Chapitre 10-2 : Un aller simple en prison.

9 0 0
                                    

Partie 2 : Le Garde des Îles du Sud.

6 Novembre 1841. Fin d'après-midi, 18H00.

Bien des heures s'étaient écoulées depuis notre emprisonnement. La nuit avait enseveli les lieux, nous plongeant toujours plus dans l'obscurité mordante des ténèbres et de ce ciel sans étoiles. Les Îles du Sud se faisaient austères et inhospitalières. Contrairement à Arendelle, aucun oiseau marin ne venait annoncer le retour des bateaux, le vent ne chantait pas entre les plaines et les monts, il n'apportait pas davantage les embruns des forêts dans son sillage. Ici, la nature était sauvage et abrupte au possible. Jack m'avait conté que longtemps avant la prise de pouvoir de Hans, les Îles étaient connues pour leur beauté et leurs merveilleux couchers de soleil. À présent, il ne restait plus rien. La nature avait brûlé sous l'influence néfaste du Roi.

Malgré les murs épais de nos geôles, nous pouvions percevoir l'agitation sourde du village. Pourtant, quelque chose n'allait pas. Aucun éclat de rire, aucun cri d'enfant ne parvenait jusqu'à nous. Les bruits que l'on percevait étaient ternes, presque mécaniques : des discussions à peine audibles, des échanges de pièces métalliques contre des marchandises, le tout dans une monotonie effrayante. La vie ici semblait être vidée de toute chaleur, comme si même la lumière du jour n'osait y pénétrer.

Je soupirai profondément, mon esprit dérivant vers Arendelle. Je me pris à rêver de ses rues animées, de ses marchés bruyants où les gens se chamaillaient joyeusement, des senteurs de pain chaud et des rires qui résonnaient jusque dans les ruelles pavées. Chaque seconde passée dans cette cellule froide me donnait davantage envie de fuir ce Pays maudit pour retrouver la liberté du Royaume du Nord.

Soudain, le grincement lourd d'une porte métallique interrompit mes pensées. Je sursautai, me tournant vers l'entrée de la prison. Un garde pénétra dans les geôles, sa silhouette se découpant à la lueur vacillante des torches. Il était grand, imposant, et portait une armure sombre, presque noire, qui lui donnait un air sinistre. Il avançait avec lenteur, ses bottes claquant sur le sol de pierre froide.

– Debout, ordonna-t-il d'une voix grave.

Je sentis un frisson glacé parcourir ma colonne vertébrale. Ses yeux, cachés sous l'ombre de sourcils broussailleux semblaient peser sur moi, comme s'il scrutait chaque parcelle de ma personne. Le crâne luisant à la lueur jaunâtre de sa torche et une barbe épaisse finissaient de lui donner un air redoutable.

Le garde s'arrêta devant la cellule de Jack, ignorant délibérément ma présence. Jack, assis dans un coin, releva lentement la tête, fixant le garde avec un mélange de défi et de méfiance.

– Jack Frost, commença le garde d'une voix rauque, tu es convoqué devant le Roi.

Jack ne répondit pas tout de suite, ses yeux glacés plongés dans ceux du garde, analysant chaque détail de son visage impassible.

– Et que veut-il de moi, répliqua-t-il enfin, un sourire sarcastique aux lèvres ? Je suis un Gardien, pas un de vos jouets de Guerre.

– Cela ne dépend plus de toi, répondit-il simplement, ignorant la provocation. Tu n'as pas le choix. C'est une question de diplomatie, ou de punition, cela dépendra de ta coopération.

– Je n'ai aucune intention de coopérer avec vos manigances, déclara-t-il calmement, mais chaque mot semblait chargé de menace.

– Nous verrons bien, Frost, gronda-t-il dans une esquisse de sourire, froid et calculateur.

– Laissez-le, grondai-je en me redressant brusquement, mon poing se serrant si fort que les chaînes me scièrent la peau.

L'homme se tourna vers moi, un sourire narquois étirant ses lèvres. Il ricana, sa voix remplie de mépris.

L'Histoire de ma Vie. Tome 1 : L'Héritière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant