Prologue 1

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Scandale à Tôkyô

Avril 2015

Ce quartier de Tôkyô ne dormait jamais. Les enseignes éclairaient de mille feux la grande avenue, projetant l'ombre des gigantesques immeubles sur le trottoir, tandis que les reflets multicolores de leurs lumières chassaient l'obscurité. Il n'était donc pas rare de voir à 4 heures du matin des groupes de fêtards sortir d'un club privé, ou des couples chercher le réconfort final dans un hôtel ouvert 24h sur 24. Les deux hommes qui sortaient d'un night-club gardé par des vigiles aussi massifs que des armoires à glace ne tenaient guère sur leurs jambes. Si on s'approchait un peu plus, on s'apercevait pourtant que l'un soutenait l'autre par les épaules et si sa démarche était bancale, cela était dû surtout à l'absence d'équilibre du deuxième.

- Merde, Yamashita-san, qu'est-ce qui t'a pris de te mettre dans cet état... C'est pas ton genre. D'habitude, tu arrives à t'arrêter à temps. Et pourquoi c'est moi qui dois te coltiner. Akanishi-san... non, vu son état, il n'aurait rien pu faire non plus. T'es lourd, tu sais ?

Son monologue ne pénétrait pas le cerveau de son compagnon. Yamashita Tomohisa, puisque tel était son nom, chantait à tue-tête, la voix cassée, la tête levée vers le ciel. Kikuchi Fuma tentait de sa main libre de garder tant bien que mal la capuche qui protéger son ami mais il avait de plus en plus de mal à se diriger droit. Soudain, une note plus haute que les précédentes sortit de la gorge de Yamashita qui s'étrangla au point d'avoir un haut le coeur. Junpei eut juste de le diriger vers le mur avant d'être éclaboussé par des rejets alcoolisés. Il n'avait jamais vu son senpai ainsi et cela l'inquiétait. Depuis un an, régulièrement, il avait eu des échos de ses soirées bien arrosées en compagnie de Akanashi et de Nishikido au point d'avoir déjà eu un scandale et de devoir faire des excuses publiques. Si le patron apprenait que le repenti de Yamashita n'était que du bluff, il ne donnait pas cher de sa carrière.

Il redressa son bras sur son épaule et reprit le chemin.

- Pourquoi, ce soir, n'y a-t-il pas de taxi ? J'aurais dû en faire appeler un au night-club.

- Nan, pas de voiture, je supporte pas, j'veux pas être enfermé.

- T'es lourd Yamapi. Il est encore loin ton immeuble ?

Yamashita regarda autour de lui, tenta de se positionner un peu plus droit :

- Au 3e carrefour, tu prendras à... euh... à... J'sais pas. Va jusque-là, j'aviserai ensuite.

Kikuchi le regarda de coin.

- T'es sûr, hein ?

- Ouais, fais-moi confiance.

Sur ces entrefaites, il recommença une chanson sans considération pour les pauvres oreilles de son ami. Celui-ci soupira en secouant la tête.

- T'es vraiment pas bien toi. Il faudrait peut-être que tu t'accordes des vacances. A Hawaï, ça te ferait du bien.

Il sentit Yamashita tressaillir et s'étrangler à nouveau avant de reprendre plus fort sa torture auditive. Le quartier animé fit place à une zone d'immeubles tout aussi hauts mais moins éclairés. La fatigue et l'alcool, bien qu'il en ait ingurgité moins que son compagnon, l'empêchèrent de voir trois personnes alignés devant eux sur le trottoir. Il se déporta sur le côté cependant avec le poids de Yamashita, il ne put les éviter et les bouscula. Gardant la tête baissée, il s'excusa plusieurs fois en continuant son chemin mais il n'alla pas plus loin. Une main lourde se posa sur son épaule.

- Vous pouvez pas faire attention ? s'écria l'homme qui l'avait arrêté.

- Désolé, désolé, répéta Kikuchi sans lever les yeux. Il tenta de se dégager.

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