Tome 2 Chapitre 14

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Déjà une semaine s'est écoulée depuis le jour où j'ai eu droit à mon premier « je t'aime ». Autant dire que Liam n’a plus jamais abordé le sujet et qu’il ne me l’a pas répété mais je ne me pose plus autant de questions. Je me trouve sur le chemin de la guérison et je commence à entrevoir la vie différemment, je ne laisse plus le passé me sombrer dans la tristesse. A l’inverse, l’humour qui faisait partie intégrante de ma vie refait surface aujourd’hui et je me sens de plus en plus libérée dans la vie quotidienne.

Après l’appel qu’a reçu Liam la semaine dernière, nous avons quitté Fréjus dans la soirée qui a suivi pour rejoindre l’Angleterre.  Il m’a expliqué que son entraineur ainsi que le staff ne toléraient plus son manque d'assiduité et qu’il s’agissait du dernier avertissement avant que Liam ne se retrouve sur le banc de touche pour le reste de la saison. Il paraissait frustré et je me suis sentie coupable de l’avoir mis en mauvaise posture avec son travail, une nouvelle fois. Je refuse d’être un frein à son succès et je l’accompagnerai dans chacun de ses choix professionnels et personnels. D’ailleurs, j’étais bien contente de quitter ma ville natale, j'y ai vécu de bons souvenirs mais également les pires de ma vie. De plus, rester proche de « monstre » me dégoûte, je préfère m’en éloigner le plus possible, m’écarter de ce fléau qui m’a empoisonné bien trop longtemps. Je me focalise sur le fait qu’il se trouve allongé, dans un lit d'hôpital, malade, attaché et surveillé jour et nuit. Il est désormais temps pour moi de tirer un trait définitif sur ce chapitre de ma vie qui n’a que trop duré, l’heure du renouveau a sonné !!!

........................…………….

-Encore dans cette chambre, me sort de ma rêverie l'homme de vie en m'étreignant par derrière. Je te répète qu’on peut entièrement la refaire ensemble si tu veux, ajoute-t-il en déposant un baiser dans mon cou.

-Mais non voyons, répliquai-je en caressant ses bras croisés sur mon ventre. Elle me plait beaucoup, c’est mignon, beau…

-Mais... ? m’interrompt-il en me retournant pour lui faire face.

La vérité c’est qu’en rentrant en Angleterre et en découvrant la chambre du bébé magnifiquement décorée, je me suis sentie blessée dans mon amour-propre. Liam avait les yeux pétillants en me parlant des travaux effectués et des achats pour cette pièce. Je suis consciente que je me trouvais avec lui mais il ne s’agissait pas vraiment de moi, je n’étais pas pleinement consciente de mes actes puisque j’avais le raisonnement d’une adolescente. Ce qui m’attriste le plus, c’est de me rendre compte que je suis passée à côté de ce moment très important, celui où l’on décide de concevoir la chambre de notre premier enfant. Cependant, je refuse de détruire tout le travail abattu uniquement pour me donner bonne conscience. De toute façon, j’ignore si j’aurais été capable de prendre les travaux en charge, je ne voulais même pas en entendre parler.

-Mais rien, objectai-je en attrapant un petit ours en peluche posé sur le lit en bois blanc et en esquissant un sourire que j’espère convaincant avant de me retourner.

-Je te connais, me défie-t-il du regard,  et je sais qu'il y a un « mais », alors tu m’expliques ou je vais devoir utiliser la manière forte, lance-t-il avec un petit air malicieux.

-La manière forte ? répétai-je en relevant un sourcil. Et qu’est-ce que tu entends au juste par « la manière forte » ? lui demandai-je en croisant mes bras en haut de mon ventre et par la même occasion en créant un Wonder bras naturel, ce qui ne manque pas de tomber sous l'œil affuté de mon petit ami coquin.

-Euhhh….jeee….

-Arrête de bégayer comme ça, pouffai-je en le tapant avec la peluche.

-Tu es tellement belle, la grossesse te va à ravir ma petite femme, souffle-t-il en m'embrassant sur le front.

Je baisse la tête, flattée par ce compliment qui me touche profondément car depuis mes kilos nouvellement acquis, ma confiance en moi a quelque peu chuté.

-Oui mais si seulement il n'y avait que mes seins qui aient doublé de volume. Je grossis de partout, mes cuisses, mes bras, mon ventre…

-Je m’inquièterais si ton ventre ne gonflait pas, sourit-il taquin.

-Haha, très drôle, ironisai-je en levant les yeux au ciel. Tu dois comprendre que je n'aurais sûrement plus le même corps qu’au début de notre relation. Je suis certaine que lorsque je ne porterai plus ton enfant, tu me regarderas différemment, avouai-je sans douter de son amour pour moi.

-Viens ici, m’attrape-t-il le bras en me serrant contre lui. Tu seras toujours aussi magnifique pour moi, tu sais que tu ne dois jamais en douter. J’aime ton corps, tes seins, ton ventre, tes fesses, tes cuisses, explique-t-il en passant une main sur chaque partie qu’il vient de citer. A part ton ventre et tes seins, il n’y a pas énormément de changements je t’assure. Et puis, c’est la preuve que notre fils continue de grandir et qu'il vit.

-Et voilà, encore une fois c'est moi l'enfant et toi l'adulte, râlai-je en levant les yeux au ciel. Je ne cesse de me plaindre, tu sais ce qui m'aiderait vraiment à surmonter tout ça ?

-Tout quoi ? Ton corps sexy? Sourit-il de nouveau avec ce petit air coquin.

-Non il n'y a pas que ça…confessai-je en proie à une stupide frustration.

-Ah on y vient à mon « mais », se réjouit-il.

-Non, enfin oui, bredouillai-je. C’est juste que j’ai l’impression que tu as emménagé cette chambre de bébé sans moi, avec quelqu’un d’autre alors que c’est complètement idiot de réagir de cette manière.

-Mon amour, tu es tellement belle quand tu es jalouse, affirme-t-il en me caressant la joue.

Je relève brusquement la tête pour plonger mon regard dans le sien. Même lorsque mes propos sont complètement insensés, il parvient tout de même à me décoder.

-Comment as-tu compris que…commençai-je avant d’être interrompue.

-…que tu étais jalouse ? s’amuse-t-il.

Je hoche la tête en signe d’approbation sans quitter ses yeux. Il me surprend de plus en plus et je ne m’étais pas aperçue qu’il lisait aussi bien en moi, jusque dans le moindre de mes retranchements.

-Je le sais, c’est tout. Je te connais mieux que personne, ça ne s’explique pas.

-Donc tu ne me prends pas pour une folle, le taquinai-je rassurée.

-Euhhh, disons qu’on mettra ça sur le compte d’Alibi, réplique-t-il en nous plongeant dans un fou rire. On a tellement rigolé avec « ton autre toi » qui croyait vraiment qu’on allait l’appeler comme ça.

-Tu le fais exprès là, rouspétai-je en lui assénant une tape sur l'épaule et en quittant la chambre pour rejoindre la cuisine et me servir un verre d'eau.

J’entends Liam me suivre dans mon dos et j’apprécie l’humour dont il fait preuve pour me remonter le moral.

-Allez, arrête d'être jalouse de toi-même, raille-t-il en s’arrêtant juste devant moi vers le plan de travail.  Au fait, tu parlais d'un truc qui pourrait t'aider, à quoi pensais-tu ? s’enquiert-il un peu plus sérieusement. Tu sais que je ne peux rien te refuser mon amour, ajoute-t-il en me piquant mon verre d'eau et en buvant à son tour dedans.

Ah oui, j’avais oublié. Surtout que je pense que cette proposition pourrait également lui faire plaisir.

-Je me disais que je pourrais retourner chez nous, dans notre maison sur la falaise pour…

-NON !!!! tranche-t-il d’un ton soudainement sévère.

-Comment ça, non ? répétai-je stupéfaite par la virulence de sa réponse.

Je croise mes bras en m’appuyant sur le plan de travail tandis qu’il m’a tourné le dos afin de déposer le verre dans l’évier. Je l’entends soupirer et je vois ses épaules s’affaisser un peu, je comprends qu’il tente de se maitriser. Liam se retourne de nouveau pour me faire face avec une moue torturée et il reprend la parole.

-Alie, c’est trop risqué, soupire-t-il. L'avion, le bébé, la route, tout ça va te fatiguer et tu as besoin de repos.

-Je sais que tu t'inquiètes pour moi, insistai-je, mais si je demande au docteur...

-Non Alie ça suffit, je ne reviendrais pas sur ma décision. Et de toute façon, je ne peux plus m'absenter sinon ma carrière tombe à l’eau, ajoute-t-il en quittant la cuisine pour enfiler ses Balenciaga noires assorties avec son pantalon de jogging Balmain.

-Je voulais juste décorer la chambre du bébé, murmurai-je clouée sur place devant son ton ferme et définitif.

Cela ne lui ressemble pas de décider ainsi sans discuter. L’ancien Liam agissait de cette manière lorsqu’il portait son masque de froideur mais avec moi il n’a jamais réagi ainsi. Je le vois s’approcher et s’accroupir devant moi pour croiser mon regard fixant le sol.

-Ecoute, il ne nous reste que quelques mois à vivre ici, je te propose de patienter un peu et ensuite, je te promets que nous retournerons en Espagne, on reconstruira une nouvelle maison si tu le souhaites, dix fois plus grande même...

-…notre maison me plait, le coupai-je. Et puis tu sais très bien que je n'ai jamais été attirée par la grandeur des choses ni par l’argent.

-Bien sûr, mais je travaille dur pour être aussi performant et je veux pouvoir t’offrir le meilleur et tout ce dont tu rêves.

Il passe sa main dans ses cheveux de manière frustrée et gênée tandis que j’écoute attentivement ses justifications.

-J’aimerais qu’on se pose un peu, qu’on profite de notre bulle et puis rien ne presse pour refaire la chambre là-bas, ajoute-t-il. Juste quelques mois et après je te jure que je t’emmène au bout du monde si tu le désires, me promet-il les yeux plein d’espoir.

Je lui suis reconnaissante de me proposer une autre alternative, d’échanger comme un vrai couple afin de discuter de notre avenir ensemble.

-Je n’apprécie pas l’autorité dont tu as fait preuve avec ton NON catégorique, avouai-je bien qu’il se soit repris ensuite.

-Il faudra bien t'y faire « femme », plaisante-t-il en jouant les machos.

-Pars de là avant que je ne t'assomme, répliquai-je en levant les yeux au ciel et en le bousculant d’un petit coup de pied.

-Allez, cette fois-ci je dois vraiment y aller, réplique-t-il amusé.

Il se redresse et m’embrasse sur le front avant de rejoindre le salon. Je le suis, le contemplant amoureusement car j’aime cet homme plus que tout au monde. Il attrape son sac de sport et se dirige vers la porte avant de se retourner vers moi.

-Au fait, je rentrerais plus tard que prévu ce soir, ne t’inquiète pas. Le club organise un repas et je suis obligé d’y assister même si ça ne m’enchante pas vraiment, m’annonce-t-il en faisant la moue.

-D’accord et les joueurs ne ramènent pas leurs femmes dans ce genre de réception? demandai-je sans mauvaise pensée mais par simple curiosité.

-Euh, je suppose que certains les amènent mais…

- …mais tu as honte de transporter une baleine avec toi, dis- je sur le ton de la plaisanterie afin de masquer le pincement qui vient de me serrer le cœur.

-Mais non Alie, je te répète que ton corps est parfait. C’est juste que je ne veux pas t'exposer aux yeux de tous, se justifie-t-il brièvement. J'y vais cette fois ou je vais vraiment me mettre en retard, fais attention à vous deux, lance-t-il avant de franchir le seuil de la porte et la claquant au passage.

Je me retrouve seule, sans avoir eu le temps de comprendre ce qu’il venait de se passer. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvre à nouveau, Liam entre, jette immédiatement son sac de sport et se dirige dangereusement vers moi avec son regard de prédateur dont je raffole. Je le dévore des yeux, oubliant la scène précédente et mon cœur bat à chacun de ses pas précipités martelant le sol. Il me rejoint en quelques secondes et pose immédiatement ses lèvres voluptueuses sur les miennes. Je me laisse entraîner par l’ivresse que ses baisers me procurent tandis qu’il faufile sa langue entre mes lèvres. Il ne m’en faut pas plus pour enflammer tous mes sens déjà bien en alerte à cause de mes hormones en ébullition. Il m’attrape la nuque fougueusement pour m’approcher au plus près de lui, nos corps se resserrent et je passe une jambe derrière la sienne. L’ardeur de ses baisers me rend folle, déclenchant une vague de frissons dans chaque parcelle de mon corps, je fourre mes mains dans ses cheveux, incapable de résister devant tant de désir. Les caresses de Liam passent de mon cou à mes seins, mes hanches, mes fesses et je recule sans briser notre étreinte afin de nous diriger vers notre chambre. Je sens sa main retenir mon dos pour m’interrompre et il retire d’une lenteur extrême ses lèvres enivrantes des miennes.

-Désolé mon ange, mais ça sera pour ce soir, je dois vraiment partir, se justifie-t-il en m’embrassant furtivement.

Il s’apprête à reculer mais j’attrape son sweat de manière possessive. Je ne veux pas que notre étreinte se brise, j’ai envie de lui et je serais capable de l’embrasser encore des heures.

-Je ne suis pas d'accord, tu joues avec les nerfs d’une femme enceinte, menaçai-je en le regardant les yeux débordant de désir.

Il passe sa langue sur ses lèvres en reluquant les miennes, comme s’il luttait intérieurement. Ses yeux trouvent les miens et il finit par esquisser un petit sourire victorieux.

-Tu te souviens quand je t'ai dit « la manière forte », tu en découvres une partie, me défie-t-il toujours avec cette mine sournoise.

-Ah tu joues avec le sexe c'est ça ? objectai-je. Nous verrons qui gagnera à ce petit jeu, le provoquai-je frustrée qu’il se soit écarté de moi pour récupérer son sac de sport.

Il me lance un clin d’œil coquin, plus amusé que jamais et quitte une fois pour toute la maison. Un petit coup se fait aussitôt ressentir dans mon ventre et je pose instinctivement mes mains dessus.

-Tu as raison, je vais me réveiller, il ne s’en tirera pas comme ça.

................................................

-Et ben dis-donc, pour une surprise c'en est une sacrée !! s’exclame Andy en m’apercevant franchir le seuil du salon de thé.

Toujours égale à elle-même, joyeuse, souriante, ses cheveux blonds relevés en une queue de cheval effet coiffé-décoiffé.

-Salut Andy, répliquai-je en la rejoignant et en acceptant les bras qu’elle me tend.

Andy sent toujours cette bonne odeur fruitée, de fraise, framboise ou cerise, un parfum très rafraichissant dans lequel je me sens en sécurité.

-Plus de nouvelles, rien, j’ai même été chez toi et le gardien m’a dit que tu n’étais pas rentrée depuis un moment, râle-t-elle pour dissimuler la panique qu’elle a pu ressentir. Je te serre dans mes bras mais ne va pas croire que tu es excusée ma jolie, sourit-elle en m’étreignant de nouveau.

Je la presse également contre moi, heureuse de retrouver enfin un visage familier et sur lequel je peux compter.

-Je suis vraiment désolée, tout va bien, ne t’inquiète pas. C’est une longue histoire, ricanai-je nerveusement en m’apercevant qu’elle se trouve à mille lieux d’imaginer ce qui m’est arrivé.

Elle ne répond pas, Andy n’insiste jamais lorsqu’il s’agit de ma vie privée sauf pour me taquiner à propos de Liam. Mais derrière sa facette un peu fofolle se dissimule une femme avec une générosité et une grandeur d’âme incomparables. Je salue les quelques habitués du salon, me dirige vers le bar pour m'y installer et fouille du regard un peu partout à la recherche de Mac.

-Le patron n’est pas là aujourd’hui, m’explique-t-elle en essuyant les verres mouillées à l’aide d’un essuie-main. En ce moment, il court dans tous les sens entre les banques, les commerciaux… Il essaie de trouver un moyen pour essayer de relancer un peu la clientèle, et il faut dire que nous ne sommes plus tous jeunes. Et je ne parle pas que du salon, ajoute-t-elle en indiquant la cuisine, SI TU VOIS CE QUE JE VEUX DIRE, insiste-t-elle pour que le cuisinier entende.

-J't'ai entendu Andy et je t'emmerde ! hurle Nate aux fourneaux.

Je lève les yeux en ciel en souriant devant ces deux gamins qui jouent encore au chat et à la souris depuis surement des années maintenant.

-Je l'aime bien moi ce salon, il respire la convivialité et je m’y suis toujours sentie chez moi.

En réalité, j’adore absolument tout dans cet endroit : le mur en ardoise derrière le bar sur lequel sont écrits à la craie ce que nous proposons, les petits cadres marron clair où se trouve la spécialité du jour, la vitrine en bois blanc ancien sur laquelle sont exposées toutes nos pâtisseries, les lustres fabriqués à la main à partir de bocaux en verres au couvercle métallique, le parquet en chêne massif qui craquelle parfois, les murs gris, tous ces éléments apportent du cachet à ce lieu accueillant.

-Je ne pense pas que l’on puisse ressentir cela dans des bars qui respirent le neuf, dans lesquels aucune âme ne transparaît, où nous ne nous sentons pas à notre aise.

-Il faut croire que tout le monde ne partage pas ton avis, baisse-t-elle la tête affligée par la baisse de clientèle depuis un quelques temps. Bon allez, se remotive-t-elle en souriant pour donner bonne figure devant les habitués du coin, tu n’es pas venue ici pour qu’on se morfonde je suppose, me taquine-t-elle. C'est à cause de lui ? s’enquiert-elle doucement d’un regard inquiet et bienveillant.

Je jette un coup d’œil aux alentours et m’approche d’elle pour que personne ne nous entende.

-En partie, j'ai eu quelques soucis avec ma grossesse, avouai-je pour la première fois en me libérant de nouveau de tous ces secrets qui m’oppressaient. Il a fallu que je me fasse opérer d’urgence et il y a eu quelques complications, j’ai perdu la mémoire momentanément et ce n’a pas été facile pour Liam d’ailleurs, ajoutai-je.

-Oh non, ce n'est pas possible !! s’alarme-t-elle en me prenant la main  sur le comptoir qui nous sépare.

-Andy un café stp ! braille un client au bout de a pièce. Ca fait deux fois que je te demande.

-Oh va chier Tobby, bougonne mon amie. Viens te servir ou attends deux minutes, tu vois pas que je discute là ? rouspète-t-elle comme à son habitude.

- Tu es certaine que le problème vient uniquement des vieux meubles ? remarquai-je en pouffant de rire.

-Rho fais chier, rechigne-t-elle en levant les yeux au ciel. Bon, je fais un tour de salle, sers toi je reviens tout de suite, m’annonce-t-elle en se dirigeant vers les tables occupées.

Je me lève aussitôt, commence à me préparer un bon milk-shake chocolat et retourne à ma place lorsque je ressens une vibration dans ma poche. En apercevant le nom affiché, un énorme sourire envahit immédiatement mon visage.

-Coucou ma vie, comment vas....

-Où es-tu ? me coupe Liam d’un ton sévère.

Bon sang mais c’est quoi son problème ?! Déjà ce matin je n’ai pas apprécié la façon dont il m’a parlé mais j’ai passé l’éponge puisqu’il s’est repris mais là, ça commence à faire beaucoup.

- Euh ok, déjà tu vas commencer par te calmer… Bonjour...

-Pas de bonjour, on s'est vu ce matin. Où t’es ? insiste-t-il en commençant à me faire paniquer.

-Pourquoi ? Que se passe-t-il ? demandai-je en épiant partout autour de moi sans trop savoir pourquoi.

-Mais y a rien ! Calme-toi, ce n’est pas bon pour le bébé.

Il se fou de ma gueule ? Je n’arrive vraiment pas à le suivre aujourd’hui et il commence sérieusement à m’exaspérer.

-Ce n’est pas bon pour TOI tu veux dire, répliquai-je irritée. C’est quoi ton problème ? Déjà ce matin et puis là tu me refais une scène, tu as besoin d'affirmer ta virilité ou quoi ? m’emportai-je.

Je n’accepterai jamais qu’un homme me parle de cette manière. J’ai vu ma mère s’émanciper de tout homme depuis que mon père nous a abandonnées, elle ne s’est jamais laisser faire et je compte bien suivre son exemple.

-Arrête de dire n’importe quoi, grandis un peu Alie. Et puis, tu ne penses pas que c'est légitime pour moi de m'inquiéter après tout ce qu'on a vécu ? poursuit-il sans baisser de ton.

-Putain mais on a dit qu’on passait à autre chose et qu’on avançait. Arrête un peu de remettre ça sur le tapis et fou-moi la paix !

Oups… J’ai peut-être été un peu trop loin mais il faut vraiment qu’il comprenne que je refuse de vivre dans la peur. Je me sens enfin libérée de toutes les barrières que je m’imposais, ce n’est pas pour qu’il m’en dicte de nouvelles.

Je l’entends soupirer au bout du fil de manière plus qu’énervée et je l’imagine bien en train de passer la main dans ses cheveux. Il prend quelques secondes avant de reprendre la parole.

-Tu vas me dire immédiatement où tu es sinon…

-Sinon quoi ? l’interrompis-je. Je rêve ou tu te mets à me menacer ? Va courir après ton ballon, ça va te détendre et après tu reviendras vers moi, fulminai-je folle de rage.

En temps normal, je n’aurais sûrement pas réagi de manière aussi virulente mais je pense que mes hormones de femme enceinte me jouent des tours et décuplent mon irritabilité. Une fois le téléphone coupé, je le martèle doucement sur le comptoir d’un geste nerveux et le reprends pour écrire un texto.

« Et n'essaye pas de me rappeler ou j’éteins le portable. »

-On dirait bien que joli cœur a pris cher, me taquine Andy alors que je ne suis vraiment pas d’humeur.

Je la vrille du regard alors qu’elle n’y est pour rien mais je ne parviens pas à me calmer. Elle lève les mains d’un geste de défense, toujours avec cette décontraction propre à elle.

-Je disais ça comme ça, j’ai des témoins qui pourraient appuyer mes suppositions. D’ailleurs, retournez tous à vos petites affaires, le spectacle est terminé, clame-t-elle à tous les clients présents dans la salle qui nous observent.

Je rougis instantanément en m’enfonce dans mon siège, en rentrant ma tête dans mon cou pour me cacher du mieux que je peux.

-Oh la honte, j’ai parlé trop fort ? m’enquis-je déconfite auprès d’Andy.

-Nonnn t'inquiète, je suis sûre que le monsieur au bout là-bas ne t'a pas entendu, ironise-t-elle.

-Siiiii, j'ai entendu, braille ce dernier. D’ailleurs, ne te laisse pas faire Alie ! s’exclame-t-il en prenant ma défense.

-Tu ne veux pas la fermer un peu Randall ? réplique mon amie avant de reporter son attention sur moi. Qu’est-ce qui ne pas va pas ? Tu veux en parler ? Il n’assume pas la paternité ? m’interroge-t-elle plus tourmentée que curieuse.

-Non, c’est pas ça…murmurai-je en baissant la tête et en triturant mon téléphone placé entre mes mains.

-Il ne veut pas que tu sortes ? retente-t-elle.

-Non, enfin si en quelque sorte, corrigeai-je. C’est juste qu’il est très protecteur et…bredouillai-je.

-Où est le mal Alie ? me raisonne-t-elle. Il tient énormément à toi et il s’inquiète pour toi parce qu’il t’aime. Il n’a pas besoin de le dire, je l’ai vu juste à sa façon de poser son regard sur toi, tous les hommes ne sont pas comme ça ma jolie.

-Je sais bien Andy mais...

-Mais quoi ? me sermonne-t-elle. Il te bat ? Il te trompe ? Il t’empêche de vivre tes rêves ? Il te rejette parce que tu es enceinte ?

Je réponds non de la tête sans oser la regarder car je suis consciente qu’elle a tout à fait raison et que j’ai de la chance de pouvoir autant compter sur Liam.

-Alors quoi ? Ecoute moi Alie, j’ai le double de ton âge et je ne suis tombée que sur des hommes qui me maltraitaient aussi bien physiquement que psychologiquement. Des ivrognes, des pantouflardes, des infidèles, il y en a à l’appel mais des mecs comme le tien je t’assure que ça ne court pas les rues donc ne te prends pas trop la tête pour des broutilles, se radoucit-elle en voyant ma gêne augmenter petit à petit. Personne n'est parfait ma jolie, il faut apprendre à vivre avec les défauts de l'autre, conclut-elle avec un sourire presque maternel.

-Tu n’es pas censée me soutenir MOI et pas lui ? la taquinai-je pour détendre un peu l’atmosphère.

-Justement, c'est ce que je fais ma belle, affirme-t-elle en passant sa main sur ma natte tressée sur le côté.

Je parviens à me calmer devant la sagesse de ses propos et réalise que j’ai peut-être été un peu trop cassante avec lui.

-Je pense que je suis à bout de nerfs, je suis épuisée…

-Tu ne réagis pas de la même manière que d’habitude mais ce n’est pas de ta faute, les hormones peuvent te rendre lunatique en moins de dix secondes. C'est normal, tu es enceinte

-D'ailleurs, je file aux toilettes pour la millième fois de la journée, annonçai-je en rejoignant l’arrière-boutique en courant.

-File, je nous sors un fondant au chocolat, on se racontera nos misères en l’engloutissant, blague-t-elle.

En retournant dans la salle, je réfléchis à mon attitude. Andy a sûrement raison, nous avons tous des défauts et Liam s’est inquiété pour moi depuis tellement longtemps que ses réflexes surprotecteurs ne peuvent pas disparaître en un claquement de doigts. Je le comprends bien, cependant j’ai si souvent vu mon père maltraiter maman que je me suis jurée de ne jamais laisser passer le moindre débordement. J’attends qu’il se calme un peu et je l’appellerais dans l’après-midi pour prendre un peu de ses nouvelles. Je rejoins Andy et la découvre en train de s’empiffrer d’une part de gâteau au chocolat.

-Et ben dis donc, je vois que certains se font plaisir, la charriai-je en croisant les bras d’un air réprobateur.

-Tu étais trop longue et je n'ai pas pu me retenir, baragouine-t-elle la bouche pleine de chocolat.

Je lève les yeux au ciel en souriant et m’installe à côté d’elle.

-J'aimerais bien t'y voir toi.  Allez, pousse-toi de là et laisse-moi une petite place.

Elle se décale un peu et je savoure cette délicieuse pâtisserie comme s’il n’y avait rien de meilleur au monde. Je raconte à Andy quelques-unes de mes épopées – pas toutes, je ne veux pas qu’elle me prenne pour une folle. Je lui avoue qu’il s’agissait d’une période très difficile pour moi, que j'ai perdu un enfant, que celui que je porte présente un problème cardiaque,  que j’ai perdu ma mère depuis quelques années maintenant. Elle n’insiste pas et ne s’attarde pas en posant trop de questions, ce qui ne me m'oblige pas à lui mentir. Je me livre en lui expliquant que j’appréhende fortement le fait de donner la vie dans peu de temps, de ne pas pouvoir partager ce moment si capital avec ma mère, que je ressens vraiment son absence depuis le début de ma grossesse. Je l’ai vu à plusieurs reprises essuyer ses yeux avant que les larmes ne se mettent à couler et je m’aperçois que j'avais vraiment besoin de lui faire part d’une partie de ma vie. Je ne mentionne pas l’existence de monstre, ni la perte de ma tante, ni celle de ma sœur. Je pense souvent à elle ces derniers temps, je ne cesse de me poser des questions. Où est-elle ? Qu’a-t-il pu lui arriver ? Qu’est-ce qu’elle serait devenue si elle n’avait pas disparu ? Ce sont des interrogations que je transporterais jusqu'à mon dernier souffle.

-Enfin bref, j’ai décidé de prendre la vie du bon côté et de la vivre à fond. Quant au reste...

-….qu'ils aillent se faire foutre, m’interrompt une voix dans mon dos.

Je me retourne en sursaut et tombe nez à nez avec Liam. Je réprime le sourire qui menace de trahir la joie et le soulagement de le voir ici et je me fais violence pour rester à ma place et m’empêcher de me lever pour lui sauter au cou. Il avance timidement vers moi et je distingue son regard à moitié caché par la casquette qu’il porte. Il s’arrête juste devant moi, retire sa casquette, la triture entre ses mains et se racle la gorge.

-Euhh, ton amie m'a appelé, elle m’a prévenu que tu te trouvais ici alors…

-Andy c'est toi ? me retournai-je brusquement pour regarder ma collègue. Mais comment… ? Mon téléphone ? bafouillai-je perdue. Tu l'as rallumé quand j'étais aux toilettes…compris-je enfin.

-Un café ? Bien fort ? propose-t-elle à Liam en m’ignorant royalement en pivotant vers la cafetière.

-Avec plaisir, merci Andy, réplique-t-il.

Je la sens déjà toute émoustillée du fait que Liam l’ait appelé par son prénom. Il faut vraiment que je lui arrange un coup avec Nate. Je lui suis tout de même reconnaissante pour ce qu’elle a fait pour moi, j’avais sûrement trop d’orgueil pour rappeler Liam alors que j’en mourais d’envie. Ce dernier prend place sur le siège à côté du mien, dépose sa casquette sur le comptoir et jette un coup d'œil sur mon assiette vide.

-Tu avais besoin de réconfort ? sourit-il timidement en tentant de minimiser la tension palpable entre nous.

-Peut-être bien, répliquai-je brièvement en essayant de garder un air renfrogné.

-Ecoute Alie...commence-t-il en prenant ma main entre les siennes.

- Et voilà ton café....fortttt !!! nous interrompt Andy en faisant un clin d’œil à mon compagnon.

Allez, ça recommence les œillades admiratives. Ahh celle-là, elle n’en rate pas une !

-Andyyyy !!!! grognai-je en levant les yeux au ciel tandis qu’elle lève de nouveau les mains devant elle en signe de défense.

-Ok ok, j’ai compris. Je vous laisse, si vous avez besoin de moi, je serais au fond de la pièce, insiste-t-elle en continuant de lui sourire, ne m’aidant pas à garder mon sérieux.

-Ton amie est…spéciale ? reprend Liam, un petit sourire en coin en la pointant du regard.

-Oui assez, éludai-je. Qu’est-ce que tu voulais dire ? m’enquis-je en me maitrisant pour paraître encore vexée par son comportement.

Il se gratte l’arrière de la tête d’un air gêné et me reprend la main.

-Ecoute je suis désolé si j'ai été trop...

-Con ? le coupai-je subitement prise dans mon élan.

-J'allais dire autoritaire mais je crois que je le mérite bien après tout, sourit-il faiblement. Désolé de m’être comporté de cette manière, c'est nouveau pour moi aussi. Je fais vraiment des efforts pour moins m’inquiéter pour toi mais ce n’est pas simple. Je sais bien que nous avons décidé d’avancer ensemble, d’aller de l’avant et j’en suis ravi mais nous avons traversé tellement d’embuches qu’il faut que je commence à lâcher prise, lâche-t-il en gardant la tête fixée sur sa casquette.

Je mets aussitôt ma fierté de côté pour serrer ses mains entre les miennes et lui demander de me regarder.

-J’ai aussi mes tords, concédai-je. Je te connais et je sais pertinemment que tu n’es pas le genre d’homme à imposer ta loi…C’est juste que j'ai tellement vu ma mère souffrir que...

-Je ne suis pas eux Alie, m’interrompt-il. Ni ton père, ni..., commence-t-il sans finir sa phrase pour regarder autour de nous afin de s’assurer que personne n’entende notre conversation.

-Je le sais ma vie mais je te trouve différent depuis que nous sommes rentrés en Angleterre.

-Tu ne trouves pas que c'est normal après tout ce que tu m'as avoué ? Même dans mes pires cauchemars, je n’aurais jamais pu imaginer qu’un homme puisse être aussi fou : la cabane, les photos, ta mère, il a essayé de te violé. Il est capable de tout et j'ai…oui j’ai peur. J'ai peur de te perdre, toi, notre bébé, nous, notre famille. Je suis incapable de vivre sans toi…

-Regarde-moi, lui relevai-je la tête de mon index pour l'obliger à me faire face. Ma vie, je vais bien, nous allons tous bien. On ne peut pas vivre continuellement dans la peur, je sais que c'est difficile et que cette histoire nous a marqués à tout jamais mais elle nous a aussi liés pour toujours. Et puis nous leur devons bien ça aux autres, tu ne penses pas ?

-A ta famille ? demande-t-il.

-Oui ma mère, ma tante et ma sœur...Je crois que ma mère s'est sacrifiée pour moi, même lorsqu'elle était encore en vie. Elle a tout fait pour que je ne manque jamais de rien, jusqu'à perdre la vie pour me sauver. Et aujourd’hui, la meilleure façon de la remercier est de prendre la vie comme elle vient et d’en profiter au maximum.

-Il semblerait que cette fois-ci, je suis l’enfant et toi l’adulte, sourit-il sincèrement depuis qu’il est entré ici.

-Je t'aime, murmurai-je en l’embrassant et en lui prenant le visage délicatement.

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Nous avons passé les deux heures qui ont suivi à papoter avec Andy et Nate qui est un grand fan de foot. A priori, un après-midi ordinaire entre amis, rien de bien sorcier mais qui est une première pour Liam et moi. Une petite foule s’est formée autour de mon amoureux, lui demandant s'il pensait réussir à jouer l'Europa ligue l'année prochaine avec Chelsea, s’il se plaisait dans son nouveau club et tout un tas d’autres questions. Il a répondu à tout le monde, avec grand plaisir et le bar s’est rempli petit à petit jusqu’à en devenir bondé sans même qu’on s’en soit aperçu.  Je suis passée à l’arrière du comptoir pour venir en aide à Andy malgré le regard réprobateur de Liam suivi d’un petit sourire coquin lorsque je l’ai ignoré avec dignité. J'éprouvais un grand plaisir à travailler de nouveau, mais au bout d’une petite heure, la fatigue s’est emparée de moi et je limitais mes mouvements pour me ménager un peu. J’ai remarqué que Liam s’est maîtrisé malgré quelques coups d’œil inquiets dans ma direction. Il a fini par remercier tout le monde en expliquant qu’il devait retourner s'entraîner, il a même fait de la pub pour le salon de thé en disant que nous servions le meilleur café de la ville et qu'il faisait des bornes jusqu’ici pour le déguster. Je l’ai accompagné jusqu’à la porte et avant de partir il m'a demandé de ne pas trop tarder et de lui envoyer un message pour qu’il évite de paniquer. J’ai répondu que je ne resterais pas plus d'une heure et que je rentrerais directement à la maison pour me reposer un peu. Il m'a rappelé son rendez-vous de ce soir au restaurant « l'hypnose » en levant les yeux au ciel, montrant qu'il n'avait vraiment pas envie d'y aller mais qu'il n’avait pas le choix. Une fois la porte fermée après le départ de Liam et de la plupart des clients, je me suis retournée vers Andy d’un air de complot. Cette dernière a tapoté le siège à côté d’elle en trépignant d’impatience  d’entendre ma proposition…

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J'ai réussi à éviter les appels de Liam mais si je ne trouve pas ce fameux restaurant rapidement, mon plan va finir par échouer. L’excuse du bain va bientôt expirer et je vais être obligée de répondre. J’évite un maximum de conduire et Andy a gentiment accepté de me conduire jusqu’ici pour la soirée. Etant donné que j’espère rentrer avec Liam, je l’ai congédié lorsqu’elle m’a déposée dans la rue censée être la parallèle à celle du restaurant. Mon amie m’a été d’un précieux renfort en m'aidant à choisir ma tenue vestimentaire. Nate a accepté de tenir le salon de thé seul, le temps de faire quelques emplettes et je dois dire que cette sortie shopping m'a fait le plus grand bien. J'ai opté pour une longue robe rose pastel style bohème chic, cintrant ma poitrine pour devenir évasée à partir de la taille mettant ma silhouette de femme enceinte en valeur. Andy a bouclé mes cheveux châtains clairs, les a ornés d’une couronne de fleurs discrète, et m’a maquillé simplement : un peu de mascara, un teint effet bonne mine et un peu de gloss rose pâle donnant une allure simple et chic. Je me sens heureuse de me faire belle pour l'homme que j’aime, j’avais l’impression de me négliger depuis quelques temps et je dois dire que je n’ai jamais été aussi fière de mon ventre arrondi. Liam avait raison, à part ma poitrine et mon ventre, le reste de mon corps n’a pas trop changé.

En avançant dans la ruelle, j’aperçois des lumières rouges plus effrayantes qu'hypnotisantes m'indiquant le restaurant en question. Nous y voilà. Je traverse le passage clouté, avec une certaine appréhension. Et si Liam n’appréciait pas ma surprise ? Et s’il était accompagné ? Je fais taire mes inquiétudes et me dirige vers deux hommes bien costauds qui doivent sûrement être les videurs. Il m’interceptent aussitôt et je réfléchis à ce que je vais pouvoir dire pour qu’ils me laissent entrer.

-Désolée madame mais il s’agit d’une soirée privée, m’annonce l’un des deux.

Et merde ! Pour réussir à entrer, je dois forcément appeler Liam mais cela gâcherait toute ma surprise. Tant pis,je déteste ce que je vais faire mais je n'ai pas le choix.

-Ah oui sérieux ? Et vous avez peur de quoi ? Qu’avec mon ventre de femme enceinte, j’aille draguer un joueur de foot ? Par pitié, un peu de jugeote ! répliquai-je en prenant l’air le plus hautain dont je sois capable malgré que déteste ça. Mon fiancé est à l’intérieur, me disant que « petit ami » n’était pas assez impressionnant, et je vais me faire un malin plaisir de lui parler de la manière dont vous avez laissé sa femme enceinte poireauter à l’extérieur.

-Quel est le nom de votre fiancé ? s’enquit le deuxième vigile.

-Sanchez, Liam Sanchez, lâchai-je en espérant qu’il me croie bien que je me doute que des dizaines de filles ont déjà tenter de se faire passer pour sa compagne.

-Liam Sanchez, ricane-t-il. Pffff, allez, retournez d’où vous venez ma petite dame.

-Vous ne me croyez pas ? dis-je d’un ton offusqué.

-Si Liam Sanchez avait une fiancée ou attendait un enfant, je suppose que vous allez me faire croire qu’il s’agit du sien ?

-Non, non c'est celui de ton père. Dis bonjour à ton petit frère.....bien sûr que c'est le sien ! levai-je les yeux au ciel faussement blasée pour tenter de m’en tirer sans avoir à l’appeler.

-Ohoooo, rigolent-ils en cœur. Elle a du répondant la petite, s’amusent-ils gentiment.

En les scrutant, ils m’ont l’air assez sympathiques à vrai dire. Ils ne font que leur travail, des tas de filles tentent d’entrer dans ce genre de soirées pour tenter leur chance avec les célébrités et je suppose que ça leur finit par retomber sur les vigiles qui les ont laissé entrer.

-Bon, écoutez les gars, je comprends que vous faites votre travail mais je suis venue pour lui faire une surprise. Je vous propose de m'accompagner, de rester à l’arrière pour me surveiller et vous jugerez vous-même de sa réaction quand il me verra. S’il y a le moindre souci, vous me ferez sortir, vous êtes d’accord ? exposai-je mon plan.

-Qu'est-ce qu'on fait ? se concertent les deux vigiles d’un œil tracassé.

-Ok, je te suis et j’espère que tu ne n’es pas foutu de notre gueule car je n’aurai aucun scrupule à virer une femme enceinte, je te préviens, m’annonce le premier.

-Merci les gars et ....désolé pour ton père, m’excusai-je auprès du vigile resté devant l’entrée.

-N'en rajoute pas et entre, marmonne-t-il en reprenant son travail.

Je m’exécute sans perdre une minute et suis mon accompagnateur le long d’un couloir sombre qui débouche sur une magnifique salle. L’ambiance semble haut de gamme, je vois des sièges en cuir noir très luxueux, et des petits pans de murs lumineux séparent les tables les unes des autres donnant un peu d’intimité dans ce restaurant somptueux. La salle est plongée dans l’obscurité  et éclairée par de douces raies de lumière rose concordant avec l’enseigne de ce lieu, hypnotisant… Je ne perds pas trop de temps à scruter la salle, je me rends surtout compte de la foule de personne présente. Comment vais-je le trouver là-dedans au milieu de ses filles vêtues d'habits plus provoquants les unes que les autres. Un pincement me serre le cœur en doutant de moi, de ma féminité et me faisant douter en me demandant s’il s’agissait d’une bonne idée finalement cette surprise…

-Tu le vois ? se renseigne le videur en scrutant la pièce de sa haute stature.

-Non, vous l’avez bien vu passer la porte du restaurant ?

-Oui sûr, il est entré mais n’est pas ressorti donc il est forcément quel....là regarde !! Il me semble que c’est lui là-bas au fond de la salle.

Je suis du regard le point qu’il m'indique et une joie immense s'empare de moi en découvrant l'amour de ma vie installé en retrait à une table isolée du cœur de ce petit restaurant. Il fait tourner son téléphone entre ses mains, le fixant comme s’il attendait quelque chose. Je le vois passer sa main dans ses cheveux nerveusement et je sens qu’il commence à s’impatienter. En même temps, cela fait presque une heure que je ne lui ai pas donné de nouvelles et qu’il se maitrise pour ne pas me harceler.  Je parviens à mettre un pied devant l’autre malgré la pression qui ne cesse de compresser ma cage thoracique. Oh mon Dieu, c’est la première fois que je le vois porter un costume, il est à tomber !!! Une vibration se fait sentir dans mon sac et je découvre déjà trois appels manqués. Merde…je n’avais pas remarqué qu’il a déjà essayé de me joindre plusieurs fois. J'attrape mon téléphone tout en m'avançant discrètement vers lui...


-Allo ?

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ALIE Tome 1 Et 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant