Falaise de la folie

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Le psychiatre posa sur la table le dossier de sa patiente en soupirant. Son prédécesseur l'avait bien prévenu. Ce cas exigeait une très bonne maîtrise de la psychologie. Mais pas que. Il fallait se donner les moyens. Et ce n'était pas trois pilules contre les crises de folie qui suffiraient à bloquer le délire dans lequel elle était enfermée.

Elle se noyait dans cet océan de dinguerie dans lequel elle avait plongée. A moins que ce ne soit le Joker qui l'y avait poussée.

Aucune importance puisqu'il y nageait aussi, à ses cotés. Ils flottaient dans ce mélange de sang et d'amour. Une mixture malsaine qui les rongeaient jusqu'à l'os.

Le médecin cherchait une solution depuis plusieurs semaines déjà mais il n'y avait pas d'issues possibles. Le plus triste dans tout ça, c'était que Harleen souffrait. Harley était heureuse mais Harleen pleurait, appelait à l'aide, suppliait qu'on l'achève. Harley aimait cette vie, cette folie, elle aimait quand l'adrénaline montait, elle aimait risquer sa vie.

Harleen était terrorisée, tétanisée. Harleen s'asphyxiait.

L'homme avait rapidement réussi à faire le parallèle entre Harley et Harleen. Deux femmes différentes et pourtant si similaires qui partageaient le même corps.

Harley était là pour protéger Harleen. Parce que si Harleen n'était pas devenue Harley, elle serait certainement morte de chagrin. Parce que le Joker n'était pas l'amant idéal.

Elle aimait tout en lui mais son esprit droit et clair lui interdisait cet amour aussi exaltant que dangereux. Il y avait un lien entre les deux, indescriptible.

Et c'était là que le psychiatre bloquait.

Il ne comprenait pas ce lien. Parce que cet amour ne pouvait être réciproque ! Non, c'était certain, le Joker ne pouvait ressentir ce genre de sentiments.

Alors qu'est ce qui pouvait bien retenir la jeune Quinn dans sa chute libre ? Pourquoi ne s'effondrait-elle pas ? Ce serait tellement plus simple qu'elle soit détruite ! On ne peut reconstruire un immeuble qui tient encore debout...

Tout bon spécialiste en psychologie le savait. Et l'ancienne psychiatre avait presque réussi en annonçant la mort du Joker. Mais c'était trop risqué. En réinsertion dans la société, Harley risquerait de retomber dans les bras de son bel amant.

Une énigme sans réponse.

Voilà ce que représentait la folle. Une jolie petite chose que l'on observe, comme un animal en cage, une rose dans un vase. On la prend, on la tourne dans tous les sens, on cherche un moyen de désamorcer cette folie meurtrière. Mais on ne fait que finir comme elle.

Ces rires nous terrorisent, nous agacent. Ils envahissent nos pensées et bouffent la clarté de notre esprit. Ils nous gonflent de cet air pollué jusqu'à qu'une explosion fatale ne détonne.

Le psychiatre fixa les papiers, le regard vide. Où est-ce que tout ça le mènerait ?

Un jour arriverait-il à accomplir sa mission ?

Il sentit sa tête soudainement si lourde sur son corps. Il lui était tentant d'abandonner. Ça mettrait certainement fin à sa carrière mais il ne voulait pas finir comme elle. Ça non. Non. NON.

Au départ, il était content de s'occuper de cette détenue. Elle était belle, ah ça oui ! Si belle ! Mais elle était dangereuse et lentement sans que l'homme ne s'en rende compte, elle avait insufflé dans son sang son venin. Il était à présent au bord de cette falaise.

Il allait chuter lui aussi.

Lui aussi. Mais de quelle manière.

L'infirmier à coté regardait son supérieur, inquiet. Il sentait qu'il n'était pas normal, que son comportement changeait au fil et à mesure que le temps avançait.

Mr. Andrew était un infirmier très impliqué dans son travail. Il aimait tellement s'occuper des plus faibles et la médecine le fascinait. Aussi, il était très triste que personne n'arrive à soigner Harley Quinn.

« Docteur ? »

La voix nasillarde et soucieuse résonna dans la salle en désordre et sombre. Un rire le fit alors sursauter. « Docteur ? Docteur il y a un problème ? » Cette fois-ci le timbre de la voix était terriblement apeuré. L'infirmier s'apprêta à se lever mais le psychiatre se retourna, un sourire terrifiant accroché aux lèvres. « Restez ici.

-Mais ...

-RESTEZ ICI ! » Le médecin se leva et s'approcha dangereusement de son employé. Il le regarda de haut en bas et parti dans ses délires, hilare.

« Alors Andrew ? Vous avez .. Peur ?

-Je ... Je ...

-Vous avez raison... »

Un hurlement retentit dans tout le bâtiment, si bien que même Harley l'entendit, ce qui la fit évidemment exploser de rire.

Quelques heures plus tard dans le même bureau

Le Batman se tenait droit au seuil de la porte, le regard dur et les traits crispés. Le directeurs fixait les pompiers évacuer le corps sans vie de l'infirmier et s'adressa à la chauve souris.

« Andrew travaillait ici depuis plus de vingt ans...

-Que s'est-il passé ?

-Johnson, le nouveau psychiatre de Harleen Quinzel... Il a fait une crise de folie... Il l'a tué en l'étranglant...

-Une crise de folie ?

-Une crise de folie. »

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