Chapitre 26

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Ce soir là, ni l'un ni l'autre ne trouva le sommeil. J'étais blottie contre lui, tentant désespérément de m'endormir, en vain. J'étais incapable de rester immobile plus de 5 minutes, me tournant et me retournant sans cesse. David, sans doute après avoir longuement hésité, me murmura :

-Tu veux qu'on reste éveillés ensemble jusqu'à minuit ? Histoire qu'on passe le cap ensemble.

Je me redressai lentement, les muscles lourds, et hochai la tête. Nous eûmes tout deux un regard à mon réveille pour se renseigner sur l'heure : 22.47.

-Bon, on va pas rester là sans rien faire ! Dit-il d'une voix fatiguée, si tu mettais un disque ?

-Pas de problème, lequel je met ? Demandai-je en me levant.

-Pourquoi pas Station To Station ? Proposa-t-il en se dirigeant vers son sac.

Je cherchai celui-ci parmi mes nombreux vinyles. Une fois que je l'eus trouvé, je pris un petit moment pour observer la pochette. La photo avait été tirée du film The Man Who Fell To Earth, le premier film dans lequel Bowie avait joué. Je l'observai et fus obligée de reconnaître que la ressemblance entre lui à ce moment là et David était frappante, troublante même. Je finis par placé le disque sur ma platine et la musique se diffusa dans ma chambre. Je sortis de sa cachette ma bouteille de vin et retournai m'asseoir sur mon lit. Il avait pris ses cigarettes, je m'en allumai une.

-La nuit va être longue ! Soupirai-je, la journée aussi.

Il me regarda, la tristesse dans les yeux, et me caressa tendrement la cuisse.

-Au moins, on va passer ça ensemble ! Chuchota-t-il, et puis écoute, il est là avec nous, comment peux-tu expliquer que l'on puisse l'entendre sinon ?

C'était une phrase emplie de désespoir, une phrase qui résumait notre état d'esprit content. C'était impossible qu'il ne soit plus là, impossible. C'était un personnage si emblématique, si diversifié humainement et musicalement, il avait fait tant de chose, il ne pouvait pas s'être éteint. Pourtant, le lendemain, cela allait faire 2 mois qu'il était parti. Il n'y avait que dans de rares moments que nous nous rendions compte de la cruelle réalité, des moments pénibles empreints d'une douleur insupportable.

Nous chantions à voix basse, buvions de temps en temps à même la bouteille, fumant clopes sur clopes. Les chansons défilaient, les minutes aussi. Le temps nous filait entre les doigts, l'heure tant crainte se rapprochait.

Je dus me lever pour retourner mon vinyle. David en profita pour aller cherche de la coke dans son sac. Il prépara un raille sur son paquet de cigarette, faisant très attention à ne pas en mettre à côté. Je restai debout, devant mon lit, à l'observer en attendant de pouvoir reprendre lace sur mon lit. Il leva les yeux vers moi, resta fixé un instant, et lâcha :

-T'en veux un peu ?

Je ne pus retenir un mouvement de choc : lui, qui avait toujours voulu me protéger, me proposait ça ? Le monde devenait vraiment étrange. Me disant que, de toute façon, je n'avais plus rien à perdre, je répondis :

-Pourquoi pas.

Il me fit signe me m'approcher, je m'agenouiller au pieds du lit, puis me tendis la paille :

-Je vais placer mon doigt à l'endroit ou tu devras t'arrêter.

J'attendis donc qu'il le fasse avant de me lancer. Je mis le tube de plastique en bordure de mon nez et me mis à inspirer. La sensation fut étrange et je fus bien tentée d'éternuer, mais je m'abstins. Je sentis alors un résistance, je me redressai alors.

-Alors ? Voulut-il savoir en reprenant la paille.

-Je sens rien pour le moment, c'est normal ? L'interrogeai-je.

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