ALIE Tome 1 Et 2

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Quand on perd quelqu'un on passe par cinq étapes de deuil.

La première : le déni

La perte d une personne peut être acceptée de différente façon pour mon cas c'était inconcevable, impossible pour moi de croire que c était réel. Lorsque le médecin m'a annoncé que le cœur de ma tante s’est arrêté subitement sans raison particulière, les paroles de Nelly me sont revenues à l’esprit telle une évidence : la mort n'en a pas fini avec toi. Je ne voulais pas me fier à sa prédiction, j’espérais sincèrement qu'elle ne soit qu’une charlatane comme les autres, malheureusement ce n’était pas le cas elle ne s'était pas trompée et me voilà définitivement sans famille.

Le premier mois, je me suis réfugiée dans la grange avec Mona en l'aidant du mieux que je pouvais avec les chevaux.  A vrai dire, je n’étais pas capable de grand-chose mais Mona ne s’est jamais plainte et ne m’a jamais fait aucune réflexion désagréable. Liam m’a proposé à plusieurs reprises de retourner à la maison sur la colline, « notre » maison mais je n’ai fait que le rejeter. Il vaut mieux prendre mes distances, rester loin de ce monde, de cette vie qui n’a plus aucun sens pour moi. C’est une véritable torture de rejeter Liam, de le voir revenir à la charge pour le répudier à nouveau. Il ne s’en rend pas compte aujourd’hui mais un jour il me remerciera, tout ceux qui s’approchent de moi finissent par mourir alors autant rester seule. Il a même essayé de me sortir du lit pour aller à l'enterrement de ma tante mais j'ai refusé. D’ailleurs, c’est lui qui s’est occupé des obsèques pendant que je dépérissais, toujours égal à lui-même et à sa perfection qui ne cessent de me surprendre.

Une fois cette première période terminée, vous réalisez petit à petit que la personne disparue que vous aimiez tant ne reviendra plus jamais. Vous passez donc à l’étape suivante qui est celle qui touche le plus votre entourage.

La deuxième : la colère.

Vous êtes énervés  en proie à une rage qui vous bouffe de l'intérieur sans explication, vous en voulez contre le monde entier contre les survivants contre vous même, pourquoi tout le monde s'éteint avant vous. La mort paraît à ce moment là un apaisement que vous souhaiterez connaitre pour panser votre cœur si mal en point, et vos douleurs qui ont pris place à la vie qui vous animait

Désormais, plus personne ne s’approche de moi. Lucia, Mona, Jenny, Juan, ils ont tous essayé de me sermonner, de me sortir le baratin habituel « il faut reprendre goût à la vie, elle n’aimerait pas te voir comme ça, laisse le temps agir, le temps guérit tout….blablablabla ». Heureusement pour eux que je suis muette car je pense que j’aurai vidé mes nerfs sur eux sans aucune retenue. J’ai fini par les éviter et maintenant ils ne prennent plus la peine de m’aborder. Lorsqu’ils ont le malheur d’arriver dans la pièce où je me trouve, ils reculent discrètement en feignant d’avoir quelque chose à faire. Je préfère me retrouver seule de toute façon donc tout le monde y trouve son compte. Avec Liam, c’est différent. Sa présence est celle que je tolère le plus. Lorsque je passe des heures entières sur le pont ou dans l’herbe, il se pose à mes côtés et reste assis sans rien dire et lorsqu'il doit repartir pour l’entrainement ou ses rendez-vous, il se redresse, m'embrasse sur le dessus du crâne et part. Mais ce matin-là, un matin que je brossais Eléonore, j'ai vu dans son regard et dans sa démarche que quelque chose n'allait pas. J'ai compris qu'il commençait à en avoir marre et qu'il souhaitait que je me reprenne en main mais j’en suis totalement incapable. Plus rien ne me donne envie de me lever, je suis amorphe à longueur de journée, je ne pâtisse même plus, je ne fais absolument plus rien. Cependant, je ne peux pas me permettre de le perdre lui aussi, il est la seule personne qui me retient de ne pas me trancher les veines. Je me souviens que deux semaines après la mort de Tia, je me suis retrouvée un soir dans la paille avec un couteau que j'agitais au bord de mon poignet. Je fermais les yeux et je sentais comme sa présence derrière moi, invisible qui me murmurait de ne pas abandonner, que je n’étais pas seule, qu'il était là. J'ai jeté ce couteau immédiatement et me suis enfuie en courant.