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Je me souviens d'un cours de philosophie au lycée. A l’époque, passionnée par la vie j’écoutais avec admiration les leçons du professeur, assise au premier rang.  Ce jour-là, la thématique abordée avait entrainé un brouhaha dans les rangs de la classe. La question était la suivante:

Sommes-nous capable de tuer par amour ?

Une grande majorité de la classe a pris le parti du NON, en développant sur le fait que la violence engendre la haine blablabla. J'avoue qu'à cette époque j'étais de leur avis, en débattant sur le fait que seule la justice avait les clefs en main pour juger un individu et qu’en tant qu’être humain nous ne pouvions pas rendre justice par nous-même. Aujourd'hui avec du recul et surtout avec mon vécu, mon opinion a quelque peu changé. Disons que j’ai découvert que le monde n’était pas manichéen, qu’il n’y avait pas les gentils d’un côté et les mauvais de l’autre. Aujourd'hui, en repensant à cette thématique, plusieurs questions fusent dans ma tête.
Sommes-nous vraiment aptes à juger de vie ou de mort d'un individu ? Devons-nous laisser nos sentiments guider nos choix ? A quel degré l'acte en lui-même est-il punissable ? Un meurtre, un viol, une injustice, une vengeance ? Avons-nous le droit d'être soit même juge et surtout d'appliquer la sentence requise ?
Tant de questions et tant de possibilités de réponse.
Je pense qu'avant de faire quoi que ce soit il faut savoir qu’une fois notre décision prise, il y aura forcément des conséquences et vous ne pourrez plus rien changer. Une fois la machine en marche, il devient impossible de décider du moment où elle doit s’arrêter. Quoiqu'il en soit je suis sûre d'une chose, la décision que je prendrai sera mauvaise. Mais ai-je vraiment d'autre choix ?

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L'immensité du chagrin de Liam était perceptible presque toute la nuit, il s’agitait dans tous les sens, transpirait, tremblait parfois. Il s’est réveillé à plusieurs reprises quant à moi je n’ai pratiquement pas fermé l’œil de la nuit, le sachant si tourmenté. Je sentais qu’il avait désespérément besoin de moi, si bien que pour calmer ses démons, il s’est perdu corps et âmes en moi de nombreuses fois. J'ai aimé cette pulsion, cette nécessité qu’il avait d’être contre moi, d'être en moi, de sentir que j’étais la seule à pouvoir l’apaiser. Il me serrait tellement fort contre lui qu’on aurait dit que sa vie en dépendait. J'ai adoré ce regard qu'il  a posé sur moi comme si je lui étais vitale. J'ai aimé tout ça et par-dessus tout je l'aime.

Lorsque mes paupières se décident enfin à laisser entrer la lumière, c'est pour y découvrir un lit vide. Liam est parti, je ne l'ai même pas entendu et il n’a pas voulu me réveiller. Je ne sais pas comment le prendre, si c’était pour me laisser dormir ou s’il préférait rester seul. Je me penche pour attraper sa montre sur la table de chevet : 7heures 20. Merde, je suis à la bourre ! J'attrape mes habits à la hâte,  les enfile en vitesse, m'arrête deux secondes devant le miroir et rougis en me rappelant la scène qui s’est déroulée quelques heures auparavant. Je porte ma main à mon oreille, puis à ma gorge et la serre doucement en me remémorant la sensation que Liam a laissée derrière lui. Est-ce normal d'aimer ce genre de choses ? Du sexe brutal comme il l'appelle si bien. Je n’ai pas vraiment le temps d’y réfléchir mais je ne remets pas en question l’immense plaisir que j’ai ressenti. Un dernier coup d’œil à la montre : 7heures30 et je vois qu’on est le 24 décembre. Comment est-ce possible ? Je n’ai pas vu le temps passer, je ne m’étais même pas rendu compte que Noël était déjà arrivé. J’entendais bien les autres parler des cadeaux à acheter, du sapin, des décorations hivernales mais je ne me doutais pas qu’on y était déjà. A vrai dire, je ne porte pas d’attention particulière à cette fête mais Liam oui… Et je ne lui ai même pas acheté de cadeau. J’essaierai d’y réfléchir dans la journée, en attendant je dois me dépêcher si je ne veux pas me faire virer. Je sors par la baie vitrée et vérifie à plusieurs reprises que personne ne rode dans les parages. Rien à l'horizon, à part de la neige recouvrant le sol, offrant un paysage idyllique. Je respire profondément et inspire à grande bouffée l’air frais d’hiver qui me fait du bien. Je rejoins la maison des femmes de ménage en accélérant le pas, cours dans les escaliers pour rejoindre ma chambre. En ouvrant la porte, je lâche un cri de panique en voyant Victoria posée sagement sur mon lit à m’attendre.

ALIE Tome 1 Et 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant