La goutte d'eau qui fait exploser le vase

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La goutte d'eau qui fit déborder le vase. Sauf que ce vase là ne débordait pas. Il explosait. Un milliards de petits morceaux de verre vinrent se planter dans les murs vides de couleurs autour. Personne n'y comprenait rien .

Personne.

Harley Quinn pleurait.

Cela faisait près de trois mois que la jeune femme était dans la prison et jamais personne ne l'avait vu perdre son sourire. Il ne passait pas une minute sans qu'elle ne rie. Certains gardiens prétendaient même qu'elle riait dans son sommeil, aux toilettes, sous la douches. Harley était un vrai rayon de soleil trop chargé en UV.

Mais ce jour-là la jeune femme ressemblait plus à un ciel couvert qu'à un rayon de soleil. Si bien que même les gardiens s'en inquiétaient. De quels maux pouvait-elle bien souffrir ? Une telle créature qui semblait figée hors du temps, alors si même elle souffrait de cette décadence de la cruauté humaine, qui pourrait y résister ?

« Harleen ? » interrogea la psychiatre qui fut priée d'intervenir. « Miss Quinzel ? »

La folle releva la tête et fixa avec haine le docteur avant de dire avec toute la hargne de l'univers : « JE NE SUIS PAS HARLEEN QUINZEL. »

Effrayée, la femme recula. Elle ne tenait pas à se faire tuer.

La mort, c'est douloureux.

La mort, ça fait peur.

« Écoutez-moi ! Je veux juste vous aider ... Que se passe-t-il Harley ? »

La jeune femme aux lèvres rouges sang se détourna, remuée de sanglots pour partir se coucher silencieusement. Silencieusement . Ce mot lui allait si mal. Elle était tout sauf silencieuse habituellement. Elle faisait le plus de bruit possible, un vrai vacarme ambulant.

Mais là, Harley n'était plus que l'ombre d'elle-même. Plus le fantôme en noir et blanc de l'Arlequin.

Elle se roula en boule sur son matelas, le regard vide.

Il y avait un manque. Il manquait la raison pour laquelle elle était dans cet état. Il lui manquait son Joker. Il l'avait oublié c'était certain. Sinon elle ne serait pas ici depuis plusieurs mois .

Tout chez lui, ses lèvres, ses bras, ses yeux, sa voix, tout lui manquait. Depuis les mois, elle dansait sous cette pluie d'acide qui lui rappelait qu'elle était désormais seule. Elle dansait, se moquant des cieux, se moquant des nuages qui l'aspergeaient de poison, du soleil qui se cachait trop faible pour faire face à elle.

Mais à présent elle était à terre, blessée, brisée, en train de fondre pour peut-être enfin disparaître à jamais. Jamais. Jamais. Jamais.

Jamais il ne reviendrait la chercher.

Et ça la rendait malade.

Malade à s'en arracher la peau. Malade à s'en faire brûler les yeux.

Malade à en devenir folle.

A cette idée, la jeune femme explosa de rire. C'était ironique. Celui qui l'avait rendue folle continuait à lui prendre le peu de raison qu'il lui restait. Ce rire ne résonnait pas comme ses rires normaux. Celui-ci était empreint de tristesse, de désarroi. Ce rire ressemblait plus à un hurlement de douleur, un appel à l'aide déchirant. Ce rire... Ce rire n'était pas si fou que ça. Ce rire était désespéré.

Des frissons parcoururent le corps de la psychiatre.

Doucement Harley se laissa emporter par le sommeil, par le désespoir. Doucement elle se laissa emporter par la nuit qui était éternelle dans cette prison de béton. Tout le monde à l'extérieur semblait attristé, touchés par le comportement de la détenue.

Mais parmi ces gardiens, se tenait le plus méprisant d'entre eux, un rictus pervers accroché au visage. Le chef des gardiens avait tellement été agacé par la détenue ces derniers mois. Elle et son « poussin ». Elle, qui résistait à toute torture en riant. Insouciante, insolente et insultante. Irrespectueuse. Prodigieuse arme de hantise et de convoitise. Persuadée que son Joker allait venir la libérer comme un prince charmant sauverait sa promise d'un féroce dragon.

Les princes charmants n'existent pas, princesse.

Alors le gardien, décidé à profiter de la faiblesse de sa victime préférée ouvrit précautionneusement la cage de celle-ci, pour s'y glisser sans aucune discrétion sous le regard curieux de ses gardiens et réprobateur de la psychiatre.

« Alors beauté, une petite dépression? »

Elle ne bougea pas, ce qui étonna son tortionnaire. Il s'avança et la souleva d'un bras, son autre bras tenant sa matraque. A cet instant là elle ne sembla pas peser plus lourd qu'une plume. Il la jeta violemment au sol. Elle couina.

Premier signe de faiblesse depuis des mois. Le gardien sourit de toutes ses dents. « Alors beauté ? Le poussin est toujours pas là ?! » Il explosa de rire, seul, soudainement aux yeux des spectateurs, les rôles s'inversèrent. Il semblait fou à lier. Et elle, frêle, faible, juste une fleur. Une fleur si fragile qui manquait d'eau.

« Allez bouges un peu ! » Il lui donna un coup de pied. Puis un autre. Elle ne se releva pas. Il était mesquin et ne souhaitait pas arrêter là. Il voulais juste la pousser à bout. Juste la voir souffrir. Parce que là, elle ne riait plus. Il voulait savourer sa victoire.

Il l'attrapa par les cheveux et la força à lui faire face. « Allez beauté déchaînes toi... Je sais que tu ne rêves que de ça.. On n'est que tous les deux dans cette cage ...

-Je... Vous... Hais, murmura-t-elle.

-Dis moi, beauté, combien de gars peuvent se vanter d'avoir embrassé une telle créature ? »

Elle ne répondit pas et le regarda, accablée. Et comme elle s'y attendait, il l'embrassa langoureusement.

Elle se laissa faire quelque secondes et lui asséna un violent coup de poing, recula et afficha un sourire fou.

Harley était redevenue Harley et ce pauvre gardien allait connaître le prix de ce baiser. Aussi douces soient-elles, délicieuses, les lèvres de la jeune blonde étaient fatales.

« Beauté... »

Sans qu'il ne s'y prépare elle réussit à le plaquer contre la grille pour le frapper sans retenue, sans gène. Elle lui cassa le nez, lui ouvrit l'arcade.

« On ne touche pas à ce qui appartient à mon poussin ! »

Elle explosa de rire et continua sa violente torture jusqu'à ce que plusieurs gardiens ne l'assomment pour sauver leur chef.

Elle gisait inconsciente au sol.

Elle dormait, le sourire aux lèvres.

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