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A mon sens, il est plus facile de mourir que de vivre. Beaucoup de personnes choisissent la facilité et les avis divergeront toujours à ce sujet, c’est pour cela que certaines personnes comprendront tandis que d'autres, pas du tout. Chaque individu a son vécu, son histoire et ses cicatrices gravées dans toutes sortes d'endroits inattendus. Ces derniers s’apparentent à des sentiers secrets enfouis au plus profond de notre être et dont nous seuls avons la carte pour déterrer les mystères qu’ils renferment. La plupart des blessures guérissent ne laissant qu'une cicatrice comme la balle que j'ai reçue à jamais incrustée sur ma peau pour me signifier qu’elle fera toujours partie de moi et que je ne pourrais jamais m’en débarrasser.

Je distingue deux types de meurtrissures : celles qui font horriblement souffrir et que les médicaments peuvent atténuer, ce sont les blessures physiques. Et puis il y a celles qui sont morales, celles qui n’ont jamais guéri depuis des années, celles qui font toujours mal sans qu’aucun traitement ne puisse soulager, celles que seul vous, pouvez apaiser.

Lorsque que l’on comprend qu'aucune échappatoire n'est envisageable et qu'il faut faire face, deux options s’offrent à nous. Soit sombrer encore plus et se laisser mourir ou apprendre de nos blessures, ne jamais oublier d’où l’on vient, ni ce que l’on a surmonté, ne pas oublier la personne que l'on était avant et celle que l'on est devenue.

Aujourd'hui je n'ai pas choisi la facilité, je reste là, plus forte, prête à affronter celui qui a brisé ma vie. Je ne réchapperai peut-être jamais de mes sévices mais je suis certaine d’une chose, si je n’arrive pas à m’en délivrer, je dois en faire mes meilleurs alliés et m’en servir pour affronter mes peurs pour que plus jamais personne ne parvienne à me briser, plus jamais…

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J'entre......

La première chose qui me tape à l'œil est la clarté de ce lieu, autant de lumières que ça en fait presque mal aux yeux. Je m'attendais à tout mais certainement pas à ça, un cachot aurait largement fait l'affaire pour un monstre comme lui. Il ne mérite qu’un trou sombre, boueux dans lequel l'obscurité aurait tout englouti ne laissant pénétrer aucune lumière, aucune source d'espoir pour lui. Comment peuvent-ils lui donner autant de luxe?

J'avance d'un pas déterminé dans cette pièce en contrôlant toute la terreur accumulée en moi depuis des années. Je ne lui donnerai pas le plaisir de voir qu'il possède encore un rôle capital dans mes émotions. Je m’arrête, expire fortement à trois reprises pour évacuer toute la rage en moi. Respire Alie, sois forte ! Je ne dois pas flancher, je n’ai pas le droit de le laisser prendre le dessus sur moi. Je m’inflige deux petites claques sur les joues pour me ressaisir, me relève pour marcher de toute ma hauteur. Je me dirige vers ce rideau blanc au fond de la pièce qui me sépare de cette crevure tandis qu’une petite voix en moi, que je fais taire, souhaite s’enfuir en courant. Au fond de moi, je savais que ce jour viendrait, je l’ai imaginé tant de fois. Je rêvais de me trouver en face de lui pour mettre fin à son existence et épargner le monde de cette atrocité, de cette erreur de la nature.

-Ma rose blanche c'est toi ? Entre, n'aie pas peur.

Au son de sa voix, mon cœur s’emballe instantanément et manque de faire un raté. L’assurance que j’ai rassemblée risque de s’effondrer, je serre mes poings rageusement et libère ma lèvre car je commence à sentir le sang se propager dans ma bouche. Avance Alie, tu peux le faire, ne le laisse pas te dominer.  Dernière inspiration profonde et je pose une main sur le rideau blanc, le tire et laisse la lumière me pénétrer d'avantage. Ma vision se trouble, je dois battre plusieurs fois des paupières pour enfin apercevoir ce que je redoutais le plus. Il est là, couché sur un brancard. Il a pas mal changé depuis notre dernière rencontre, ses cheveux noirs sont désormais rasés, son visage est quelque peu amaigri ce qui fait ressortir ses yeux marrons ainsi que des cernes auparavant inexistantes. Il a troqué, malgré lui, son costume habituel contre une blouse blanche et des menottes qui le retiennent à son lit. Un flash-back de ce qui s’est passé, et des bribes d’images horribles m’assaillent en le scrutant mais je suis plus forte que ça. Je les refoule et me maudis d’avoir pu admirer un homme comme lui.  J'ouvre entièrement le rideau afin que l'inspecteur puisse intervenir en cas de complications. Il me reluque de la tête aux pieds avec un air nouveau de psychopathe et passe sa langue sur ses lèvres en passant son regard de mes lèvres à mes seins puis à mon bas ventre. Sale pervers ! Il me dégoute, la nausée me gagne alors que j’ai envie de lui cracher au visage.

ALIE Tome 1 Et 2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant