On naît tous avec des rêves plein la tête, des objectifs à atteindre...Certains rêvent de grandeur, de richesse, d'autres de découverte ou encore de fonder la famille la plus parfaite avec le meilleur des maris et des enfants exemplaires. Tout le monde songe, a des rêves plein la tête.
Pourtant ce matin, tandis que le froid engourdit les extrémités de mon corps, je me mets à réfléchir. Ai-je encore des rêves ? Réussir à payer son loyer en fin de mois, parvenir à se nourrir convenablement, cela fait-il partie des rêves de la vie ?
Encore couchée, à même le sol, sur le matelas qui me fait office de lit, je m'amuse à faire des ronds avec la buée qui sort de ma bouche. A vrai dire, cet hiver est particulièrement rude et mon maigre salaire ne me permet pas de me chauffer convenablement. Mais je ne me plains pas, au moins j'ai un toit sur la tête. Je vis actuellement dans un petit appartement de 30 m², je dors presque par terre, et ma chambre est uniquement meublée d’une petite table de chevet que j’ai récupéré en bas de l’immeuble. J’ai rangé le peu de vêtements que j’ai emportés avec moi dans le placard intégré de la chambre. Autant dire qu’il est pratiquement vide… Le papier peint demeure totalement désuète, des vieux motifs de fleurs jaunes, vertes, oranges tapissent les murs de ma piaule ainsi que du salon-cuisine. Cette dernière possède un petit plan de travail rouge délavé, des meubles jaunes pâle, un mini frigo fonctionnant à moitié et un petit micro-onde faisant également office de four. Mon nouveau logement date des années 60-70 mais au moins je ne suis plus à la rue.
Ce matin paraît plus difficile que les autres. La réalité que je tente de fuir depuis des mois revient de plein fouet me hanter. C’est à ce moment précis que je comprends que je n'ai plus aucun rêve, plus aucun objectif. Rien… Ma vie, devenue un mécanisme, n’a plus aucun sens et l'alarme incessante de mon réveil me rappelle qu'il est temps pour moi de mettre en marche cette sempiternelle routine qui s’est installée depuis maintenant plusieurs mois.
Je jette un coup d'œil à mon réveil en tapant dessus pour faire taire cette maudite sonnerie : 8h00. Je reste dans les temps mais pas vraiment en avance. Je m'extirpe de la montagne de couvertures qui me recouvrent et qui m’empêchent de mourir de froid et file me laver. Evidemment, la minuscule salle de bain ne fait pas exception à la déco sixties. Entièrement carrelée de faïence vert pâle, elle contient un petit lavabo ainsi qu’une douche qui me suffit. Je m’y engouffre et savoure le peu d’eau chaude que je parviens à me payer.
Une fois terminée, je m’habille en vitesse. Un large pull et un jean feront l’affaire tandis que je me coiffe à travers le miroir un peu rouillé sur le bas à l’usure du temps. J’attrape vite fait deux brioches au sucre que Mac a glissées dans mon sac la vielle. Il a pris cette habitude sachant que je n'avais pas toujours de quoi me nourrir. Les loyers ici ne coutent pas très cher mais plus de la moitié de ma paye part dedans. Mac est mon nouveau patron, tout le monde l'appelle ainsi car il s’agit d’un petit génie en informatique. J’enfile mes boots fourrées et file en claquant la porte pour bien la fermer avant de la verrouiller avec la clé.
En quittant le petit hall de l’immeuble, je ne peux m'empêcher d'avoir un mouvement de recul. Le froid glacial me frappe en pleine figure et me paralyse. Je remonte ma capuche, j’enfouie mes mains dans mes poches pour les réchauffer un peu et baisse la tête pour avancer en limitant le froid de me figer sur place. Mon travail se situe à dix minutes à pied, cela m’évite d’avoir à payer un taxi ou le métro, ce qui tombe très bien. J'ai mis du temps à le dénicher et j’ignore ce que je serais devenue sans ce dernier.
Un jour alors que je mourrais de faim, j'étais rentrée dans un salon de thé et m'étais installée au comptoir. Une serveuse s'était approchée pour prendre ma commande mais je n’avais presque plus un sous. J'ai sorti les quelques pièces qu'il me restait et les ai posées sur le comptoir en lui faisant comprendre que je n'avais que ça et qu'elle me donne ce que je pouvais m'offrir avec si peu. Elle m’a regardé, a soupiré, a ramassé ma petite caillasse et m'a apporté un verre de jus d'orange. Des larmes, que je tentais de réfréner, ont envahi mes yeux sachant que cela représentait le seul repas qui allait remplir mon ventre. J'ai souris à la serveuse en essayant de garder le peu de dignité qu'il me restait en commençant à siroter ce jus d'orange fraichement pressé qui était malgré tout délicieux.
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ALIE Tome 1 Et 2
RomanceAlie est âgée de 21 ans, lorsque le centre de réadaptation fonctionnelle ne peut plus la garder. Sa tante qui vit en Espagne décide de s'occuper d'elle. Mais ce que Alie ne sait pas s'est qu'elle est gouvernante dans une luxueuse maison qui appartie...