Partie 1 : Cachés en pleine mer.
7 Novembre 1841. Matin, 9H38.
Je progressai péniblement jusqu'à la porte du faux-pont, les vertiges m'envahissant alors que mes forces s'épuisaient. J'avais trop tiré sur mes réserves, et je sentais l'évanouissement me guetter. Le choc avait été violent, et les éclats de glace plantés un peu partout entravaient mes mouvements, tandis que le sang coulait le long de mon visage et de mon corps, intensifiant la douleur. Pourtant, une force obscure me poussait encore à avancer, même lorsque j'entendis Hans se relever derrière moi. Hâtivement, je saisis mon collier et, sans chercher le fermoir, le tirai d'un coup sec pour faire apparaître mon bâton. Sans plus attendre, je titubai vers l'extérieur, claquant la porte derrière moi.
À travers le faux-pont, j'avançai lentement, espérant ne croiser personne, m'appuyant lourdement sur mon bâton pour ne pas m'effondrer. Désorientée, le sang continuant de couler, je priais de toutes mes forces pour retrouver Jack et Elsa, les seuls sur qui je pouvais compter désormais. Ma vision se brouillait, et je tentais de suivre la trace de leur magie, craignant de m'égarer dans ce dédale de bois et de cordages.
Après de longues minutes de lutte et de souffrance, je descendis enfin vers les soutes aux vivres, un endroit isolé et rarement inspecté. À demi consciente, je me faufilai entre les barils de provisions et les sacs de grain empilés. Mon esprit embrouillé par les vertiges et les nausées, je n'avais plus de repères, ni de but précis, simplement un besoin désespéré de m'abriter. Mes genoux fléchirent sous mon poids, et, à bout de forces, je m'écroulai dans un bruit sourd parmi les réserves. Juste avant de sombrer totalement, j'entendis des bruits de pas précautionneux et perçus la magie apaisante de la Reine, familière et réconfortante. Avec un hoquet de surprise face à mon état, Elsa posa ses mains sur mon bras d'un geste rassurant, tandis que Jack vérifiait mon pouls.
– Il faut la mettre en sécurité, dit précipitamment le Gardien, la voix tremblante de peur.
Sans attendre, Elsa s'empara de mon bâton pendant que Jack me soulevait doucement, toujours avec cette même aisance. Suivant rapidement sa femme, il m'allongea sur le plan de travail qu'Elsa venait de dégager.
– Mon Dieu, que lui a-t-il fait, murmura Elsa, la panique et la tristesse se mêlant dans sa voix tandis qu'elle posait à nouveau sa main sur mon bras ?
– Je ne sais pas, répondit Jack, visiblement aussi inquiet qu'elle, tout en examinant mes blessures de plus près. Elle a besoin de soins, annonça-t-il. Je vais chercher de quoi la soigner, pourrais-tu dégager ses plaies ?
– Sois prudent, répondit simplement Elsa d'un signe de tête.
Les pas précipités de Jack s'éloignèrent, me laissant seule avec Elsa. Un soulagement me traversa en la voyant ainsi rétablie, chassant un peu le souvenir désagréable de son propre état de faiblesse. Lentement, la Reine se pencha sur moi, observant avec attention les éclats de glace qui m'entaillaient. Son inquiétude était palpable lorsque, mains au-dessus de moi, elle commença à extraire les morceaux de glace grâce à ses pouvoirs. Le moindre fragment retiré semblait m'arracher la peau. Le souffle court, chaque inspiration me faisait souffrir, aggravant la douleur dans mes côtes meurtries. L'effet des soins s'approchait plus de la torture que du soulagement, et je ne pouvais que laisser échapper de faibles gémissements pour exprimer ma douleur sous ses mains.
Le temps sembla s'étirer à l'infini, mais enfin, lorsqu'elle termina, je soupirai de soulagement, sentant mon corps se relâcher. Lentement, j'ouvris les yeux, malgré ma vision brouillée, et vis le regard d'Elsa, empli de peur et d'inquiétude. Jamais auparavant je ne l'avais vue ainsi ; d'ordinaire, elle était d'une inébranlable fermeté. Mais aujourd'hui, elle avait laissé tomber son masque de Reine implacable, me révélant ses vraies émotions. Je compris alors combien ma situation était grave.
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L'Histoire de ma Vie. Tome 1 : L'Héritière.
FantezieLorsque l'aventure de May Dawson commença, elle n'était âgée que de 16 ans. Sa vie était des plus tranquilles, parfois monotone, parfois injuste mais elle s'y complaisait ; bien qu'elle ne voyait devant elle qu'un avenir flou. Cependant, lors d'une...