Chapitre 24

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Nous restons un moment sans bouger ni dire un mot, appréciant l'instant présent, si ça ce n'était pas un adieu alors je n'y comprends plus rien.

- Tu vas me manquer, murmure-t-il tout contre ma bouche

- Ne dis pas ça, tu sais que c'est faux

- Je ne sais pas si je vais pouvoir me contenter d'une seule fois, dit-il en mordillant mon oreille

- Pourtant il le faudra, je dois dormir j'ai un avion à prendre demain

- J'ai l'impression d'être dans un mauvais rêve

- La vie n'apporte que du mauvais, tu ne le sais pas encore ?

Il se lève et se rhabille, je jurerais qu'il est en train de pleurer, mais je n'ai pas le temps de vérifier il s'en va sans un regard en arrière. J'entends la porte claquer et cela me fait sursauter. Cette fois c'est sûr entre nous il n'y a plus rien.

Lui : Fais chier je la perds, j'ai joué au con. Croyant faire au mieux pour moi j'ai tout gâché. Je ne la reverrais plus et cela m'est insupportable. J'ai besoin d'elle à mes côtés, dans ma vie, dans mon lit. J'en ai chialé en partant de chez elle, je ne peux pas me résoudre à la perdre. Quel con je suis ! Je risquais quoi de lui dire que je l'aime ? Putain de fierté mal placée !

Le lendemain je finis de boucler mes valises, je regarde mon lit avec nostalgie et me souviens des ébats de la veille, cela me remue les tripes et fait monter les larmes aux yeux. Viendra-t-il me dire au revoir ce matin ? Non je ne le pense pas et c'est peut-être mieux ainsi.

Lucas et Valentin viennent me chercher pour m'emmener à l'aéroport, ils n'arrêtent pas de me faire des recommandations et des embrassades et ils attendent jusqu'à ce que j'embarque. Je dois les appeler une fois que je suis sur place.

Une fois arrivée je loue une voiture et vais à l'auberge où j'ai réservé une chambre, je monte mes bagages et regarde autour de moi, j'aime déjà ce pays et son peuple. J'ouvre mon sac pour prendre mon téléphone et ma main rencontre l'enveloppe que Thomas m'a donnée à mon anniversaire, curieuse je l'ouvre et je me mets à pleurer. Le con ! Il m'a fait un bon pour un câlin cochon ! C'est tout lui et son humour, je le garde même si je sais qu'il ne servira jamais. Je prends mon téléphone et appelle comme promis Chouchou et Loulou.

- Allo ? Mes amours ça y est j'y suis !

- Tout s'est bien passé ?

- Oui très bien, là je vais aller me balader un peu, le paysage est magnifique

- Fais attention à toi quand même !

- Mais oui que veux-tu qu'il m'arrive ?

- Je ne sais pas rencontrer un leprechaun peut-être, s'écrie Valentin

- Hou la toi tu fréquentes un peu trop Lucas, tu prends son humour !

- Doit-on donner de tes nouvelles à qui tu sais ?

- Non pas la peine, allez, je vous laisse, à bientôt les amours

- Bisous à toi princesse

Je prends mon appareil photo reflex et pars me balader, je photographie tout et n'importe quoi au gré de mes envies et de mon humeur. Le plus dur c'est le soir dans ma chambre, le manque de Thomas se fait sentir cent fois plus, mille fois plus. J'ai du mal à trouver le sommeil. En est-il pareil pour lui ?

Cela fait un mois que je suis en Irlande, je change de coin souvent et suis toujours autant émerveillé par ce que je vois, mon anglais s'améliore de jour en jour, je ne pense même plus en français. Thomas me manque toujours autant sinon plus, mon corps le réclame, il n'a connu personne depuis notre adieu. J'appelle les tourtereaux pour avoir de leur nouvelles.

- Hey ! Comment allez-vous ?

- Bien et toi ?

- Ça va aussi, vous êtes mon seul lien avec la France, ça fait bizarre de parler français

- Nous avons une demande à te faire

- Ah ? Et c'est quoi ? Cela a l'air d'être important

- Ça l'est, nous voulons nous pacser et on voudrait que tu sois là, près de nous

- Ne me faites pas ça les mecs !

- C'est important pour nous, tu es précieuse à nos yeux et nos cœurs

- Arrête de jouer avec les sentiments Lucas !

- Non mais c'est vrai ! C'est pour dans deux mois, tu as le temps d'y réfléchir

- J'y penserai mais je ne promets rien

- Sinon nous avons eu un appel de Thomas

- Et alors ?

- Tu ne veux pas savoir ?

- Si dis-moi, dis-je d'un air faussement détaché

- Il voulait de tes nouvelles, sinon plus personne ne le voit

- Il a coupé les ponts avec la famille ?

- Indirectement oui, cela ne lui a pas fait du bien que tu partes

- Grand bien lui fasse !

- Je crois qu'il a réalisé que tu étais importante pour lui

- Je ne le suis pas, personne ne l'est, nous sommes tous que de passage

- Arrête tes conneries tu essayes de convaincre qui ? dit Lucas en colère

- Laisse tomber ! Bon je penserais à ce que vous m'avez demandé

- Ouais n'oublie pas !

Je ne me sens pas capable de retourner en France, pas maintenant c'est trop tôt, trop tôt pour la simple raison que rien n'a changé dans ma vie ou dans ma vision des choses. Je ne sais même pas si cela changera un jour.

Je m'inscris à de l'escalade, des courses de voiture sur circuits. On pourrait croire que je joue avec le danger, cherchant à provoquer le destin. L'adrénaline est mon nouveau carburant. J'essaye de tout changer dans ma vie, j'ai coupé mes cheveux et je les ai teints en brun, cela me change beaucoup. L'ancienne Fanny est enterrée. Prête pour affronter les français ? Prête ! Mais je ne serais que de passage. J'appelle Lucas pour lui donner ma réponse.

- Salut Chouchou !

- Salut l'irlandaise ! Comment va ? Bien ou bien ?

- Plutôt bien, dis-je en riant

- Alors ? Dis-moi que tu vas dire oui, s'te plait, s'te plait !

- Bien sûr que je serais parmi vous mais une fois la cérémonie terminée je repars

- Déconne pas reste pour la fête quand même !

- Ok c'est bien parce que c'est vous !

- Génial ! Je suis trop content ! Putain ça va me faire drôle de te revoir

- Tu n'imagines même pas à quel point !

- Pourquoi tu dis ça ? demande-t-il inquiet

- Tu ne vas pas me reconnaitre crois-moi, tu viendras me chercher à l'aéroport ?

- Bien sûr je comprends ! Suis déjà impatient !

- A vrai dire moi aussi, vous me manquez beaucoup

- Au fait toute la famille t'embrasse

- Toute t'es sûr ?

- Bon presque d'accord, allez à bientôt !

- A bientôt les amoureux !

Reste plus qu'à me trouver une robe, je suis bonne pour faire les magasins. J'arrête mon choix sur une robe longue noire moulante et décolletée, fendue sur les deux cuisses.

Voisin, et plus si affinitésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant