entra finalement dans la salle faiblement éclairé et demanda aux soldats d'évacuer. La jolie rousse avait un sourire accroché aux lèvres, signe qu'elle avait quelque chose derrière la tête. Harley jubilait de joie.

« Bonjours, miss Quinzel. »

La blonde ne fit pas remarquer l'appellation que venait de lui affubler sa psychiatre et restait bouche bée, cherchant à trouver les bons mots pour poser sa question.

« Miss Quinzel ?

-Carotte, est-ce que tu as un lien de parenté avec Pamela Isley ? »

La femme sourit et pencha doucement la tête, retenant son hilarité. Oui, cette fois il n'y avait plus de doute. Cette femme non plus n'était pas loin de la folie à l'état pure.

Harley l'avait remarqué depuis longtemps, cette étincelle dans son regard, ce mystérieux sourire qui ne voulait exprimer qu'une chose. Une dinguerie douloureuse l'habitait et la rongeait chaque secondes de sa triste existence.

« Et bien ... Est-ce que cette information vous intéresse ? A quoi vous engagez-vous si je vous répond ?

-A rien. L'engagement c'est pour les gens sérieux. » Harley explose de rire, heureuse d'avoir peut-être percé le secret qui l'intriguait depuis si longtemps.

« Je suis sa cousine. Rose Isley. »

Sur le moment, le sourire de la psychiatre semblait identique à celui de sa patiente. Un sourire rempli de malice et d'incohérence, un mélange de haine et d'amusement.

« Dis-moi, Harley, tu as déjà entendu l'histoire de ma cousine ? ... Sais tu pourquoi elle est devenue monstrueuse?

-Non... susurra la folle, subjuguée.

-Tu aimerais que je te raconte, n'est ce pas ? »

Harley hésitait, presque inquiétée de ce regard dément qui lui faisait face. Le joker lui avait appris qu'il ne fallait pas faire confiance à des gens qui la regardaient de cette manière. Au début, elle avait trouvé ça idiot, comme conseil puisque son poussin lui-même la fixait comme ça très rarement.

« Raconte...

-Et bien ... Pamela était une fille très normale au départ.. Comme vous l'étiez, miss Quinzel. Un cerveau de la société qui promettait à des avancées extraordinaire. Une surdouée. Comme vous. Elle était gentille, ma Pamela... Si jolie aussi.. Une petite perle de savante. Cette histoire ne vous rappelle pas la vôtre ? »

Harley frissonna. Était-ce vraiment une si bonne idée de savoir cette histoire ? Après tout, si Poison Ivy ne lui avait pas racontée, c'est qu'il y avait bien une raison, non ? Harley ne voulait surtout pas contrarier son amie de toujours ! Ah ça, non !

« Mais, Harleen... Oh vous le savez bien puisque vous l'avez vous même expérimenté... L'enfer arrive quand un homme entre dans sa vie... Cet homme, c'était le docteur Jason Woodrue. Un de ses professeurs de l'université de botanique et de biochimie. » Miss Isley marqua une pause en grimaçant, comme pour montrer le dégoût que lui inspirait ce personnage. Elle continua ensuite son récit : « Ce formidable scientifique la charma et la convainc de devenir son cobaye dans des expériences... Il lui injectait des poisons, des toxines.. Ce fut ce qui la changea à jamais. L'idiotie de cet homme coûta la stabilité de ma cousine. Elle se transforma physiquement, chimiquement, une vraie mutation humaine, elle était devenue un monstre en accord total avec la nature. Bien évidemment, elle frôla la mort plusieurs fois et devint folle. Totalement folle. Une femme qui considère les plantes comme ses enfants. Alors ce lâche de Woodrue a fui, la laissant seule. Il avait créé un monstre et n'en n'assumait même pas les conséquences ! »

Harley se mit à rire, trouvant cette histoire plutôt amusante, divertissante, puis vit le visage rouge de colère de la femme en face et se tut, comprenant la gravité de l'instant.

« Alors Harley, cette histoire ne vous rappelle pas une autre histoire ?

-Je n'ai jamais assisté à ce genre de choses. »

La psychiatre eut un rictus vicieux. Elle se rapprocha des barreaux et murmura à sa patiente : « Je n'ai peut-être pas su sauver ma cousine, mais vous, je vous sauverai. Il est encore tant pour que vous retrouviez la raison. Si votre folie est née dans la douleurs, alors elle mourra aussi dans la douleur. »

Harley eut l'impertinence d'exploser de rire. La douleur ! La douleur, elle l'aimait cette sensation ! C'était peut-être idiot mais elle pourrait vivre que pour cette adorable caresse violente. Un coup de fouet, une électrisation, une baffe, une coupure au couteau. Elle adorait ces blessures.

« Écoutez-moi bien, Harleen. Ces crétins de soldats ne savent peut-être pas comment bien vous faire regretter vos actes, vous faire souffrir... Mais moi je sais... Je saurais vous sauver. »

La rouquine sortit en hurlant aux gardiens qui envahissaient de nouveau la pièce :

« Salle d'eau ! Noyez-la jusqu'à ce qu'elle ne rie plus ! »

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