L'Histoire de ma Vie. Tome 1 : L'Héritière.

Chapitre 17 : Je te vengerai.

19 Décembre 1841. Soir, 20H15.

Lorsque l'esprit de la Reine se concentra sur le souvenir qu'elle souhaitait, je sentis mon cœur s'emballer. Les images défilèrent devant mes yeux, d'abord troublés, puis paniqués, et enfin empreints de colère. Je vis Hans hurler sur Elsa, qui restait droite, malgré ses menaces. Il tournait autour d'elle, beaucoup trop près, cherchant à la faire céder. Son regard, insistant et vicieux, m'écœurait. Un sourire carnassier déformait le visage du Roi, forçant la Reine à reculer et à perdre progressivement son assurance. Elle heurta le mur derrière elle, et, dominée par Hans, tomba à genoux. Confiant, il s'agenouilla et saisit son menton, savourant sa soumission avec une exaltation évidente. Vicieusement, il se pencha et murmura des mots à son oreille que je ne comprenais pas, mais l'horreur sur le visage d'Elsa m'indiqua qu'il venait d'évoquer quelque chose de terrible. La peur marquait chaque trait de son visage, et je compris ses intentions. Il ne voulait pas seulement Arendelle, mais sa Reine, qu'importe la manière dont il l'obtiendrait.

Impuissante, je regardais la scène se dérouler devant moi, ma colère grandissant. Heureusement, Hans s'éloigna et continua à intimider la Reine pendant de longues minutes, se vantant de sa prise : la flotte d'Arendelle était précieuse, mais soumettre la Reine était bien plus gratifiant. Elsa souffrait, envahie par la peur, se sentant dégradée et brisée. Ce spectacle était un véritable supplice, et mon incapacité à intervenir le rendait encore plus insupportable.

Enfin, Elsa mit fin à cette vision, me permettant de m'extraire des tourments de son esprit. À bout de souffle, je me retirai, ressentant un poids lourd sur ma poitrine, comme une pression dans ma gorge. La colère contre Hans et contre moi-même me dévorait. J'aurais dû intervenir plus tôt, j'aurais dû l'écouter et rester au château. Sans moi, rien de cela ne serait arrivé. La culpabilité m'envahit à nouveau.

– Je suis désolée, murmurai-je sous le regard triste d'Elsa.

– Ne t'excuse pas, me répondit-elle doucement. Tu n'as pas à le faire, pas maintenant.

Affectée, je serrai les mâchoires, incapable d'accepter ce que je venais de voir, ce qu'Elsa avait vécu. Je comprenais maintenant pourquoi elle ne voulait pas en parler. Ce qu'elle avait enduré était trop lourd, trop brutal pour une jeune femme de seize ans. Mon premier réflexe fut de faire payer Hans, de venger la Reine, mais ma priorité devint Elsa. Je ressentais sa honte, sa culpabilité, sa colère, et je ne voulais pas la laisser seule face à tout cela. Bien que je n'aie pas vécu son calvaire, je le sentais en moi.

Sa colère était si intense que le sol sous ses pieds se gela lentement, s'étendant comme une traînée de poudre. Surprise de la voir ainsi perdre le contrôle, je retins ma respiration, tentant de faire redescendre ma propre rage. Tristement, Elsa baissa les yeux, les lèvres serrées, désemparée.

– Excuse-moi, murmura-t-elle d'une voix presque inaudible.

Ne sachant que faire de plus, attristée de voir Elsa dans cet état, consciente de l'ampleur de ce que ma curiosité avait provoqué, je me glissai finalement dans ses bras, partageant sa peine. Sans hésitation, elle me rendit mon étreinte, nous mettant sur un pied d'égalité, nous réconfortant mutuellement. Bien que je n'aie pas l'habitude de provoquer nos rares étreintes, cette fois, j'étais convaincue que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire, la seule chose sincère et juste. À cet instant, nous n'avions besoin que de cela. Sa confiance me réchauffait le cœur, mais me faisait aussi mal, car je savais maintenant ce qu'elle avait enduré, et je comprenais mieux son mal-être. La voir ainsi me rappelait son humanité, souvent masquée par son apparente froideur et sa force. Bien sûr, elle était plus forte que quiconque dans ce royaume, mais parfois, j'oubliais qu'elle aussi pouvait être brisée, qu'elle aussi pouvait chuter, même si je ne voulais pas le voir. La Reine n'était pas infaillible.