Monstrueuse cousine

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« Miss Quinzel ?

-Oui c'est moi . » Répondit une femme d'une trentaine d'année à la psychiatre.

« Préparez-vous à ce que vous allez voir. Ce n'est plus Harleen Quinzel. C'est Harley Quinn.

-Mais elle reste ma cousine. » soupira la femme.

La psychiatre ne répondit rien et remit ses lunettes en place. Elle passa une main dans ses cheveux, gênée, n'osant pas contredire la cousine de sa patiente.

Depuis que la psychiatre s'occupait de ce cas, elle semblait avoir vieilli de vingt ans. De longues cernes soulignaient ses petits yeux verts et ses cheveux grisonnaient à certains endroit. Sans cesse, elle tentait de trouver un remède à cette folie. Sans cesse elle testait de nouveaux médicaments. Des fois même, elle passait des nuits à travailler sur ce sujet de psychiatrie grave. Elle sautait des repas, elle en oubliait de rendre visite à sa famille. Cette jeune femme aux pensées si sombres et cruelles la terrorisait, l'agaçait, l'accablait.

Se dire que si jeune, Harleen avait perdue la raison par amour pour un homme qui ne le lui rendait pas, la désolait. Comment peut-on aimer quelqu'un au point d'en effacer totalement sa personnalité ? La douleur était la seule réponse. Uniquement la douleur pouvait changer quelqu'un du tout au tout . La douleur et l'indifférence. Au fond la douleur n'existe en partie que parce que l'indifférence le lui permet.

A ces pensées, la psychiatre fit entrer miss Quinzel dans la salle qui contenait la cage de sa cousine. Elle soupira en voyant la détenue pendue à son perchoir, tête à l'envers, tenant uniquement grâce à ses jambes. Elle souriait de toute ses dents et se laissa tomber au sol. Miss Quinzel laissa échapper un petit cri.

Harley se rattrapa au dernier moment en une pirouette et explosa de rire en voyant la mine horrifiée des deux femmes. Elle se redressa, toujours hilare et se rapprocha des barreaux. La psychiatre laissa miss Quinzel s'approcher et les observa, une lueur d'espoir dans le regard. Peut-être que solliciter la famille aiderait au rétablissement de Harley ?

« Harleen ... Comment vas-tu ?

-Perdu !

-Quoi ? S'enquit la femme en fronçant les sourcils.

-T'as perdu ! S'exclama la jolie blonde en riant. T'as perdu ! Tu t'es trompée de prénom !

-Mais Harleen ...

-Harley. Répètes après moi. Har-ley.

-Bon Harley, concéda la femme. Harley, comment vas-tu ?

-Je suis dans un asile.

-Oh... Mais ... Tu veux guérir n'est-ce pas ? Tu vas guérir ?

-Guérir ? S'étonna la folle en écarquillant les yeux.

-Oui... Guérir de ... Guérir de ta maladie ? Tu sais, tu es un peu... Spéciale... Harlee...ey.

-Ça oui que je le sais ! Mon poussin le dit tout le temps ! Mais c'est pour ça qu'il m'aime !

-Il faudrait que tu enlèves ces horribles couleurs de tes cheveux... Puis aussi que tu arrêtes de sourire comme ça ... Tu me fais peur... gémit la cousine, au bord des larmes, ne s'attendant pas à un tel changement.

-Mais moi je les aime bien ces couleurs ! Puis mon poussin adore aussi ! C'est lui qui me les a conseillées !

-C'est qui ce « poussin » Harleen ?! » s'agaça la femme. Plus loin, la psychiatre soupira. Il ne fallait pas poser cette question... La réaction de Harley pouvait être imprévisible.

« Oh c'est ... Le roi de Gotham... Tellement ... Subjuguant. Oh oui je le suivrais de partout... Une fois qu'il m'aura libérée on gouvernera à nouveau sur la ville. On sera le roi et la reine de Gotham. J'ai tellement hâte... Le Joker est tellement puissant... Tu sais il émane de cette énergie inépuisable...

-Le Joker ?! » Elle essuya une goutte de sueur qui perlait sur son front et s'exclama : « Mais ma pauvre cousine ! Tu es amoureuse d'un psychopathe ! Ne vois-tu donc pas qu'il te manipule ! Il ne t'aime pas pauvre folle ! Sinon il t'aurait déjà libérée ! Tu n'es que .... Que son punching ball ! Oh pauvre sotte il se sert de toi pour combler ses besoins. »

Un silence pesant s'installa sur la salle. Les yeux de Harley semblèrent devenir noirs. Noirs de haine. Noirs de colère. Si elle n'avait pas été emprisonnée, elle aurait très certainement déchiquetée sa cousine comme une bête sauvage. Personne ne pouvait lui faire plus injure qu'en critiquant son précieux amant. Personne ne pouvait plus lui faire de mal. Personne. Puis un sourire fou se dessina sur ses lèvres, comme si elle venait de comprendre. C'était une plaisanterie, évidemment, se disait-elle .

Elle recula et explosa de rire, comme si c'était juste une bonne blague.

« Haha tu es tellement drôle ! »

La femme se détourna et rejoint la sortie, sans un mot. La psychiatre lui attrapa le bras et la retint, un regard interrogateur.

« Je suis désolée docteur... Je ne peux rien faire... Cette personne... Ce n'est plus ma cousine. C'est un monstre. »

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