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Nous, simples mortels que nous sommes, n'apprécions jamais ce que la vie nous donne. Nous désirons toujours plus d'argent, plus de gloire, de reconnaissance. Toujours plus… Même les familles les plus heureuses sont encore à la recherche de quelque chose d'autre, quelque chose de différent.
A qui la faute ? Personne. Nous ne sommes que des humains après tout.
Lorsque j’étais petite, ma mère me racontait souvent avant de m'endormir qu'ils existaient des enchanteresses qui parcouraient la terre entière à la recherche de nouveaux nés exceptionnels, d'enfants spéciaux. Une fois qu'elles en avaient trouvé un, elles attendaient patiemment qu’il s'endorme pour se glisser dans le berceau et lui prédire, en murmurant à son oreille, toute la vie qui l’attendait. Il paraît que l'enfant y découvre ses plus grandes joies, ses peines, et même sa mort. Le nourrisson a ensuite deux possibilités : soit décider de poursuivre la vie qui lui est destinée ou alors l'arrêter et préférer rejoindre un endroit où ni peine et ni émotion ne pourront l'atteindre. Cependant, la décision prise est irrévocable. S’il a décidé d’accepter son destin, il se réveille en ne se souvenant plus du choix que la vie valait la peine d’être vécue. Et s’il renonce, son sommeil deviendra éternel car il aura pris le choix de ne pas l'affronter.
Je me souviens avoir demandé à ma mère : pourquoi choisir une vie avec de la souffrance alors qu'un monde sans peine existait ? Elle m'a répondu  « Alie je t'aime, je donnerai ma vie pour toi. Je souffre de cet amour car j'ai constamment peur pour toi mais cette souffrance me rend heureuse. Tu vois, à certains égards la souffrance peut apporter du bon. Tu es une enfant exceptionnelle, je suis persuadée qu'il ne t'arrivera que de bonnes choses. »
Bien sûr que tout ceci n’est qu'un conte pour enfant. Quel fou pourrait choisir une vie comme la mienne ? Les choses peuvent-elles changer un jour ? Ne sommes-nous pas toujours en proie à la tristesse ; les guerres perdurent, l'esclavage ne s'est toujours pas éteint et les femmes sont toujours autant molestées. Notre monde n'est qu'une vaste supercherie qui se meurt à petit feu. Alors quoi ? Que devons-nous faire au final ? Renoncer ? Dépérir ? Comme ma mère disait : la souffrance peut apporter du bon. Alors il faut essayer de tirer le mieux de nous-même et d'avancer vers un monde meilleur. Telle est notre destinée après tout.

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-Je suis désolé mais c'est fini ...

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Dix-sept heures plus tôt :

Je suis devant la boutique de Jenny à attendre que les deux cousines pointent le bout de leur nez. Après avoir reçu un message hier soir dans lequel Lucia me demandait de venir les rejoindre dans la matinée, je suis partie me coucher. Liam n'a pas voulu que nous dormions ensemble. Lorsque chacun de nous a rejoint sa chambre en trainant des pieds, nous nous sommes arrêtés devant nos entrées respectives afin de nous toiser en souriant. A plusieurs reprises, je lui ai fait les yeux doux en l'incitant à venir me rejoindre mais il s’est mis à taper sa tête contre le mur.

- Je ne suis pas aussi fort que tu le penses, souffle-t-il presque torturé. Ecoute si tu veux vraiment qu'on le fasse après le bal, il vaut mieux faire chambre à part parce que si je venais à dormir dans le même lit que toi ce soir, je ne donne pas cher de ta peau.

Donc nous avons dormi séparément  même si je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit. Mon corps était en ébullition à la simple idée de savoir qu'il était couché à quelques mètres de moi, une vraie torture. En me levant ce matin, je n'ai pas voulu le réveiller ni même entrer dans sa chambre, de peur d’être retenue jusqu’au bal. Avec Liam, on n’est jamais à l’abri de rien. Je lui ai laissé un petit mot sur le frigo afin de le prévenir que je devais rejoindre Lucia et qu'on se retrouverait ce soir au bal.

Cela fait maintenant vingt minutes que j'attends devant la boutique avec mon frappé café provenant du starbucks à deux pas du magasin. Quand j’aperçois enfin les deux cousines, elles marchent à toute vitesse et paraissent surexcitées. Jenny trifouille dans son sac à la recherche de ses clés sans même remarquer ma présence j’ai l’impression.

ALIE Tome 1 Et 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant