Chapitre 26

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  Un mois passa. Un long mois durant lequel rien ne changea. Maély restait terrée chez elle et ne donnait toujours pas signe de vie. Alexandre s'occupait si bien de la meute qu'elle n'avait jamais été aussi puissante et aussi grande. Jade, Éden et Benjamin tentaient de se changer les idées en retournant en cours et en quittant assez régulièrement la meute pour se promener à travers les bois ou marcher jusqu'au lac pour s'y baigner. Jade avait perdu son beau sourire depuis l'affrontement des meutes. Jules était mort alors qu'elle commençait tout juste à l'apprécier et à l'aimer. Son frère était devenu l'alpha de la meute et indirectement elle l'avait perdu lui aussi. Elle n'arrivait plus à l'approcher, plus a lui parler. De plus, voir son frère lui rappelait sans cesse Maély. Elle lui manquait terriblement, comme à tous les autres loups de la meute. Malgré cela, personne n'osait rendre visite à Maély. Tous, craignaient bien trop sa réaction pour cela. Enfin, tous sauf deux personnes ...

Maély était tranquillement emmitouflée dans sa couette. Il était bientôt midi mais elle refusait de quitter son lit. Elle était toujours en pyjama, ni coiffée, ni maquillée. Elle avait les yeux et le nez rouges et une multitude de mouchoirs autour d'elle. Tout cela était devenu son quotidien et elle avait finit par trouver ça normal. Elle avait abandonné ses études, elle ne faisait rien de ses journées, elle était comme déconnectée du monde, et ça la faisait sourire.
Sa mère, Samantha, ne savait plus quoi faire. Alors, en dernier recours, elle avait décidé de faire appel aux parents de Tristan. Samantha les connaissaient depuis toujours puisque sa fille connaissait Tristan depuis toujours. La mère de Maély s'entendait très bien avec Maria, la mère de Tristan et elle avait décidé de lui faire part de l'état de sa fille. Au plus grand étonnement de Samantha, c'est le père de Tristan, Pierre, qui décida de rendre visite à Maély pour tenter de lui parler. Maria fut elle aussi très étonné car Pierre était un homme loin d'être chaleureux. Il était froid, semblait n'avoir aucun amour pour personne et ne se soucier de personne. C'était le cas, avant. Avant le mort de son fils, qu'il aimait plus que tout même s'il ne le montrait pas. Il s'en était affreusement voulu de ne pas avoir pu dire au moins une fois à son fils combien il l'aimait. Il avait finit par comprendre qu'il devait montrer ses sentiments, aimer librement les gens qui comptait pour lui, avant qu'ils ne disparaissent à jamais.

Lorsque la sonnette retentit, Maély ne put s'empêcher de sursauter. La maison n'avait accueilli aucun visiteur de tout le mois. Son cœur s'accéléra lorsqu'elle pensa à la possible présence de Alexandre, Jade, Éden et Benjamin. Mais très vite elle se calma. Ils n'étaient pas venu de tout le mois, pourquoi viendraient-ils maintenant ? Mais si ce n'était pas eux, qui était-ce ? Elle eut très vite sa réponse. La porte de sa chambre s'ouvrit lentement sur sa mère, puis son beau-père et puis, à son plus grand étonnement, sur Maria et Pierre, les parents de Tristan. Elle les fixa avec des yeux ronds plein d'incompréhension et tenta de parler mais sa gorge brûla dès qu'elle tenta de sortir un son. Elle n'avait pas parler depuis le début du mois, elle n'en avait jamais eu l'occasion. Elle se racla la gorge avec une grimace de douleur pendant que les quatre adultes prenaient place dans la chambre.

- Bonjour ... » Murmura t-elle avec précaution. Elle frotta sa gorge énergiquement puis continua.
- Qu'est-ce que vous faites ici ? » Demanda t-elle d'une petite voix. A son plus grand étonnement, c'est Pierre qui prit la parole.
- Nous sommes venus te voir, te parler. Maély, regarde-toi. Tu ne peux pas rester comme ça, ce n'est pas ce que Tristan aurait voulu. Je sais qu'il tenait beaucoup à toi, je sais qu'il voulait que tu réussisse tes études et non que tu les abandonne. Mais surtout, je sais qu'il voulait que tu sois heureuse, avec ou sans lui. Il était prêt à sortir de ta vie s'il le fallait pour ça. Aujourd'hui, il voudrait que tu aille retrouver tes amis et ton petit-copain. Ils peuvent t'aider, tu ne dois pas refuser leur aide et encore moins leur amour. Pense a eux aussi, tu dois terriblement leur manquer, ils doivent croire que tu leur en veux, ils doivent souffrir de leur côté aussi. Tu es une fille forte Maély, il est plus que temps de te relever et de reprendre ta vie en main. Des gens meurent tous les jours, c'est malheureux mais c'est comme ça et il ne faut pas arrêter de vivre pour autant. »

Maély hocha la tête. Il avait raison. De plus, ce qu'il ne savait pas lui, c'était que Tristan était mort pour lui sauver la vie. Il avait donner sa vie pour qu'elle vive et elle gâchait ce cadeau, en ne vivant plus, en gâchant sa propre vie. Tristan devait être furieux de là où il était. Il devait être furieux de voir qu'il avait donné sa vie pour rien, parce que au final, Maély était comme morte. Pierre avait raison, Tristan ne voulait que le bonheur de Maély et son bonheur était auprès de ses amis et auprès de Alexandre. Maintenant qu'elle sortait enfin de sa torpeur, elle se rendit compte que ce dernier lui manquait terriblement et elle n'eut plus qu'une idée en tête. Courir jusqu'à la meute pour se jeter dans les bras de ce dernier et l'embrasser à en perdre haleine. D'un bond, elle quitta son lit et fonça sur Pierre. Elle se serra contre lui, ce qu'elle n'avait jamais fait depuis qu'elle le connaissait et elle le connaissait depuis des années ! Ensuite, elle se jeta dans les bras de Maria qui, elle, l'avait déjà souvent consolé et était comme une seconde mère pour Maély. Pour finir, elle attrapa sa mère et son beau-père et les pressa contre elle en même temps. Samantha se mit à pleurer de joie tout en embrassant sa fille. Puis, elle nouvelle vitalité de Maély l'a dépassa de nouveau.

- Maman, je dois vite retrouver Alexandre ! » S'écria t-elle en sautillant comme une puce. Elle attrapa des vêtements, s'enferma dans la salle de bain et ressortit quelques minutes plus tard, coiffée, maquillée et bien habillée. Samantha, Ed, Pierre et Maria admirèrent la transformation un instant puis la jeune fille s'élança dehors en hurlant un « Merci » plein de bonheur aux parents de Tristan. Ils l'avaient réveillé, ils lui avaient ouvert les yeux. Ils avaient réussi seulement parce que c'étaient les seuls qui avaient osé prononcer le nom de Tristan, à l'inverse de sa mère ou de Ed qui cherchaient à la préserver.

Jade, Éden et Benjamin quittèrent le lycée en traînant des pieds. Ils n'avaient aucune envie de retourner à la meute. Ils passaient leur temps, bien malgré eux, à éviter Alexandre. Ce n'était pas bien difficile car ce dernier était si occupé qu'il passait souvent devant eux sans les voir. Jade se répétait sans cesse que c'était mieux comme ça. Elle n'était plus à l'aise aux côtés de son frère, à son plus grand désarroi.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? » Soupira Benjamin.
- Tu me donne le câlin que tu m'as promis et que je n'ai jamais eu ! » Hurla une voix derrière eux. Le temps qu'ils se retournent, une masse blonde serrait déjà Benjamin avec force.
- Ma...Maély ! » Bégaya t-il, comprenant plus vite que les filles qui ne pouvaient pas croire une telle chose. Il attrapa la jolie blonde par la taille et la souleva tout en la serrant contre lui et en la faisant tournoyer. Maély se mit à rire. Elle riait ! Et ce rire, si beau, si rafraîchissant, sortit Jade de sa torpeur. Elle comprit enfin ce qu'elle n'espérait plus : Maély était revenue ! Alors, en riant elle aussi, elle se jeta sur Benjamin et Maély et se mêla au câlin. Éden ne tarda pas à faire de même avec enthousiasme.

Après quelques minutes d'étreinte, les quatre amis se séparèrent et alors, au plus grand étonnement de tous, la timide Éden se jeta au cou de Benjamin pour l'embrasser. Ses yeux brillaient, elle souriait, si heureuse qu'elle était incapable de contrôler ses sentiments et de se contenir elle même. Benjamin, les yeux écarquillés d'étonnement, la laissa faire car c'était loin d'être désagréable. Son amour pour elle n'était née que très tard. Avant l'affrontement des meutes et pendant, il avait découvert une nouvelle facette de la jeune fille qui l'avait fasciné. Elle était forte et courageuse et surtout, elle était prête à tout pour ses amis. C'est ce qui l'avait touché, c'est ce qui avait changer le regard de Benjamin sur Éden et c'est ce qui avait fait naître un nouveau sentiment envers elle. Éden elle, l'aimait depuis plusieurs années mais renfermée dans sa timidité elle n'avait jamais rien laisser paraître, trop pudique. Aujourd'hui, elle se sentait libéré et, une fois l'étonnement passé, lorsque Benjamin lui rendit son baiser, elle devint la fille la plus heureuse au monde.
Jade et Maély se serraient les mains tout en regardant le spectacle avec un sourire enfantin. Que c'était beau l'amour et l'amitié ! Une fois les deux amoureux décollés, les deux autres jeunes filles se mirent à applaudirent avec force pendant que Benjamin, rouge comme une tomate, cachait son visage contre l'épaule de Éden.

Une fois la joie des retrouvailles atténuée, Maély repensa à Alexandre et une peur panique la paralysa. Et si Alexandre la repoussait ? Est-ce qu'elle s'en remettrait ? Ses amis aperçurent son malaise et Jade décida qu'il ne fallait pas laisser le temps à Maély de se décourager. Alors, sans perdre sa grande joie ? elle traîna son amie enfin revenue jusqu'à la meute.

Comment allait réagir Alexandre en revoyant Maély, si belle et si heureuse, en face de lui ?  

Les esclaves de la luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant