Chapitre 15-2 : Blessée.

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Partie 2 : La Traversée de la Nordsøen

8 Novembre 1841.Nuit, 2H13.

Je me réveillai en sursaut, haletante, les joues baignées de larmes. La réalité me revint peu à peu : j'étais toujours allongée entre Elsa et Jack, qui veillaient sur moi comme promis. Mon cœur battait encore la chamade, et l'angoisse de mon rêve demeurait, ses frissons glacés hantant mon esprit.

Désorientée et couverte de sueur, je me redressai, cherchant à distinguer rêve et réalité. En scrutant le mur face à moi, je vis du givre qui m'assura que tout cela n'était qu'un cauchemar. Réalisant enfin que ce n'était qu'un sombre mirage, je pris une profonde inspiration pour apaiser mon souffle tremblant. Elsa et Jack étaient bien là, endormis, ce qui m'apaisa davantage et calma peu à peu mon cœur affolé.

Le sommeil semblant hors de portée, je me levai lentement, consciente de mes blessures qui freinaient chacun de mes mouvements. Sans un bruit, je m'approchai d'une fenêtre pour contempler la mer calme sous la lueur de la nuit. Je restai ainsi, les bras croisés, absorbée par la lune dont la lumière me semblait apaisante, ranimant mes forces et apaisant mes tourments.

L'esprit clair, je me mis à repasser en mémoire tout ce qui s'était écoulé en une seule semaine : j'avais découvert des vérités sur Elsa et Jack, leur rôle, leur passé, et aussi le mien. J'avais exploré mes propres dons, appris à voler – un exploit insensé – et affronté Hans... et perdu. Un soupir s'échappa alors que l'avenir m'inquiétait bien plus qu'à mon arrivée dans ce monde. La peur de l'échec m'oppressait, de ce qu'une autre défaite pourrait signifier. Aujourd'hui, j'avais eu la chance de survivre, tout comme Arendelle qui n'avait pas subi cela en pleine Guerre.

Soudain, une main douce se posa sur mon épaule, me tirant de mes pensées. Sur le coup, je sursautai avant de croiser le regard compatissant d'Elsa, qui me souriait légèrement, avec une expression réconfortante.

– May, murmura-t-elle d'une voix douce, tendant une main pour caresser mon visage, me tirant peu à peu des ombres de mon cauchemar. Tu ne dors pas, demanda-t-elle, encore un peu ensommeillée ?

– Comme toi, apparemment, murmurais-je avec un sourire, son regard s'intensifiant sur moi. Ce n'était qu'un cauchemar, ajoutai-je à voix basse, haussant les épaules alors que son regard se posait sur le mur encore couvert de givre.

– Tu as fait un mauvais rêve, murmura Elsa avec tendresse. Veux-tu m'en parler, demanda-t-elle en se rapprochant, ses yeux accrochés aux miens ?

– Non, ça va mieux maintenant ; le temps en a dissipé les ombres, soufflai-je, bien qu'un frisson me traversait encore.

– Les cauchemars sont les reflets de nos peurs les plus profondes, dit-elle calmement. Je comprends cette peur, et je te conseille de ne pas la laisser envahir ton esprit. La peur l'aveugle et nous montre des choses qui ne sont plus la réalité. Tu as traversé bien des épreuves en peu de temps, souvent cruelles. Alors si tu ressens le besoin d'en parler, sache que je suis là, et Jack aussi, nous saurons t'écouter, ajouta-t-elle avec un sourire apaisant.

Surprise par sa sincérité, je notais silencieusement ses mots. Elsa semblait toujours comprendre même ce que je ne disais pas, comme si elle ressentait mes émotions aussi profondément que moi les siennes. Rassurée, je retournai à la contemplation de l'eau, la présence silencieuse de la Reine à mes côtés. En cet instant, elle avait abandonné toute distance, me laissant la ressentir pleinement. Ses pouvoirs, apaisants, communiquaient avec les miens, et je percevais malgré son calme apparent une inquiétude enfouie, sombre comme la nuit qui nous entourait.

L'Histoire de ma Vie. Tome 1 : L'Héritière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant