ALIE Tome 1 Et 2

T2 Chap 6

William Shakespeare grand précurseur de l'amour disait que « L'imagination est le commencement de la création. On imagine ce qu'on désire, on veut ce qu'on imagine, et enfin, on crée ce que l'on veut. »

L'imagination représente un moteur dans la perspective de notre avenir. En effet, elle nous permet de nous surpasser, en visualisant tout ce dont l'on désire. Ennemie des plus grands penseurs car trompeuse et fourbe avec son caractère oscillant. Concurrente de la raison en la détourant de la vérité sous l'influence du désir, perçue comme une forme d'illusion elle détourne les esprits des plus sages qui se disent raisonnables. Le pouvoir de l'imagination est irrésistible et l’utiliser afin de concevoir un avenir meilleur peut avoir du bon si elle s'associe à la raison.

Pour ma part mon imagination a des tendances schizophrènes, elle peut envisager le pire comme le meilleur. Une part d'elle espère une happy end et vieillir aux côtés de Liam tout en regardant notre enfant grandir. Mais l'autre, la moins optimiste, a tendance à me décourager en me murmurant que Liam finira par me quitter, que je perdrais mon enfant et que je mourrais seule, torturée et sans espoir.
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-Laisse-moi deviner, il te dit que ce soir il va t'envoyer au septième ciel, d'où la référence aux ballons, me taquine Andy sans avoir la moindre idée d’où proviennent ces ballons.

Elle s’approche dans mon dos et avant qu'elle ne réussisse à lire au-dessus de mon épaule, je m’empresse de remettre la carte dans l'enveloppe et la fourre dans la poche de mon tablier.

-Olala tant de mystères, raille-t-elle. Décoince-toi.

J’essaie de dissimuler mon anxiété à ma collègue et lui explique que le bébé doit s'amuser à danser des claquettes sur ma vessie et que je dois foncer aux toilettes. Elle se met à rire et j’en profite pour filer en réserve. Je me rue aux toilettes, m’empresse de fermer à clé et me laisse glisser le long de la porte pour tenter de me calmer. Impossible de reussir a respirer correctement mais je dois penser à la santé de mon bébé.

Depuis l’épisode de l’aéroport, je suis devenue sujette à plusieurs crises d'anxiété : palpitations cardiaques, souffle coupé, sensations d’étouffement, frissons et bouffées de chaleur, vertiges, sensation d’évanouissement. J’avais réussi à combattre ces troubles, si bien que depuis deux mois, je n’avais plus rien eu, certaine d’être à l'abri. Je ne le serais jamais et nulle  part…

Comment Mona a-t-elle pu me retrouver? Les frissons commencent à s’emparer de moi, ma respiration se fait saccadée alors je me décide à sortir du cabinet pour trouver un sachet plastique. Je titube en m’appuyant sur les murs jusqu’aux étagères où est rangé tout le matériel. J’attrape un petit sac, m’affale par terre pour ne pas risquer de tomber et commence à respirer dedans, comme me l'a conseillé le docteur du dispensaire,  Quelques jours après mon arrivée en Angleterre, j’ai cru que Mona me suivait et je me suis écroulée sur le sol. Un passant a du prévenir les secours car je ne me souviens que du médecin qui me disait  « calmez-vous, respirez, pensez à quelque chose de calme comme la nature, le sable, l'océan... ». La seule chose que je parvenais à imaginer était le visage de Liam, et c'est lui que je vois à chaque crise. Allez, calme-toi, respire Alie ! Je tente vraiment de me détendre mais la pression qui m’assaille ne fait qu'augmenter et la sueur s’empare de moi. Tout ce qui m'entoure devient de plus en plus flou, je suis au bord de l’évanouissement lorsque son visage me parvient enfin.

-Aide moi à revenir, implorai-je à mon imagination.

Mon hallucination s'agenouille vers moi et parait paniqué, ses lèvres bougent mais je ne distingue pas un seul mot et ses yeux fouillent un peu partout autour de lui. Etrange, d’habitude elle est plutôt souriante. Je la vois partir et s’éloigner de moi alors que mon subconscient l’implore de rester.