Chapitre 19 : Absence.

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20 Décembre 1841. Matin, 7H10.

Spirit galopait depuis près d'une demi-heure, et se faisait tout aussi épuisé que moi après cette nuit éprouvante. Nous avions tous deux besoin de récupérer avant de reprendre la route vers Arendelle. Mon cheval haletait, et une douleur lancinante dans ma jambe me contraignit à faire halte au bord de la mer, dans une prairie recouverte de givre. Doucement, je mis pied à terre et laissai Spirit se coucher dans l'herbe tandis que je m'installais contre son flanc chaud. D'ici, Arendelle demeurait invisible, et son absence me pesait terriblement – je regrettais son lever de soleil, son atmosphère paisible du matin, ses paysages enneigés, tout ce qui contrastait tant avec l'austérité des Îles du Sud, désolées et désertiques.

Je poussai un soupir en regardant le ciel noir. Le soleil ne se lèverait que dans deux heures pourtant, j'imaginais déjà le ciel se teinter de couleurs pour annoncer l'aube. Avant le soleil, Elsa se lèverait, puis entrerait dans ma chambre pour commencer notre journée. Cependant, elle n'y trouverait qu'un lit vide et un message bien insuffisant pour justifier mon absence. Je savais qu'il ne me resterait guère de temps avant qu'elle ne découvre mon départ. La colère de la Reine ne tarderait pas, et je l'accepterai sans résistance : elle m'avait prévenue. Tromper la Reine était imprudent et s'accompagnait forcément de conséquences. J'avais trahi sa confiance, et même si je savais qu'elle serait blessée, j'avais pris ce risque en croyant réussir – pourtant, j'avais échoué. Ironiquement, je redoutais davantage la déception d'Elsa que la menace de Hans. Jamais elle ne me pardonnerait d'avoir ainsi brisé son estime.

Désabusée, je laissai mes yeux se poser sur la lune couchante tout en pansant mes blessures grâce aux quelques provisions de mon sac. Ce périple, bien qu'amer, m'avait au moins révélé que Hans maîtrisait désormais parfaitement ce pouvoir qu'il convoitait depuis longtemps, constituant une menace accrue pour Arendelle. Cela aussi était en partie de ma faute, mais j'espérais prévenir Elsa avant tout, avant que sa colère ne se déchaîne.

Fermant lentement les yeux, je pensais à la Reine. J'avais besoin de sentir une présence familière, de savoir comment elle se sentait. Sans effort, mes sens s'aiguisèrent, et je perçus le lien entre son esprit et le mien. Aussitôt, son trouble m'envahit : elle m'avait sentie durant la nuit, et elle était inquiète, troublée, effrayée.

– Je devrais aller voir May, je m'inquiète pour elle, murmura Elsa, la voix troublée, semblant perdue dans ses pensées.

– Ne t'en fais pas, elle a sûrement juste besoin de sommeil, répondit Jack, à moitié endormi. Laisse-la se reposer une heure de plus, et tout ira mieux.

– Très bien, tu as sans doute raison, soupira-t-elle en se résignant.

Dans un souffle, je coupai le lien et rouvris les yeux. Une heure de plus ne suffirait jamais. Même si nous partions immédiatement, Spirit aurait besoin d'au moins cinq heures pour rejoindre Arendelle, et la patience d'Elsa, bien qu'immense, ne suffirait probablement pas. Abattue, je passai la main sur l'encolure de mon cheval et lui tendis une pomme, qu'il s'empressa de croquer.

– Eh bien, mon ami, l'instinct d'Elsa est plus affûté que je ne le pensais, murmurai-je en l'observant manger. Nous ne serons pas de retour à Arendelle avant longtemps...

Spirit se redressa brusquement, me forçant à m'écarter tandis qu'il se secouait, dégageant le givre de sa robe humide. Avant que je ne réagisse, il saisit mon sac entre ses mâchoires, m'incitant à me préparer au départ avec un regard résolu. Bien que toujours étonnée par la vivacité de l'animal, je poussais un soupir résolu.

– Nous n'arriverons jamais à temps, chuchotai-je, bien que touchée par sa détermination.

Comme pour me contredire, il me donna un coup de tête dans l'épaule, insistant. Je ramassai mon sac avec un sourire, amusée par l'intelligence et l'audace de Spirit. Convaincue, je me hissai sur son dos, priant pour que mes soins sommaires suffisent à tenir jusqu'au retour. Sans attendre, il s'élança au galop, et je scrutai les environs pour trouver le meilleur endroit d'où nous pourrions quitter cette île. Mon ancien chemin de glace, qui menait aux portes du château, était hors de question – Hans l'avait sûrement détruit.

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