07.

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« Seokjin, je vais faire quelques courses en ville. Je serai de retour dans quelques heures. »

L'adolescent tourna à peine son regard vers son interlocuteur. Assis au fond du canapé du salon, il hocha vaguement la tête et son oncle, debout dans l'encadrement de la porte, soupira discrètement.

« Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? demanda-t-il quand même. »

Mais l'adolescent resta muet. Il fit un simple non de la tête et continua à regarder le petit poste de télévision. Son oncle n'insista pas. C'était ainsi depuis qu'il était arrivé, il y a quelques jours déjà, et c'était aussi comme ça les étés passés. A vrai dire, il en avait toujours été ainsi, bien que là, ça se voyait que Seokjin n'était pas en forme. Son visage était encore plus fermé.

« Bon alors, j'y vais. À plus tard. »

Sur ces mots, son oncle partit sans espérer une réponse. Il enfila son manteau et ses souliers, s'engouffra dans le couloir et sortit. Il jeta un dernier coup d'œil à l'intérieur avant de verrouiller la porte d'entrée et d'ensuite se diriger vers son pick-up à la carrosserie rouillée. Depuis l'intérieur, Seokjin n'eut pas besoin de tendre l'oreille pour entendre le moteur ronronner et le véhicule s'éloigner dans l'allée de gravier. Le bruit disparut progressivement. Machinalement, Seokjin se leva et regagna sa chambre dans le silence pesant de la maison. Arrivé en haut, il ne fit pas long feu dans la pièce où il dormait. Il se contenta de prendre ses draps et de redescendre pour s'installer à nouveau sur le canapé, mais cette fois-ci, à son aise.

Il s'enroula dans sa couette comme un bébé dans son landau et, les genoux repliés contre son torse, continua sa contemplation de la petite télévision. Bien que la maison soit plutôt éloignée de la civilisation, il y avait tout de même l'électricité, du réseau par endroit et un téléphone fixe. Le film suivait son cours, mais Seokjin n'y faisait pas attention. Il pensait à autre chose, si bien qu'il se perdit bientôt dans les tréfonds de son esprit. Il décrocha complètement, ses yeux ne captaient pas réellement ce qu'il y avait à la télévision.

Le châtain se demanda dans combien de temps reviendrait son oncle, et il conclut rapidement qu'il ne serait pas de retour avant quelques longues heures, car le village le plus proche se trouvait à une trentaine de minutes, et il n'y avait aucun commerce là-bas. Il fallait descendre en ville, quant à elle à une bonne heure de route. Il n'y avait aucune habitation aux alentours. La maison était complètement perdue dans la campagne, au bord de ce lac et des grandes forêts de cèdres, dans ce froid éternel. Le propriétaire de la maison ne reviendrait que vers la fin de l'après-midi, peut-être un peu avant. Ça laisserait tout le loisir à Seokjin d'être seul à seul avec lui-même, chose qu'il faisait déjà très souvent.

Seokjin se laissa tomber sur le côté pour s'enrouler un peu plus dans sa couverture. Mis à part le bruit de fond que produisait la télévision, un mélange de dialogue incompréhensible et de musique d'ambiance, le silence siégeait en maître. Tout semblait calme, paisible, et Seokjin ne pensa à rien l'espace de quelques secondes. Recroquevillé sur le sofa, son bras pendait dans le vide.

Puis, au loin, ses tympans crûrent percevoir un bruissement infime. Intrigué, le châtain tendit l'oreille en fronçant les sourcils. Lil n'entendit que les tic-tac de l'horloge, le hurlement du vent qui glissait contre la façade et qui faisait craquer le bois des poutres.

Seokjin n'arrivait pas à distinguer autre chose.

Un peu angoissé, Seokjin se recroquevilla encore en se tassant sur lui-même, comme s'il ne voulait plus qu'être une toute petite chose dans ce salon où il n'était que la seule âme présente. Le silence se fit oppressant, presque lugubre, accompagné par les pleurs du vent et les craquements de douleurs de la charpente.

Abysse  | n.jinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant