Docteur carotte

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« Bonjour miss Quinzel.

-Bonjour la carotte ! S'exclama la jolie blonde en se levant de son lit.

-Je ne me nomme pas ainsi. »

Harley sourit, amusée. Elle s'était donné le défi de tourner sa psychiatre en bourrique . Mais depuis deux semaines, c'était plutôt l'inverse qui se produisait. Le médecin était très patient. Très très patient, au plus grand daim de la détenue.

« Bah moi j'ai envie de t'appeler comme ça ! Ça te va mieux !

-Je ne vous permet pas de me tutoyer.

-J'en n'ai rien à faire.

-Tant mieux. »

Harley ne montra pas son étonnement, presque habituée à ce comportement, elle se rapprocha des barreaux. Elle rit faiblement et fusilla du regard la rouquine en face d'elle.

« Vous allez bien aujourd'hui, miss Quinzel ? » Harley ne répondit pas et partit se recoucher, de mauvaise humeur. Elle ne voulait pas avoir affaire à cette femme. Elle l'agaçait et lui faisait affreusement mal à la tête.

C'est fou comme les gens sérieux pouvaient nuire à sa santé, pensa-t-elle. Fou. C'était le cas de le dire. En réalité, elle soupçonnait même la psychiatre de l'être. Il n'y avait qu'une folle pour être aussi têtue.

« Miss Quinzel ? C'est à cause du Joker que ça ne va pas ? Vous savez, vous pouvez m'en parler... »

Harley se sentit alors envahie d'une haine sans nom. La fureur montait en son âme, brûlait toute trace d'équilibre dans cet esprit torturé. Le Joker. Elle n'avait pas le droit de prononcer ce nom. Pas aujourd'hui.

Puis ce mot sonnait si faux prononcé par cette voix douce aux accents irlandais. Les mots ne semblaient pas dans le bon ordre, l'intonation trop calme. Le petit sourire en coin de sa bouche laissait apparaître la satisfaction de voir sa patiente ainsi réagir.

« Alors ? C'est lui, n'est ce pas ? C'est parce qu'il ne vous aime pas assez pour venir vous chercher ? »

Aucun tact, juste ce regard curieux de voir la suite.

La folle se leva en tremblant de rage. Personne n'avait le droit de prétendre de telles sottises. Personne. Mais la femme en rajouta : « Ah je me trompe... Il a bien essayé de vous sauver mais ... Il n'est pas assez compétent. »

Harley courut et se cogna contre les barreaux. Elle hurla, se débattit dans le vide, en proie à une grosse crise de folie. Elle tentait d'attraper sa psychiatre pour la déchiqueter, la découper en morceau. Mais bien sûr, impossible d'y parvenir, enfermée derrière les barreaux. Elle finit par s'arracher les cheveux, se rouler au sol, en riant frénétiquement.

Elle avait les mains en sang, elle s'était cassée le nez en se cognant aux barreaux.

Mais sa psychiatre, malgré l'impressionnant spectacle que lui livrait sa patiente restait totalement impartiale, le visage dur.

Pas la trace d'un rictus amusé ou d'une larme de tristesse. Pas une crispation de peur ou froncement de sourcil perplexe. Juste le calme total.

« Miss Quinzel, nous avançons à grand pas. »

Harley rit de plus belle avant de ricaner : « Dans tes rêves sale rousse ! Sale Carotte ! » Elle repartit dans ses délires malsains aux milles et une couleurs. Ah ça non, Harley ne rêvait pas en noir et blanc.

« Miss Quinzel ? Vous souhaiteriez connaître mon nom ? »

Harley se tut, surprise puis cracha : « Je refuse de connaître ton nom tant que tu n'arrives pas à connaître le mien.

-Mais votre nom c'est Harleen Quinzel, sourit la femme. Regardez. » Elle sortit de sa poche une carte d'identité avec la photo de la détenue et son nom. « Harleen Quinzel » lit-elle bien de manière audible.

« Pourquoi je voudrais savoir ton nom ?

-Je suis le docteur Isley. »

Isley... Isley, se répétait inlassablement Harley. Mais bien sûr !

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