Chapitre 9

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Ke sera sera - Album A Nude (extrait)

IKASAMA kami-sama ga mawasu gitai sekai ni mi wo makasete - Laisse-toi aller dans ce monde transformé par le mimesis des faux dieux,

KARISUMA, karasu made odoru One night, two night no - Avec du charisme, chante même cette danse,

Ai kotoba sore wa ke ke ke KE SERA SERA - Ce sont des mots d'amour d'une nuit, deux nuits, Hahaha, ce qui sera, sera !

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Emma émergea doucement des brumes de son rêve, son corps relaxé. Elle passa une main sur son front pour dégager ses cheveux collés par la transpiration et la descendit vers ses lèvres légèrement gonflées. Elle referma les yeux un instant pour retrouver la chaleur et le cocon dans lequel elle avait été plongée. Ces baisers et ces caresses lui semblaient si réels. Elle tourna la tête vers la table de nuit où le réveil indiquait seulement 5 heures du matin puis vers le petit lit accolé au sien. Gabriel dormait sur son ventre, un doigt en bouche, les fesses relevés dans sa position préférée. Elle sourit et se pencha pour remettre sa petite couverture sur ses épaules. Elle réprima un cri sous la douleur qui envahit soudain ses cotes. Les événements de la veille remontèrent à la surface de sa mémoire. Elle les avait oubliés l'espace d'une nuit. Elle devait s'excuser auprès de Tomo pour l'avoir repoussé. Elle fronça le nez, prise d'un doute. Elle frotta à nouveau ses lèvres et soupira. Elle l'avait senti si proche pendant son sommeil mais ce n'était qu'un rêve, n'est-ce pas ? Que serait-il venu faire dans sa chambre ?

Dans la salle de bain, elle évalua ses blessures, remit de la crème apaisante avant de s'habiller avec des vêtements de détente. En temps normal, elle détestait faire le ménage sauf quand des sentiments trop forts comme l'angoisse, la peur ou la joie la submergeaient. Là, elle était perdue. Son corps était détendu alors qu'il devrait être courbaturé par ce qu'il avait subi bien que les coups reçus furent plus légers de ce qu'elle avait déjà enduré.

Elle avait deux heures devant elle avant de réveiller les enfants pour les emmener l'un chez la nourrice, l'autre à son stage. Tomo dormait dans sa chambre, et vu qu'il n'était pas du matin, elle était tranquille de ce côté-là.

Après un en-cas succinct et une tasse de thé noir, munie de son casque audio sur les oreilles, son ipod dans la poche de son pantalon, elle commença à épousseter les meubles du salon et de la salle à manger. Elle se balançait au rythme de la musique en chantonnant les quelques paroles qu'elle connaissait.

Malgré ses précautions, le remue ménage réveilla Tomo. Les cheveux en bataille, il avait revêtu un débardeur qui ne cachait rien de ses muscles et d'un bermuda qui tombait lâchement sur ses hanches. Ses pieds nus lui permirent une arrivée discrète. Il s'adossa au chambranle et la regarda, amusé. Cette femme l'étonnait. Hier, elle ressemblait à un chaton sauvage prêt à fuir au moindre danger. Aujourd'hui, il avait l'impression qu'elle avait avalé une capsule d'énergie. Se souvenait-elle de ce qu'elle lui avait supplié, cette nuit ? Lui, en tout cas, avait peu dormi. Son visage meurtri le hantait, de même que la douceur de son corps qu'il avait pu goûter et qu'il savait qu'il ne pourrait plus oublier.

Il sourit en entendant les paroles de "Ke sera sera" et en la voyant imiter les mouvements de danse. Elle nettoyait les grandes baies vitrées, en équilibre précaire sur un petit escabeau. Elle leva un pied pour prendre appui sur la dernière marche quand elle perdit son équilibre. Il eut juste le temps de la rattraper avant qu'elle ne tombe. Mais son poids lui fit perdre l'équilibre à son tour et il se retrouva allongé sur le sol, Emma couchée sur lui, sa bouche collée à la sienne.

Ils se figèrent tous les deux comme un courant électrique les traversait de part et d'autre leur coupant le souffle. Elle recula brusquement et, se faisant, percuta son entrejambe avec le genou. Il grimaça. Elle rougit et s'assit, le dos tourné. La douceur de ses lèvres lui rappelait son rêve. Elle passa un doigt sur sa bouche puis serra le poing dessus. « Ce n'était pas un rêve. », chuchota-t-elle. Son corps se mit à trembler sous l'intensité subite du désir. Que se passait-il ? Pourquoi le trahissait-elle ?

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