L'Histoire de ma Vie. Tome 1 : L'Héritière.

Chapitre 11 : Envole-toi !

6 Novembre 1841. Soir, 20H50.

Au pas de course, nous dévalions les couloirs sombres et sinueux du château. Chaque tournant, chaque croisement de couloirs était un nouveau risque, une nouvelle chance de tomber nez à nez avec des gardes. Le souffle court, je sentais mon cœur battre à toute vitesse, l'adrénaline et la peur mêlées dans un tourbillon étourdissant. Mais Jack, lui, avançait avec une aisance déconcertante. Ses pas étaient rapides assurés malgré ses blessures, comme s'il connaissait ces lieux mieux que personne. Ses yeux scrutaient chaque recoin avec vigilance, déjouant les pièges du labyrinthe de pierre qui semblait n'avoir aucune fin. Je le suivais aveuglément, enchaînant derrière lui sans poser de questions. Ma confiance en lui était totale. Son instinct, sa manière de se mouvoir, tout en lui inspirait une certitude que je n'avais jamais ressentie auparavant. Ses gestes étaient précis, calculés, et même dans l'urgence, il avait cette capacité à garder la tête froide, à anticiper les dangers avant qu'ils ne se manifestent.

Soudain, Jack ralentit. Nous venions d'atteindre une partie du château où les torches étaient plus espacées, plongeant le corridor dans une semi-obscurité inquiétante. D'un geste rapide, il m'intima de m'arrêter. Je m'exécutai immédiatement, me glissant derrière lui, respirant silencieusement. Le silence pesait, seulement rompu par le bruissement lointain des armures. Jack passa un bras protecteur devant moi, m'attirant un peu plus contre le mur glacé. Je retins mon souffle, sentant la pierre froide contre mon dos. Devant nous, un groupe de soldats venait d'apparaître au bout du couloir, marchant d'un pas rapide et déterminé. Mon cœur se serra alors que les hommes approchaient, leurs armures crissant dans le silence. Jack plissa les yeux, guettant leurs moindres gestes, prêt à intervenir au moindre signe de danger.

Les soldats passèrent à quelques mètres de nous, totalement inconscients de nôtre présence. Jack resta immobile, son corps tendu, jusqu'à ce que leurs silhouettes disparaissent au détour d'un autre couloir. Lentement, il relâcha la pression, laissant échapper un léger soupir.

– Ils sont partis, murmura-t-il, son regard toujours alerte. Mais ils peuvent revenir. Nous devons continuer.

Il se tourna vers moi, cherchant visiblement à évaluer ma condition. Il semblait toujours calme en apparence, mais je pouvais percevoir la tension qui irradiait de lui, prête à exploser à tout instant. J'acquiesçai d'un signe de tête, déterminée à ne pas montrer ma fatigue ou ma peur. Il fallait rester forte, avancer.

Jack observa rapidement les lieux, ses yeux parcourant les murs, le sol, comme s'il cherchait quelque chose. Je le regardai en silence, curieuse de comprendre ce qu'il avait en tête. Puis, il s'arrêta net, ses yeux se posant sur une porte en bois à moitié dissimulée dans l'ombre.

– Là, chuchota-t-il en me montrant la porte du menton. Il y a peut-être une issue par là.

Sans attendre, Jack s'approcha de la porte et en testa la poignée avec précaution. Un grincement sourd résonna dans le couloir, mais il s'avérait qu'elle n'était pas verrouillée. Avec une légère poussée, il l'ouvrit, dévoilant un passage étroit derrière. Une issue. Peut-être même une chance de quitter cet enfer.

– Vas-y en premier, murmura-t-il, surveillant encore une fois les environs.

J'obtempérai sans hésitation, me glissant à l'intérieur du passage. Le froid mordant de la pierre nue me saisit immédiatement, mais je continuai à avancer, espérant que ce chemin nous mènerait vers la liberté. Jack me suivit de près, refermant la porte derrière nous pour masquer notre fuite. Le passage était sombre et exigu, presque oppressant. Nous devions avancer en courbant légèrement l'échine pour ne pas heurter les plafonds bas. Le silence était total, seulement ponctué par nos pas précautionneux sur le sol de pierre. Une lueur d'espoir commençait à percer l'obscurité, mais je savais que la prudence restait notre meilleure alliée. Chaque seconde comptait.